L’actualité du pays

 Une manifestation à Paris le 21 avril 2024

La Plateforme française de solidarité avec Haïti, regroupement de plus d’une centaine d’associations franco-haïtiennes et d’organisations de la société civile française, a décidé d’organiser une grande campagne de mobilisation en soutien au peuple haïtien. Cette initiative bénéficie d’un large soutien de nombreuses organisations sociales, syndicales et  politiques.

A cette occasion, un texte a été produit pour faire une synthèse très intéressante que vous pouvez trouver ici : déclaration de solidarité avec le peuple Haïtien. 

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Quelle évolution pour Haïti ?

La situation évolue dans le mauvais sens : les gangs ont entrepris de s’attaquer aux structures du pays :

AlterPresse | Horreur à l’École nationale des arts en Haïti . Arnold Antonin se révolte contre l’attaque des gangs contre l’école nationale des Arts. Mais un autre article précise que l’école veut continuer : ENARTS : malgré les actes de vandalisme, l’ institution veut rester debout (lenational.org)

Début mars, la faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire (FAMV) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) a été envahie par des bandits qui ont pris les étudiants en otage. Et comme cette faculté d’agronomie qu’on appelle Damien a fourni un local à l’ANATRAF (l’Association Nationale des Transformateurs de Fruits), cette dernière a également été pillée comme le précise cette note de presse écrite en créole, traduite par Geneviève en FrançaisNous avions rencontré une association de femmes à St Louis du Nord qui travaillaient avec cette organisation et avaient appris à faire des confitures.

L’école Nationale des Arts a également été pillée. Un cinéaste haïtien, Arnold Antonin en parle le 30 mars dans un article d’AlterPresse. Il a également donné une interview dans laquelle il parle de la sitaution de son pays où il vit toujours.  « En Haïti, les gangs réunis sont plus puissants que les autorités publiques » 

Un article d’AlterPresse fait le bilan des attaques des structures d’éducation. 

Quant à la mise en place d’un gouvernement de transition, les obstacles ne manquent pas. Si vous voulez suivre l’actualité, le site AlterPresse est une source sûre que vous pouvez consulter.

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Pour bien comprendre la situation et d’où elle vient

Un article du Monde « Comment Haïti est passé sous le contrôle des gangs en infographie » 

Une vidéo sur la dette d’indépendance d’Haïti. De très belles images, des invités intéressants avec des avis mesurés, un rappel historique des relations entre la France et Haïti, la vie haïtienne autant dans les mornes qu’à Port au Prince. La durée ne doit pas faire peur, à condition de se donner le temps. Haïti, la rançon de la liberté.

Une autre vidéo sur les gangs avec Eléonore Caroit, représentante de la 2ème circonscription des Français de l’étranger, qui couvre Haïti et qui travaille avec le Collectif Haïti de France. « Les gangs se disputent le pouvoir ».  Pour ceux qui n’ont pas suivi les événements, on fait le point sur la situation actuelle et comment on a pu en arriver là.

 

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La situation commentée par Jean-Marie Théodat

L’émission « Le monde en Français » du 9 mars sur TV5 Monde invitait Jean-Marie Théodat pour faire le point de la situation. C’est très clair et bien documenté. C’est là. 

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Port-au-Prince sous couvre-feu…

Les gangs sont toujours très actifs. Leur dernier fait, c’est l’attaque de la prison qui a permis à 4000 prisonniers de se retrouver dans la rue ! Voir l’article d’AlterPresse. 

On retrouve cette actualité sur le site de Libération : le gouvernement décrète l’état d’urgence

Sur le site d’AyiboPost, un journaliste raconte ce qui s’est passé au pénitencier national. 

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Intervention internationale en Haïti

Avec le financement des Etats-Unis, une force internationale doit intervenir en Haïti pour mettre fin aux gangs. Peu de pays sont volontaires. Le Kenya a accepté, malgré les oppositions dans le pays et en Haïti. Un événement malheureux vient de se produire :

L’inspecteur en chef de police kényan, Walter Nyankieya Nyamato, a été retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel le mardi 13 février 2024. Il faisait partie d’une délégation pour une rencontre à Washington sur la mission multinationale de soutien à la sécurité à Haïti. Une enquête américaine a été rapidement ouverte, ont annoncé plusieurs médias kényans.

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1er janvier 2024 : anniversaire de l’indépendance d’Haïti

Cette année, c’est le 220ème anniversaire de l’indépendance d’Haïti. La célébration n’a pas eu lieu aux Gonaïves, le lieu historique. Depuis plusieurs années, l’insécurité ne le permet pas. Cette année encore, c’est un « président de facto » qui a commémoré cette indépendance à Port au Prince. Voir l’article du National.

Le 2 janvier, c’est le jour des aïeux. Un article d’AlterPresse relate les vœux présentés à cette occasion et fait le bilan de l’année écoulé. « Nouvelles promesses d’Ariel Henry »

Des vœux ont été envoyés à cette occasion. Je vous propose de découvrir ceux de Vladimir Poutine. Les relations entre la Russie et Haïti sont amicales. Les Haïtiens sont accueillis en Russie pour leurs études. Après les déceptions provoquées par les Etats-Unis, le pays cherche une porte de sortie différente.  Et pour la Russie, la proximité des Etats-Unis peut être un argument de rapprochement… 

Pour cet anniversaire, Auguste Joint, un ami, nous a envoyé un texte intéressant que vous trouverez en cliquant ici : Haïti 1er janvier 1804. Il s’agit d’une réflexion pour se souvenir d’où vient le peuple haïtien et où il veut aller. 

Les gangs sont toujours actifs. Celui qui sévit sur la route entre les Gonaïves et Port-de-Paix s’appelle « kokorat san ras ». C’est un injure dans le langage courant. Ce gang a arrêté le bus de Patrick et kidnappé les passagers. Cledner a confirmé l’information : ils agissent avec des couteaux et font descendre les passagers. Parfois, ils se contentent de les dévaliser, mais la semaine dernière, ils ont kidnappé tout le monde, sauf un rappeur un peu connu. Ils demandent un million de dollars de rançon par personne. On peut comprendre que les gens ne voyagent plus ou juste pour ce qui est indispensable.

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Intervention internationale en Haïti

2‌024 sera, en principe, l’année d’une intervention internationale (soutenue et venue des Etats-Unis). Après des tergiversations, le Kenya a accepté la « corvée », une première pour un pays africain aux Amériques qui est le résultat d’une « convergence d’intérêts » avec les Etats-Unis. Cette mission ne doit en aucun cas renforcer le pouvoir du premier ministre de facto.  Désaccord à ce sujet de certains hauts responsables de l’ONU même, de l’Europe et de plusieurs parlementaires Kenyans qui s’opposent à cet envoi de policiers en Haïti.

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Sécurité en Haïti, mission impossible ?

Le 2 octobre 2023 a eu lieu le vote de l’ONU en faveur du déploiement d’une Mission internationale de sécurité. Finalement, le Kenya a accepté de diriger cette mission en envoyant un millier de militaires. Voir un article d’AlterPresse. 

Un sénateur kényan s’oppose à cet envoi d’hommes mal préparés et qui n’auront pas les moyens de s’opposer aux gangs redoutables. Voir un article de Rezonodwes.

Le débat de France 24 diffusé le mardi 3 octobre 2023 reprend la problématique de cette mission. Le sujet est très bien traité, par des invités qui s’écoutent, même si leurs avis divergent:

  • Alain LE ROY, Ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU
  • Jean-Marie THEODAT, Géographe à l’Université Panthéon-Sorbonne Paris 1 et écrivain
  • Isabelle DEFOURNY, Présidente de Médecins Sans Frontières
  • Anne-Louise MESADIEU, Conseillère d’Ile-de-France (LR), adjointe au maire de Chaville

Il faut prévoir un peu de temps, ça dure 40 mn.

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Haïti, un guêpier pour la communauté internationale ?

C’est le titre d’un article du Point que je partage parce qu’il est intéressant et pas trop long. Il est vrai que la situation haïtienne est périlleuse et grave pour tous les Haïtiens. Comment les aider ? Faut-il les aider ? L’histoire des relations de l’ONU avec ce pays n’est pas glorieuse et beaucoup n’en veulent pas. Nous vous avons déjà parlé de la société civile haïtienne qui est prête à s’engager, mais la communauté internationale reconnait Ariel Henry, un premier ministre à peine nommé  la veille de l’assassinat du président, comme seul interlocuteur valable. D’ailleurs, il se déplace beaucoup pour peu de résultat..

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Photos de Port-au-Prince

Vu sur le site d’Ayibopost, des photos d’une ville « méconnaissable » prises le 6 juillet dernier. Pour ceux qui ne connaissent pas cette ville, ces photos donnent à voir un pays en déroute. Sa capitale ne ressemble pas à une capitale. Quand on l’a fréquentée depuis longtemps, on l’a souvent vue en mauvais état, selon la situation politique du pays. Mais jamais à ce point. En 1991, après l’élection pleine d’espoir du président Aristide, j’ai vu une capitale propre, joyeuse, fière. Cette situation a duré moins d’un an puisqu’un coup d’état est intervenu 7 mois après.

Sur le même sujet, Ayibopost nous propose des photos « de la bonne nourriture jetée sur les fatras ». Les marchandes qui arrivent en ville pour vendre leurs produits ne trouvent pas la clientèle, bloquée par les gangs. Parfois, elles-mêmes n’osent pas venir en ville.

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Haïti et la communauté internationale

« Haïti affronte, selon l’ONU, « l’une des pires situations de pauvreté et de terreur au monde ». Une piste pour sortir de la crise existe et a été avancée par la société civile haïtienne. Mais la « communauté internationale » bloque cette alternative, refusant de reconnaître sa responsabilité et son échec ». Avec le Collectif Haïti de France, nous luttons contre cette idée que l’intervention internationale est indispensable à la société haïtienne.  Un article : « Haïti : arrêtez de bloquer la transition de rupture » nous a été transmis par Frédéric Thomas, du CETRI (CEntre TRIcontinental) est paru dans « Le Soir », un quotidien belge et écrit par plusieurs organisations. Vous pouvez le lire ici en PDF, sur le site du Soir, sur le site du CETRI.

Pour faire connaître la situation en Haïti, le Collectif Haïti de France organise, avec France Amérique Latine, un événement, manifestation, prise de parole, devant la fontaine Saint Michel, à Paris, ce vendredi 30 juin 2023, de 16h à 19 h 30. L’objectif est de défendre le peuple haïtien et de respecter ses propositions. Ceux qui espèrent une intervention de l’ONU oublient tous les effets négatifs des différentes missions : l’introduction du choléra, la corruption, les violences sexuelles, les enfants sans pères, etc… cachés derrière quelques effets positifs.

A l’occasion de cette manifestation, un ami haïtien établi aux Etats-Unis nous a fait part de son soutien. Il est très touché par la situation de son pays et souffre avec ses compatriotes. De plus, avec les téléphones portables, les témoins envoient des vidéos des horreurs perpétrés. Il essaiera prochainement d’aller rendre visite à sa maman âgée qui habite dans le centre du pays. En passant par le Cap-Haïtien, ce sera peut-être possible. Vous pouvez lire son message ici. 

Le Premier Ministre haïtien, Ariel Henry qui s’est auto-déclaré responsable du pays, soutenu par la communauté internationale, est venu à Paris, invité par notre Président Macron à l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. A son retour à l’aéroport de Port-au-Prince, il se réjouit de pouvoir mettre en oeuvre le soutien attendu pour les forces de sécurité. Ce qui l’intéresse le plus, ce sont les subventions. (Elles vont pouvoir alimenter la corruption !). L’article d’AlterPresse qui en fait le compte-rendu  parle également de la manifestation des Haïtiens de France contre Ariel Henrys qu’ils considèrent comme « incompétent, incapable de trouver des solutions pour combattre les gangs armés, l’accusant d’être de connivence avec eux. » Ils ont aussi dénoncé le soutien de la communauté internationale qui cautionne les dérives du premier ministre de facto.

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18 mai : fête du drapeau

La création du drapeau haïtien remonte à 220 ans puisqu’il a été créé le 18 mai 1803 à l’Arcahaie, ville où se tenait un congrès réunissant les noirs et les mulâtres qui ont pris la décision de ne plus combattre aux côtés des Français. Ils ont pris le drapeau français dont ils ont retiré le blanc. C’est Catherine Flon, devenue héroïne de l’indépendance qui a été chargé de coudre les deux morceaux. Pour en savoir plus, cliquez ici. 

La révolution haïtienne était engagée depuis 1791 avec Toussaint Louverture devenu le leader de la révolution pour abolir l’esclavage. L’île est restée française et Toussaint nommé gouverneur en 1801 voulait arriver à l’indépendance, ce qui n’était pas du goût de Napoléon qui a envoyé son armée en 1802. Ce fut leur première défaite. En représailles, Toussaint a été fait prisonnier et est mort au fort de Joux dans le Jura le 7 avril 1803.

Chaque année, le pays se pare de bleu et rouge et des défilés sont organisés un peu partout. Le gouvernement se déplace à l’Arcahaie pour commémorer cet événement. Cette année, à cause des risques causés par les gangs, le premier ministre de facto est allé à Cap-Haïtien. Pour beaucoup, c’est un aveu d’échec face à la lutte contre la violence. Malgré tout, des défilés ont eu lieu avec les jeunes des écoles, comme dans la ville des Cayes. La vidéo vous donne une idée de ce qui s’est passé hors Port au Prince.

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Organisation de « bwa kale »

En créole, littéralement, bwa kale veut dire bois écorcé, littéralement, un pieu. Au deuxième degré, c’est un pénis en érection. Le terme a été utilisé dans des chansons de carnaval.

Depuis le 24 avril 2023, c’est l’expression reprise par la population qui se fait justice elle-même en absence de réaction des responsables du pays. Ce jour-là, la police avait arrêté un minibus transportant 14 personnes en possession d’armes. Les gens se sont regroupés armés de machettes, de pneu pour lyncher ces personnes et les brûler. Ce mouvement s’est étendu dans le pays avec un mot d’ordre : « rache boule bandi », démanteler les gangs, prendre les bandits pour les brûler.

Pour une information plus complète, une analyse du site enquet’action « quand la population se substitue aux autorités ». 

RFI a interviewé Jean-Marie Théodat qui était venu à notre rencontre le 24 mars dernier à Angers et à Chaumont d’Anjou (le compte-rendu est sur la page la vie de l’association). Il analyse ce phénomène et en dénonce les dérives : « Soulèvement de Haïtiens contre les gangs. »  

Sur la page des nouvelles de là-bas, Cledner nous a expliqué l’opération bwa kale à St Louis du Nord.

Malgré ça, le drapeau a été fêté un peu partout dans le pays. A cause de la situation à Port au Prince, la fête a été délocalisée : d’habitude, le président se rendait à l’Arcahaie, l’endroit où le drapeau a été créé le 18 mai 1803. Cette année, la fête officielle a eu lieu à Cap Haïtien. Tout le pays est en bleu et rouge. Le nouveau drapeau d’Haïti a été créé à partir du drapeau français en retirant la bande blanche.

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Les transports vers le Nord-Ouest

Cet article d’AlterPresse m’a choqué : Nord-Ouest, isolement total.  J’y ai reconnu la route prise bien des fois pour aller jusqu’à l’école Union des Amis. Elle n’a jamais été facile : on sait à quelle heure on part, on ne sait jamais à quelle heure on arrive. Quand le temps est sec, la poussière est omni présente et quand il pleut, c’est la boue qui vaut presque le verglas…  Si vous voulez relire un document sur le trajet, vous le trouverez à la page voyage en Haïti un récit qui s’appelle : « les routes de l’impossible »… 

Avec la situation du pays, l’absence de communication est vraiment une épreuve.

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Le carnaval

Les jours de carnaval en Haïti sont l’occasion pour le peuple de se libérer de toute hiérarchie sociale tout en faisant la fête dans la rue. Durant les festivités, les habitants ont l’occasion de se déguiser en costumes traditionnels mais aussi en personnages issus de la culture populaire du pays comme le Juif errant, les Chaloskas (représentation du policier tyrannique Charles Oscar Étienne), les Zel Matirins (habillés en anges de Satan), les zombies ou encore les Loas, personnages provenant du vaudou.

Le carnaval haïtien permet aussi d’entendre de nombreux groupes de musique avec des styles différents. Le rara en fait partie. Ce genre de musique populaire débute généralement le dernier jour du carnaval et reprend de nombreux rites religieux, vaudou notamment.

Le site Haïti-Référence vous propose un article sur le carnaval haïtien. 

Cette année, il avait lieu les 19, 20 et 21 février. Il a été plus modeste, mais a rassemblé les foules comme le carnaval des étudiants à Cap Haïtien. 

Le carnaval se double de « bandes rara ». Elles sont animées par des des tambours, des vaccines (tubes de bambou dans lequel on souffle), des kònèt (sortes de cornets qui remplacent la trompette).  A Saint Louis du Nord, elles ont eu un grand succès. A voir : les bandes de rara créent l’ambiance

Malheureusement, la fête a tourné au drame. Vous trouverez sur la page les nouvelles de là-bas le récit que m’en a fait Cledner par téléphone le 12 avril.

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Toussaint Louverture

C’est un héros de l’indépendance d’Haïti. Il est mort il y a 220 ans. La France lui a rendu hommage le 7 avril dernier au Panthéon au cours d’une cérémonie en hommage à Toussaint Louverture, « artisan de l’abolition de l’esclavage » oublié par la France.  

Si vous voulez en savoir plus sur lui, voilà un résumé de sa vie par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

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Reportages :

Plusieurs vidéos nous ont paru intéressantes en montrant les difficultés de relation entre Haïti et Saint Domingue et la vie à Port-au-Prince sous l’influence des gangs.

Après la conférence de Jean-Marie Théodat à l’institut municipal d’Angers qui nous a parlé d’un poète haïtien qui a vécu en République Dominicaine et est même mort en défendant ce pays contre l’occupation états-unienne, voilà un reportage d’Arte (25 minutes) qui permet de comprendre toute la complexité des relations entre ces deux pays sur une même île. C’est à voir !  : République Dominicaine : Haïti au pied du mur   ARTE ReportageSi le lien n’est pas actif, vous pouvez le copier et le coller sur votre ordinateur http://www.youtube.com/watch?v=0FkJmso1Jro  

Le 16 septembre 2022, un autre reportage de 18 minutes) de France 24 faisait sur les relations entre ces deux pays voisins et contraints de co-habiter. Haïti-République dominicaine : une île fracturée • FRANCE 24 – YouTube 

Toujours sur France 24, la vie quotidienne avec les gangs. (7 minutes) Les plaies d’Haïti. 

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Une vidéo à voir

C’est un ami que nous pourrons rencontrer à Angers en mars. Il a participé à une émission de France 24 le 29 janvier 2023, « la question qui fâche » : est-ce qu’on peut sauver Haïti ?

Jean-Marie Théodat, écrivain et géographe, fait partie des intellectuels haïtiens obligés de quitter leur pays pour pouvoir survivre. Nous l’avions rencontré à Port-au-Prince en 2018 alors qu’il espérait travailler à l’Université d’Haïti. En 2019, avec le pays bloqué par les manifestations contre la corruption et la montée des gangs, il a dû renoncer et revenir à Paris où il a pu reprendre son poste de maître de conférence à l’Université Panthéon Sorbonne.

Il sera à Angers le 24 mars à l’institut municipal dans le cadre du Printemps des poètes et le soir à la salle municipale de Chaumont d’Anjou pour nous accompagner dans notre présentation d’Haïti.

En descendant en bas de cette page, vous pouvez retrouver les carnets qu’il avait écrits pendant cette période de « peyi lòk » et qu’il avait continués en France. J’avais assuré la mise en page, les transcriptions et les traductions.

Il vient d’en écrire un sur la situation  à Port-au-Prince. Rue du Centre

En 2019, il en avait écrit un que j’avais illustré avec mes photos : Bidon jaune.

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Un article intéressant

C’est encore Gotson Pierre qui nous fait part des difficultés de la vie à Port-au-Prince. Il a écrit un texte qu’il lit également pour une radio que nous vous recommandons : AlterPresse | Haïti : Les mots, nos maux . 

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Fin de mandat des sénateurs

Depuis le 9 janvier, les derniers sénateur élus ont terminé leur mandat, après les députés, les élluès municipaux. Il n’y a donc plus aucun élu politique en Haïti. Un article de Radio-France l’explique ICI.  

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Quels vœux pour le pays ? Janvier 2023

Pour cette nouvelle année, voici le texte d’un autre ami, Gotson Pierre, journaliste à AlterPresse : Tuer le désespoir.  C’est la voix d’un Haïtien qui exprime la volonté de changement. Nous savons qu’il participe à ce changement par son engagement pour une information de qualité. Malheureusement, ceux qui se sont déclarés responsables du pays n’ont pas un réel désir que ça change.

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Un texte de Talégrand

Talégrand, c’est un Haïtien qui m’a initiée au créole à l’occasion de mon premier séjour en 1977 à Rivière Mancelle d’où il est originaire. Depuis, nous nous sommes souvent croisés et des liens se sont créés avec lui et sa famille. J’ai eu l’occasion d’aller plusieurs fois chez lui, en Haïti. Talégrand a longtemps vécu en France où le chômage l’a contraint à partir aux Etats-Unis. Sa femme et sa nièce sont restées en France. Le 30 octobre, il a appris la mort de son frère d’une hypoglycémie. Là où il habite, c’est dans les mornes. Pour y aller, le chemin suit le lit de la rivière qu’on traverse une quarantaine de fois pour arriver à la ville de Gros Morne où se trouve l’hôpital. Pas question d’utiliser une ambulance, il n’y a pas de route. Pour prendre la moto, il faut être en forme ! Il m’a envoyé un enregistrement audio que j’ai eu envie de partager. Voilà un extrait : « Ce n’est pas normal ». C’est un cri de rage sur la situation de son pays qui a empêché son frère d’être soigné et la famille empêchée de se réunir. Il considère que le peuple haïtien n’est pas mieux considéré que des animaux. Et encore, comme le souligne Cledner, faut-il préciser de quels animaux. Beaucoup d’animaux des pays riches sont mieux traités que les Haïtiens !

L’original est en créole et j’en ai fait la traduction Les deux textes sont en parallèle. C’est ici. 

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Le Nouvelliste | Les Noirs ciblés, profilage racial en République dominicaine, alerte l’ambassade des Etats-Unis à Santo Domingo

Les relations entre les deux pays qui occupent la même île des Grandes Antilles sont de plus en plus dégradées à cause de la situation haïtienne. Ces deux pays sont interdépendants puisque les Haïtiens, fuyant la crise économique traversent la frontière pour trouver du travail, même s’ils savent qu’ils se font exploiter. Les productions dominicaines sont exportées en Haïti et ce commerce représente la plus grande partie du bénéfice de la balance commerciale. Mais les Dominicains se voient comme descendants d’Européens et méprisent les descendants d’Africains. Les mouvements d’extrême droite accentuent le racisme anti-haïtien qui est devenu racisme anti-noir comme le montre l’article en lien dans le titre de ce paragraphe.

Les expulsions d’Haïtiens de République dominicaine se poursuivent (rfi.fr) 

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les origines de ce racisme, voilà un document très complet d’un historien, Alain Saint-Victor : les fondements historiques du racisme dominicain. 

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Une autre vidéo de F24

Publié le 11 novembre 2022, un reportage réalisé par France24 présente la situation des gangs. Ils sont présentés comme étant surtout à Port au Prince, mais ils sont répartis dans le pays. Pour voir l’enquête, cliquez ici.  

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Une vidéo qui fait le bilan

Sur France 24,  dans l’émission « le monde en français » du 18 octobre 2022 une vidéo fait un résumé de la situation haïtienne permet de mieux comprendre ce qui se passe, même si c »est toujours un peu compliqué comme le faisait remarquer Justin Lhérisson (1873-1907) un auteur haïtien du début du vingtième siècle : « Dans ce pays, l’impossible est possible et le possible est impossible. Retenez bien cela et vous ne vous étonnerez de rien, ou plutôt vous vous étonnerez qu’on puisse s’étonner encore de quelque chose. » 

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Le Président « de facto » appelle au secours !

Ce président qui n’est pas reconnu par la population est prêt à être aidé par une organisation militaire envoyée par l’ONU. La population n’en veut pas comme le souligne cet article de Frédéric Thomas sur France 24 «  En Haïti, la population garde un très mauvais souvenir des interventions étrangères ».  Au moment où le choléra, introduit par l’ONU reprend force et provoque des morts, la population demande plutôt une aide pour lutter contre cette épidémie.

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la société civile se rebelle

Le 25 septembre, des organisations politiques et sociales ont envoyé une lettre à Monsieur  Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU. Ils voulaient lui signifier que ses informations ne correspondent pas à la réalité du pays. C’est une remarque que j’ai entendue de la part de Cledner qui se désole que son pays dépende autant de l’étranger, aussi bien les organisations internationales comme l’ONU, le FMI que les ONG étrangères qui ne respectent pas toujours la volonté du peuple haïtien. La plateforme française de solidarité avec Haïti en a envoyé une autre : « La solution pour une Haïti nouvelle ne peut être qu’endogène ».  Pendant ce temps, la premier ministre auto-proclamé président appelle au secours la communauté internationale qui n’a jamais apporté la moindre solution aux problèmes du pays. 

Le 27 septembre, je reçois un mail de David Tilus, du GAFE (Groupe d’Action Francophone pour l’Environnement) qui manifeste également de la résistance de la société. Il partage un texte en français qu’il a écrit sur le thème de la résistance, rezistans, en créole.  Vous pouvez le retrouver ici.

Le 28 septembre, cinq associations patronales ont envoyé une lettre au premier ministre de facto Ariel Henry à propos du discours du ministre des affaires étrangères Jean Victor Généus le 26 septembre 2022 à une réunion du Conseil de sécurité sur Haïti. Ce dernier ayant déclaré: « Je suis en mesure d’annoncer qu’a l’exception de quelques cas isolés, la situation est globalement sous contrôle et le calme est revenu dans plusieurs parties du pays ». La lettre est ici. 

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Un discours du « Président de facto » qui met le feu aux poudres…

La montée des prix provoque une inflation qui écrase la population déjà opprimée par les gangs et leur violence. Le 14 septembre, le discours de celui qui s’est auto-déclaré président n’a pas apaisé les manifestations. Il a annoncé que le prix du carburant serait ajusté au niveau des prix des pays environnants, ce qui a provoqué une hausse de 100%. Pour les manifestants, c’était trop : des manifestations et des pillages un peu partout dans le pays.

L’écrivain Lyonel Trouillot, un écrivain haïtien, a diffusé dans le journal le Nouvelliste une lettre ouverte au Président de Facto que vous trouverez ici : « Folie meurtrière ». 

Sur le site du Rezo Nòdwès, un article fait un bilan intéressant en donnant des arguments pour l’ajustement des prix du carburants qui ont été subventionnés par l’état pour aider la population : « une décision qui fâche ». 

  • les prix à la pompe, les plus bas de la région, ont permis à des trafiquants de développer un commerce parallèle. La subvention profite donc à d’autres…
  • L’ajustement permet à l’état de retrouver des revenus permettant d’investir pour le bien-être de la population. Le problème est que cette population n’en voit pas le résultat…

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Une vidéo

Diffusée par France 24, elle est intéressante. Pour la voir, cliquez ICI

La conclusion n’apporte malheureusement pas de solution : « on est préoccupé par la situation ! », ça n’apporte rien au peuple haïtien !

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Rentrée des classes 2022

Elle était prévue pour le 5 septembre prochain mais sera reportée au 3 octobre. Le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) la prépare au plan de la sécurité, et au plan pédagogique. Des réformes sont proposées :

  1. Les écoles devront recouvrir le cycle fondamental complet de 9 années. C’est-à-dire que les enfants pourraient y poursuivre leurs études jusqu’au brevet. On ajouterait les classes qui correspondent à nos classes de la 6ème à la 3ème.
  2. Le Ministre veut instituer un livre unique en créole pour les deux premières années de l’école primaire.

Ces réformes ne font pas l’unanimité et l’Union nationale des normaliennes et normaliens d’Haïti (UNNOH) critique les décisions unilatérales« C’est à travers les radios qu’on entend parler du livre unique. Il n’y a jamais eu de débats là-dessus avec Nesmy Manigat et les syndicats d’enseignantes et d’enseignants » 

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La violence en Haïti (18-07-2022)

La violence ne diminue pas, mais au contraire continue d’augmenter. L’article précédent était écrit par des femmes qui regrettent que l’ONU ne permette pas d’améliorer la situation. Elles n’ont pas été écoutées puisque le mandat de la BINUH (Bureau intégré des Nations unies en Haïti) a été prolongé. Les déclarations ne manquent pas pour demander la suppression de l’envoi d’armes aux gangs, la solution des problèmes, la lutte contre la faim… Il faudrait aussi que le premier ministre de facto ne soit plus considéré comme le président du pays…

Comme l’ONU sait très bien faire les rapports, en voici un sur la violence des gangsL’article suivant émane du PAM (Programme Alimentaire Mondial) qui fait le lien entre la présence des gangs et la progression de la faim et de la misère. 

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Les femmes en Haïti

Plusieurs organisations de femmes s’opposent à la mise en place d’une nouvelle mission de paix des Nations Unies en Haïti.

Elles s’adressent aux pays dits « amis d’Haïti » en montrant que les actions de l’ONU n’ont jamais apporté de solution, mais ont eu des effets pervers.

Un résumé de leur revendication est présenté sur un article d’AlterPresse

Si vous avez un peu de temps, vous trouverez ici leur texte intégral.  

Pour mieux comprendre leur revendication, j’ai recherché l’historique de la présence de l’ONU en Haïti. Vous pourrez le consulter ICI.

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La situation vue du Nord-Ouest (début juillet 2022)

Pour Cledner, la situation est toujours aussi difficile. Les actions violentes sont moins nombreuses que dans les grandes villes, mais elles existent maintenant partout. Des coups de feu ont été tirés entre Saint Louis du Nord et l’Anse à Foleur… Au Borgne, un petit port de pêche à l’est de l’Anse à Foleur, il y a même eu trois morts. Le Borgne, c’est le village que les gens de l’Anse à Foleur rejoignent pour ensuite prendre une camionnette et aller jusqu’au Cap Haïtien. Maintenant, ils ont peur de passer par là et les échanges commerciaux sont donc perturbés. Les paysans ne peuvent plus aller vendre leur production et acheter ce dont ils ont besoin.

Si vous voulez un complément d’information sur la situation, la Commission Justice et Paix en a fait un bilan de janvier à juin 2022. Vous le trouverez en cliquant ICI. 

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Le sommet des Amériques

Du 6 au 10 juin 2022, Los Angeles accueille le 9ème Sommet des Amériques, dans le but de renforcer les relations entre les pays du continent. Le 1er ministre « de facto » , Ariel Henry, y participe comme Président d’Haïti alors qu’il a seulement été nommé par le Président Jovenel Moïse la veille de son assassinat. La communauté internationale le reconnaît comme dirigeant du pays alors qu’il n’a aucune légitimité. Il a tout de même emmené avec lui une délégation d’une trentaine de personnes. Le ministre du commerce et de l’industrie a fait part de la conception et mise en place du « Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH), pays émergent en 2030 » pour montrer l’implication d’Haïti dans l’expansion des communications et le maillage numérique du territoire. Un beau projet pour un pays qui n’a pas réussi à mettre en place une distribution de l’électricité. La ville du Cap Haïtien, la 2ème du pays est dans le noir depuis le mois de mars ! Dans la capitale Port-au-Prince, les pannes sont fréquentes. Ceux qui ont les moyens s’équipent de groupes électrogènes qui impliquent gaspillage d’énergie et pollutions…

C’est l’occasion pour Ariel Henry de rencontrer des dirigeants et de s’auto-confirmer comme dirigeant du pays.

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Et les gangs ?

Ils sont toujours présents et leurs membres de plus en plus nombreux. Ils bloquent les routes, pillent et rançonnent. La pénurie n’existe pas pour les armes et leurs munitions… Le nombre de kidnapping ne diminue pas, ni les morts par balles. Ils s’attaquent à tout le monde, fortuné ou non, et certains, étant au mauvais endroit au mauvais moment, perdent la vie. Comme cette jeune fille de 26 ans, étudiante en 5ème année de médecine pour laquelle les parents avaient fait de gros efforts, tuée d’une balle tirée en direction d’un minibus de transport public.

La Commission épiscopale nationale Justice et Paix (JILAP)  dit avoir recensé 484 morts violentes dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince entre janvier et avril 2022. Un rapport de la fondation « Je klere », les yeux ouverts, dénombre plus de 150 gangs. Ils s’opposent les uns aux autres et utilisent les enfants des rues en soutien à leurs actions violentes.

Le dernier kidnapping a eu lieu à Port au Prince : des gangs se sont introduits chez Arnold Antonin, un cinéaste haïtien de renom, l’ont ligoté, et ont enlevé sa femme.

Le 27 mai dernier, un Français a été kidnappé, mais les autorités restent discrètes pour ne pas compliquer les négociations.

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Le carnaval

C’est en principe une grand fête en Haïti. Pour ceux qui veulent en savoir plus, j’ai trouvé un article « Le carnaval en Haïti : entre misère et plaisir, un choix calculé ».

Cette année, les festivités ont été moins importantes mais quelques villes ont organisé leurs défilés. Un autre article en fait le compte-rendu l « Le carnaval 2022 a bel et bien eu lieu ».

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Le 7 février est passé, et alors ?

Rien ne change… La communauté internationale continue de soutenir un premier ministre « de facto » sans légitimité et ignore les efforts de la société civile organisée avec l’accord Montana, « le plus large, le plus consensuel, le plus élaboré et le plus radical puisqu’il vise une transition de rupture, sur une période de 24 mois pour refonder l’État » (Frédéric Thomas). 

J’ai sélectionné deux articles de ce journaliste qui apportent un bon complément d’information : « La date du 7 février, un garde-fou institutionnel«  et « Haïti, la honte de l’international »

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C’est bientôt le 7 février

En Haïti, le 7 février c’est la date à laquelle le président sortant, non rééligible, remet le pouvoir à son successeur, après 5 ans de mandat. Ceci depuis le 7 février 1986, date du départ de Jean-Claude Duvalier pour l’exil. La constitution de 1987 l’a inscrit dans ses articles…

Le président Jovenel Moïse, assassiné en juillet dernier, aurait dû remettre le pouvoir le 7 février 2021. Il ne l’a pas fait et certains auraient voulu qu’un nouveau président élu puisse prendre le pouvoir ce 7 février 2022. Une organisation des Droits Humains, basée aux Etats-Unis, interpelle le gouvernement états-unien sur le respect du peuple haïtien. A lire ICI.

Le gouvernement canadien encourage l’État en Haïti à prendre des mesures immédiates, pour répondre aux violences, rétablir la sécurité et garantir le bien-être de la population, lors d’une conférence internationale de haut niveau, tenue le vendredi 21 janvier 2022, par visioconférence, sur Haïti.

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Des vœux pour une nouvelle année

En faisant la revue des nouvelles d’Haïti, j’ai trouvé ce texte « 2022 : que les Haïtiens.nes se rencontrent, enfin ! » . Et comme Haïti a deux langues officielles, le texte est également écrit en créole. « 2022 : Se pou Ayisyen rive rankontre ! ». C’est un vœu formulé par Gotson Pierre responsable du Groupe Médialternatif et qui nous permet de lire des articles intéressants sur le site AlterPresse. Vous en trouvez souvent sur notre site.

Sur le Nouvelliste, un article intéressant : « Le pays que l’argent ne soulève pas » fait le bilan des transferts d’argent de la diaspora haïtienne, et qu’est-ce qu’on en fait. En 2017, cela représentait 2,2 milliards de dollars, soit 33,6% du PIB du pays. Le pays ne pourrait donc pas fonctionner sans ce apport.

Pour commencer cette année, une bonne nouvelle est arrivée : la soup joumou est inscrite par l’Unesco au patrimoine de l’humanité. Pour connaître le symbole que représente cette soupe au giraumon, c’est ici. 

Pour le Nouvel An, l’organisme haïtien de droits humains New England Human Rights Organization (NEHRO), basé aux Etats-Unis, émet le vœu que les Haïtiens arrivent «définitivement à prendre en main leur destin ».

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Accident prévisible …

Les gangs ont bloqué les camions citernes, la pénurie a fait monter le prix du carburant et le marché noir se développe. Un camion qui se renverse, c’est l’occasion de récupérer un peu de son contenu pour le revendre. C’est ce qui vient d’arriver dans la nuit du 13 au 14 décembre 2021 au Cap-Haïtien. Un camion se renverse en voulant éviter une moto-taxi, même en pleine nuit, et la foule arrive « le besoin est plus fort que la mort ». Et avec de l’essence, la moindre étincelle ne pardonne pas. Le bilan est évidemment très lourd, tant matériel qu’humain.

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Retour sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse

Le New-York Times a publié ce 12 décembre une enquête très détaillée. Pour la commenter, voici une vidéo de Pascal Boniface, Directeur de l’IRIS, Institut de Relations Internationales et Stratégiques à Paris : « Jovenel Moïse, victime des narco-trafiquants ? » . Sur cette même page, vous aurez le lien vers l’enquête du New-York Times.

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Comment ça va mal !

Nous aimerions donner de bonnes nouvelles. Mais le pays s’enfonce dans le chaos. Les gangs continuent de faire régner la terreur, interceptent les camions citernes et le carburant manque dans le pays.  La vie économique est bloquée :

  • des hôpitaux ferment parce qu’ils n’ont plus d’électricité, ni de quoi faire fonctionner les groupes électrogènes.
  • Le service de l’eau de Port au Prince est perturbé par le manque de carburant : les pompes ne peuvent pas fonctionner.
  • Les banques décident de n’ouvrir que 3 jours par semaine à cause des difficultés dues aux transports.
  • Les gens n’osent plus sortir de chez eux. Nous connaissons une femme qui s’est fait kidnappée en allant au travail. C’est la marraine du fils de nos amis. Elle a été relâchée avec une rançon. Elle est traumatisée et son entourage également.
  • Des écoles sont rackettées sous prétexte d’assurer leur protection. Un écolier a reçu une balle alors qu’il était assis à sa place dans la classe.
  • Dans un collège que nous connaissons puisque Sœur Eugénie, venue en formation à la Catho d’Angers y enseignait, un homme a été assassiné dans la cour. Il sortait de la banque et venait chercher sa fille. Le gardien et une élève ont été blessés. Cela montre que les malfaiteurs ne respectent aucun lieu et agissent en toute impunité. La police est aux abonnés absents…
  • Les bus qui font le trajet du Nord-Ouest vers Port au Prince sont parfois attaqués et les passagers rançonnés. Les voyageurs ne se déplacent que par extrême nécessité.

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Les kidnappings encore et toujours…

Un rapport du CARDH (Centre d’Analyse et de Recherche en Droits Humains en Haïti) fait état de 119 kidnapping pour la première moitié du mois d’octobre dont le kidnapping collectif des 17 ressortissants étrangers (16 américains et 1 canadien) par le gang 400 mawozo. Pour ces étrangers, ils ont demandé une rançon de 1 million de dollars par personne !

Le bulletin N°5 de cette organisation fait le point sur la situation pour l’été 2021 : juillet août septembre. L’activité de ces gangs est une bonne source de revenus. Ils s’attaquent à toute la population, les riches comme les pauvres qui vont s’endetter pour le reste de leur vie avec l’aide, quand ils le peuvent, des membres de leur famille à l’étranger. Mais tous n’ont pas de moyens financiers. Nous en avions déjà parlé (cf. ci-dessous).

Pour le reste du pays, la situation économique est compliquée parce que les gangs interceptent les camions citernes, bloquant l’approvisionnement en carburant, et en conséquence l’approvisionnement en produits courants.

Le 17 octobre en Haïti, on commémore l’assassinat de Dessalines en 1806, à Pont Rouge, au Nord de Port au Prince. Un monument y est érigé et laissé quasiment à l’abandon dans un quartier populaire lui aussi à l’abandon. Depuis 4 ans, le président d’Haïti n’a pu déposer une gerbe au monument, comme ça se faisait. Cette année, celle du 215ème anniversaire, le premier ministre n’a pu approcher alors que le chef du gang «G-9» Jimmy Chérizier, dit « Barbecue » paradait en costume blanc et déposait une gerbe. C’est donc une démonstration de force et un aveu de faiblesse des autorités.

Busta John, un Montréalais d’origine haïtienne, pasteur, qui était venu soulever les foules à Paris le 17 juillet dernier (cf. ci-dessous) accompagnait Jimmy Chérizier. Il est depuis recherché par la police haïtienne.

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La rentrée des classes 2021

La rentrée des classes, qui était prévue initialement pour le lundi 6 septembre, a été fixée au lundi 4 octobre, dans les départements du Sud très affectés dans le tremblement de terre du samedi 14 août, et au mardi 21 septembre, dans les sept autres départements non touchés directement dans le séisme.

Le problème de cette rentrée reportée, c’est celui de l’absentéisme. Il est plus important en ville. En 2019, c’est le « pays bloqué » qui avait empêché les enfants de fréquenter l’école. En 2020, l’épidémie de COVID a compliqué la situation, mais le pire c’est le climat de violence avec les gangs qui règlent leurs comptes dans les quartiers. En 2021, c’est le séisme du 14 août.

171 écoles publiques et privées sont complètement détruites dans le grand Sud et 566 autres sont endommagées, selon le dernier rapport publié, le samedi 4 septembre 2021, par la Protection civile.

Le dernier bilan partiel du séisme du 14 août 2021 a fait 2,248 personnes mortes, 329 autres portées disparues et 12,763 blessées.

L’aide s’organise tant bien que mal, mais l’accès aux zones sinistrées est rendu difficile par l’état des routes, endommagées par le séisme. De plus, dans ce climat de corruption et d’impunité, des habitants de Port-au-Prince viennent dans le sud récupérer de l’aide, parfois la voler et la revendre… Pour certains, c’est la survie qui est en jeu quand on n’a pas de travail, ni de ressources.

Le pays est décourageant et à cause de la corruption, certains bailleurs refusent d’envoyer de l’argent. Une association Franco-haïtienne comme Haïti-Futur qui a l’habitude de travailler avec les école note la diminution des aides. A lire sur le site AYIBOPOST.

Haïti a toujours été un pays très aidé, et comme on dit en Haïti : « tout byen se mal, tout mal se byen », si l’aide a un côté positif, elle a aussi son côté négatif. Les gens se sont habitués à recevoir de l’aide et certains considèrent que les pays riches ont des moyens illimités ! Et ceux qui reçoivent sont souvent plus enclins à se servir qu’à servir la communauté…

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Et les gangs ?

Ils sont toujours présent et pour varier les sources de revenus, ils s’attaquent cette fois à l’Ambassade de France en Haïti. Des individus ont demandé de l’argent pour protéger les agents de sécurité de l’Ambassade. Ils précisent appartenir au gang « Village de Dieu » qui règne sur la rue Capois, celle où est localisée l’Ambassade. A lire ici.  

Un recensement du nombre de gangs à Port au Prince fait état de 96. Il y a des gangs et des groupes armés.

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Quelques analyses de la situation

Quand je vois un article intéressant, je le sélectionne. Comme cet article de Michaëlle JEAN, ancienne gouverneure générale du Canada, d’origine haïtienne : Haïti, de catastrophe politique en catastrophe tellurique.  

Un autre a été écrit par un écrivain haïtien : James Noël : « Aux blasés du malheur ». 

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Rapports

Le premier vient du COUN, le Centre d’Opérations d’Urgence National. Après la main-mise des ONG après le séisme de 2010 à Port au Prince, le pays désire prendre en charge les opérations d’aide et de reconstruction. Vous pourrez lire ICI un rapport sur la situation de l’aide et visualiser les endroits les plus touchés.

Le deuxième vient du RNDDH, le réseau national des Droits de l’Homme Haïtien,  qui donne des précisions (en 28 pages) sur l’assassinat de Jovenel Moïse qui a été livré par les responsables de sa sécurité.

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Un nouveau séisme samedi matin 14 août 2021

Tout le monde a en mémoire le séisme du 12 janvier 2010 qui avait fait des centaines de milliers de morts en détruisant la capitale Port au Prince. Cette fois, la terre a tremblé plus à l’ouest et détruit une partie des départements du Sud. Un organisme de l’ONU, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH ou OCHA – acronyme anglais pour Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) a présenté le fait. Vous le trouverez ICI.  

Sur la carte, vous voyez le périmètre de l’influence de ce séisme. carte du séisme

La zone touchée avait subi en 2016 un violent cyclone de catégorie 4, Matthews, qui avait fait 500 morts. Et aujourd’hui, c’est le cyclone Grace qui ne permet pas aux rescapés du cyclone de trouver un abri. A lire ICI.  

L’émotion est grande parmi les Haïtiens de la diaspora. L’un d’eux s’exprime après la lecture d’un article du Nouvelliste : « En Haïti, la vraie catastrophe n’est pas celle que vous croyez ». « Nous devons veiller à ce que notre générosité, notre devoir de solidarité ne soit une occasion d’enrichir les prédateurs qui font pire que les phénomènes naturels : ils les transforment en catastrophes naturelles pour accentuer les émotions. C’est une parole que j’ai déjà entendue de la bouche de Cledner, le fondateur de l’école Union des Amis : le nombre de malade du COVID, c’est bon pour recevoir des aides…

Un autre Haïtien, exprime son désir de participer à la reconstruction de ce qui est toujours son pays, même s’il vit et travaille en France. C’est avec plaisir que je le partage avec vous ICI. 

Médecins sans Frontières, qui avaient dû fermer un centre de santé à cause de l’insécurité, sont sur place pour les premières interventions.  

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Des nouvelles d’Haïti en France – Juillet 2021

Une importante manifestation d’Haïtiens a eu lieu à Paris le 17 juillet 2021. Vous pourrez lire le compte-rendu. La presse française n’en a pas parlé, mais nous (Bernard et Geneviève) avons donné nos impressions et des commentaires recueillis auprès d’amis.

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Jovenel Moïse

L’actualité le rend « célèbre ». Jusque là, seuls ceux qui suivaient la situation en Haïti connaissait le nom du président de la République d’Haïti. En descendant cette page, vous pourrez retrouver les événements qui ont permis d’arriver à cette extrémité : l’assassinat du Président. Tous les morts qui s’accumulent depuis des années laissent la communauté internationale indifférente. La plate-forme de solidarité avec Haïti avait fait une déclaration en mai dernier pour informer sur la situation réelle et chercher des solutions.

Pour vous aider à y voir plus clair si c’est possible, je vous propose une analyse de Frédéric Thomas, parue dans Libération en accès libre.

Vous trouverez différents interventions sur Internet, beaucoup veulent s’exprimer… Sauf l’écrivain haïtien membre de l’Académie Française, Dany Laferrière : « Sur Haïti, je n’ai rien à dire«  ! Mais l’académicien préfère parler du roman «les Villages de Dieu» d’ Emmelie Prophète qui dit mieux que tout l’enfer du pays.

Et si vous voulez découvrir des écrivains haïtiens d’aujourd’hui, en voilà une présentation.

Un autre écrivain, Lyonel Trouillot, explique comment ce président de facto a lui-même instauré le climat d’insécurité. Vous pouvez le lire sur le site du Point, ou en PDF.

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L’actualité vue du Nord-Ouest

Après un coup de téléphone avec Cledner, je peux vous donner ses commentaires sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. C’est « tèt chaje » qu’on pourrait traduire par « prise de tête ». Il m’a rappelé que la population surnommait le président « AprèDye ». C’est lui-même qui a déclaré qu’après le Bon Dieu, c’est lui qui a le plus de pouvoir dans le pays puisqu’il est président ! Il a aussi déclaré qu’il se considère comme une arête dans la gorge de la population. Il est un « zokole ». C’est l’arête d’un petit poisson qui peut se coincer dans la gorge et reste collée en provoquant des inflammations qui peuvent aller jusqu’à la mort.

Cledner aimerait que des politiques, de toutes les tendances, se rassemblent pour former un projet pour le pays. Mais les étrangers ne sont pas d’accord. Hélène La Lime, l’envoyée spéciale des Nations Unies pour Haïti a déjà décidé du premier ministre ! Les intérêts des étrangers ne sont pas ceux des Haïtiens… Les Haïtiens n’ont pas plus de valeur que des bêtes.

Dans la région, la moitié des commerces étaient fermés le premier jour, mais dès le lendemain les activités reprennent. Les gens sont très prudents. On ne parle pas ouvertement de la situation.

Pour la population, des marchandises sont bloquées, l’essence risque de manquer et les prix montent… La vie est difficile.

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Napoléon et Haïti

Le deux centième anniversaire de la mort de Napoléon le remet au goût du jour. Mais est-il au goût de tout le monde ? En France, les avis sont partagés, mais en Haïti, ceux qui le connaissent voient en lui un « suprémaciste blanc » qui a rétablit l’esclavage.

Cet article d’Ayibopost vous éclairera sur la face sombre de Bonaparte :  « Haïti a écrasé les soldats de Napoléon. Sa mort laisse le pays indifférent, 200 ans après. »  

A la fin de l’article, une vidéo reprend le texte, avec la participation d’historiens : Pierre Buteau, Claude Ribbe, Valérie-Ann E. Mariette, Marlène Daut,  tous descendants d’esclaves, dont les ancêtres ont souffert de la colonisation. C’est donc l’histoire, vue non pas par les conquérants, mais par les perdants…

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Kidnappings…  encore et toujours.

142 cas de kidnappings enregistrés, de janvier à mars 2021, en Haïti

Vous n’en aviez pas entendu parler en France, même si je vous en avais parlé à Noël (cf. plus bas). Mais depuis dimanche 11 avril dernier, l’information est largement diffusée car il y avait 2 Français parmi les personnes enlevées : des religieux qui se rendaient à la cérémonie d’installation d’un nouveau curé. J’avais eu l’occasion de croiser l’un d’eux, le Père Michel Briand à Port au Prince, dans la maison de sa congrégation, les Pères de Saint Jacques, qui accueille les étrangers de passage. Sur leur site, on peut voir une déclaration de la Conférence Episcopale Haïtienne.

La religieuse Française, Sr Agnès Bordeau Sœur de la Providence de la Pommeraye (près de Cholet dans le Maine-et-Loire) est née en Mayenne. Sa mission l’avait amenée au Honduras et au Guatemala où elle avait déjà été attaquée, elle et une autre religieuse, par des cambrioleurs qui les avaient menacées de leur arme et laissées attachées dans leur maison. Haïti n’est hélas pas le seul pays d’Amérique Latine à subir les gangs et leur violence.

Le Père Michel Briand est un créolophone qui connait bien la société haïtienne. Il pourra discuter avec les kidnappeurs. Mais ces derniers n’ont qu’un objectif : faire fructifier leur affaire. Et leurs acolytes sont souvent très jeunes, violents et intolérants. Lors de tentative de kidnapping, ceux qui ont voulu y échapper ont la plupart du temps été tués par balles. Et les armes circulent librement en Haïti. Le président Jovenel Moïse a déclaré à l’ONU qu’il avait démantelé 64 gangs, dont les « 400 Mawozo » qui ont réalisé ce kidnapping.

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12 mars 2021

Le président Jovenel Moïse s’accroche au pouvoir et la situation ne s’arrange pas : les kidnappings se multiplient en toute impunité, les manifestations sont réprimées dans la violence, les gangs dirigent le pays en toute impunité en kidnappant et rançonnant, même des médecins, des personnels médicaux, des riches, des pauvres… Ceux qui résistent sont froidement abattus.

Le 9 mars, un gang qui s’appelle « 5 secondes » est allé attaquer le bureau principal de l’Electricité d’Haïti en représailles parce que le responsable d’Ed’H n’a pas répondu favorablement à sa demande d’avoir de l’électricité au « Village de Dieu » pour fêter son 3ème anniversaire… Dans cette attaque, il y a tout de même eu 2 morts et plusieurs blessés.

La Conférence Haïtienne des Religieux  a publié une lettre ouverte à Jovenel Moïse pour dénoncer cet état de fait. Vous pourrez la télécharger ICI.

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La situation vue de St Louis du Nord

Dimanche 10 janvier 2021, au téléphone Cledner me résume la situation. Les Haïtiens attendent deux choses : la nouvelle administration des Etats-Unis et les conséquences pour eux. Surtout, comment va se passer le 7 février 2021. C’est la date à laquelle le Président Jovenel Moïse devrait laisser la présidence à son successeur. Depuis le départ de Duvalier et la mise en place de la nouvelle constitution en 1987, le président haïtien est élu pour 5 ans et ne peut faire qu’un mandat. Comme le coup d’état contre Duvalier avait eu lieu le 7 février 1986, la date du 7 février a été retenue pour l’investiture de tout nouveau président.

Mais les élections n’ont pas été organisées en septembre 2020 comme prévu. Le président gouverne par décrets depuis un an et a décidé d’organiser un référendum pour une nouvelle constitution avant les élections. Avec ou sans cette nouvelle constitution, le président n’a plus aucune légitimité après le 7 février 2021. Que se passera-t-il alors ?

En conclusion de la communication, échanges sur la démocratie : elle n’existe vraiment dans aucun pays. Aucun pays ne peut être un modèle. Quand il discute avec des jeunes, Cledner leur dit que la démocratie, ce n’est pas la liberté de faire ce qu’on veut. En tout, le bien et le mal se confondent. « tout byen se mal, tout mal se byen ». En Haïti, le mal dépasse souvent le bien.

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Et Noël ?

Eh bien, on ne connaît pas la trêve en Haïti : les prix continuent de monter, les kidnapping se multiplient, même le 25 décembre. Tous les otages ne sont pas libérés. Beaucoup sont tués en toute impunité. La progression des gangs dans toutes les régions du pays est inquiétante. On dit que certains Haïtiens à l’étranger n’osent plus décrocher leur téléphone de peur d’apprendre une mauvaise nouvelle. Sur place, les gens ont peur. Tout le monde peut être victime. Le bilan fait par le Comité Justice et Paix de Port au Prince est très noir.

Sur un site haïtien, Juno7, j’ai trouvé le témoignage d’une femme victime d’un kidnapping en mars dernier : elle vit seule, son mari est mort en février 2019 dans une manifestation contre la pauvreté et la faim. Elle survit avec 3 enfants avec un petit commerce et n’a pas de moyens. On l’a tout de même kidnappée, violée… Avec le pillage de son commerce, l’aide des voisins, elle a trouvé 100.000 gourdes (1.155 €) sur les 200.000 demandées. Une fois libérée, sa vie ressemble à l’enfer comme elle le dit. Si vous voulez le lire en créole, c’est ICI.  Mais j’ai aussi traduit en français ICI. FB_IMG_1608919152615 Pè Noèl kidnape

Mais comme toujours en Haïti, on garde le sens de l’humour : un jeune dessinateur haïtien, Patrick Edouarzin  a expliqué pourquoi le Père Noël ne va pas passer : il a été kidnappé ! 

Au téléphone : « Le Père Noël ne va pas venir cette année, il est entre nos mains… »

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Comment va le pays ?

Cette fois, c’est la justice qui inquiète : les dossiers importants disparaissent… Les assassins n’ont donc pas de souci à se faire : l’impunité est garantie. Un article du Nouvelliste nous apprend que le bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris a réagi.

La monnaie nationale, la Gourde, a été surévaluée par le Président Jovenel Moïse qui se prépare à mettre en place une nouvelle constitution, refusée par l’opposition.

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La situation au 30 août 2020

Quel pays ! La violence ne faiblit pas puisque les assassinats continuent, les belles déclarations n’apportent rien, les accidents de la route se multiplient, les services de santé sont défaillants et l’école n’arrive pas à fonctionner correctement… Bernard nous a préparé un point de la situation du pays que vous pourrez voir en cliquant ici : Actualité Newsletter août 2020.  

En complément, pour ceux qui veulent en savoir plus, vous pouvez aller sur le site Ayibopost pour un article sur la situation et l’impunité dont j’ai extrait une liste des personnalités assassinées depuis trois ans dont deux Français venus adopter leur enfant.

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A propos de maladies en Haïti

A l’occasion de cette épidémie de coronavirus, un rappel de la gestion du choléra en 2010-2011 avec un article de Renaud Piarroux (11 janvier 2020), un médecin français qui a prouvé que l’épidémie venait bien de soldats de l’ONU. Cette dernière a dû l’admettre après bien des difficultés, mais les indemnisations des familles ont des difficultés à arriver aux ayants-droits. Vous pouvez le lire en PDF ou sur le site d’information haïtien ayibopost

Sur les conseils d’un ami français qui vit en Haïti, je vous présente un autre article écrit sur ce même site le 17 juillet 2019 avec la participation d’un médecin haïtien , Jean-Hugues Henrys, pour expliquer que le choléra a disparu d’Haïti. Ici en PDF.

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Rentrée des classes les 10 et 17 août !

L’année scolaire 2019-2020 a été fortement perturbée depuis le mois de septembre, puisque la violence des manifestations a empêché les écoles d’ouvrir avant le mois de novembre 2019. En mars, c’est la pandémie de coronavirus qui a fait fermer les écoles avant même que les enseignants aient pu terminer le programme et faire passer les examens de fin d’année. La situation dans les villes a été très différente de celle des campagnes, mais tous les élèves ont été perturbés.

Sur le site du Ministère de l’Education haïtien, un communiqué de presse annonce la reprise des activités scolaire. Il s’agit de récupérer 50 jours d’école sur les 120 qui ont été perdus. Une période de vacances est prévue avant de reprendre la rentrée 2020-2021 fin novembre.

Certains s’inquiètent des risques de décrochement scolaire (AlterPresse). Les familles n’ont pas toutes les moyens d’aider leurs enfants ou de payer les frais de scolarité que les écoles réclament, même si les enfants n’ont pas suivi les cours. Certaines écoles demandent même aux parents de payer plusieurs années de scolarité pour être sûres de garder leurs effectifs…  Un article de RFI  pose bien la problématique des écoles pour suivre le conseil du Ministère de l’Education de se former sur Internet.

Je vous propose un texte de Jean-Renel, ancien élève de l’école Union des Amis, professeur à l’école nationale de Duty, sans moyens, qui ne voit pas ce que fait l’Etat. Cette école a beau être nationale, elle est un peu loin de la capitale et semble oubliée. C’est l’école Union des Amis qui avait partagé ses ressources en 2007 pour y installer des latrines… Et le tuyau qui apportait de l’eau ne fonctionne plus. On peut comparer ce texte au compte-rendu de l’association Haïti-Education, que nous connaissons bien et qui soutient une école normale à Port-au-Prince avec des moyens plus importants.

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Saison des cyclones

Si le 1er juin marque officiellement le début de l’été dans l’hémisphère Nord, il est également synonyme du début de la saison cyclonique pour la partie septentrionale de l’Atlantique. Elle durera 6 mois et se terminera le 30 novembre 2020.

Il y a quelques jours, la société américaine AccuWeather a publié ses premières prévisions quant à l’activité de la saison 2020, indiquant qu’elle pourrait être supérieure à la normaleL’institut prévoit ainsi la formation de 14 à 18 tempêtes tropicales. Parmi lesquelles, 7 à 9 pourraient devenir des ouragans et 2 à 4 des ouragans de catégories intenses, correspondant aux catégories 3, 4 ou 5. Pour rappel, l’activité moyenne établie à partir des données climatiques sur la période 1981-2010 est d’environ 12 tempêtes tropicales, 6 ouragans et 3 ouragans « majeurs » (catégories 3 à 5).

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 Situation au 19 juin 2020

Vous pourrez cliquer pour avoir un résumé de la situation actuelle à travers les chapitres suivants (merci à Bernard qui l’a fait) :

Insécurité

Elections – Constitution

Des décrets et des décrets… Le Président dirige par décrets

Economie – Taux de change

Et pour ceux qui s’intéressent à la situation, voici une sélection d’articles très intéressants

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Où en est le pays ?

Eh bien, beaucoup de paroles et trop peu de moyens.  Un article d’AlterPresse  fait état de la nécessité d’informer les habitants sur la maladie, dans la région de Port-de-Paix. Le comble, c’est que l’hôpital de ce chef-lieu du département du Nord-Ouest a dû fermer les services d’urgence par manque de moyens… Un article du Nouvelliste du 5 mai dernier fait un état de la situation désastreuse… Les gens se rabattent alors sur les plantes qu’ils sont habitués à utiliser, avec le risque de mauvais dosage 

La situation de Gros-Morne, un gros bourg situé sur la route qu’on a l’habitude de prendre pour aller dans le Nord-Ouest est très représentative de la situation de beaucoup d’Haïtiens de la province. Ils ont du mal à comprendre ce virus et n’ont pas les moyens de s’en protéger. Ils n’ont pas même la base ; des robinets où se laver les mains avec du savon. La distanciation sociale, les masques, le gel hydroalcoolique sont souvent hors de portée. Et ils ne s’inquiètent pas, aucun cas n’a été signalé à Gros Morne !

Pendant ce temps, la violence continue dans les quartiers populaires avec des assassinats, des incendies volontaires de maisons… Les gangs font régner la peur.

Pour couronner le tout, les météorologistes prévoient une saison cyclonique plus active que la normale avec 21 ouragans dont 3 à 5 majeurs.

Et une bonne partie du budget des Haïtiens vient de la diaspora : ceux qui ont émigré à l’étranger, aux Etats-Unis surtout mais aussi au Chili qui les a accueillis après le séisme de 2010, en France, etc… envoient une partie de leurs ressources à la famille restée en Haïti. Le problème, c’est que pour beaucoup, ils sont touchés par le chômage. Les transferts se retrouvent donc limités et en diminution. Les bureaux de transfert, eux, refusent de  donner des dollars. Et chacun a son taux de change, souvent inférieur à celui de la banque nationale d’Haïti… L’Etat continue de prélever 1,50$ par transfert, quel que soit son montant, pour le PSUGO, Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire. Des possibilités données à la corruption de se déployer au détriment de ceux qui en auraient le plus besoin.

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covid 19

Pour les curieux, vous pouvez consulter le programme du Ministère de la Santé Publique duquel j’ai extrait le budget traduit en euros. Sans commentaires… 

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Le covid 19

Avec le COVID19,  la peur s’installe. Un professeur revenu enrhumé des Etats-Unis a voulu prévenir l’Université où il travaillait pour prendre des mesures de précaution. Finalement, il a été testé négatif, mais des gens ont essayé de le lyncher pour que la maladie ne se propage pas… Voir l’article du Nouvelliste ICI.  Ça rappelle l’épisode du choléra en 2011 : des gens accusés de disséminer de la « poudre choléra » ont été lynchés par la population locale. Quand on n’a pas d’explication scientifique ou rationnelle, on s’adresse au surnaturel ou à la magie.

Le président haïtien, Jovenel Moïse, a pris des mesures de confinement et mis en place une commission scientifique de surveillance… Les Haïtiens des bidonvilles et ceux des campagnes se sentent démunis. Mais ils gardent le sens de l’humour : nous avons reçu d’un ami une petite vidéo que je vous traduis : « Wo o o ! Ils nous demandent de se mettre en quarantaine. Ici, nous sommes 4. Il faut encore que nous cherchions 36 personnes ! »

Un autre article du « Nouvelliste » fait un bilan de l’aide internationale et de la situation d’Haïti.

24 mars 2020 : un fait inquiétant, relaté par ce site : rezonodwes.  L’histoire d’un Belge arrivé le 10 mars dans l’orphelinat qu’il avait fondé. Il n’était pas diagnostiqué et a pu contaminer pas mal de gens dans son entourage…

 

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Et la violence ?

Elle est toujours là : les gangs règlent le pays dans toutes les villes. Les policiers manifestent pour former un syndicat qu’on leur refuse, les militaires ripostent, les cambriolages se multiplient, les agressions, les kidnapping…  Au Cap-Haïtien, une agression contre une centre de transfert en plein jour a fait un mort : l’employé de la sécurité. Les agresseurs n’ont pas pu ouvrir le coffre et courent toujours.

Les communications sont toujours aussi difficiles dans le pays.

Pour ceux qui voudraient faire le point, vous pouvez lire cet article écrit pour Courrier International par Frantz Duval, journaliste haïtien, directeur du journal le Nouvelliste : « HaÏti balayée par un vent mauvais ». 

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La violence continue…

Ce début d’année 2020 a montré un peu moins de blocages. Mais une recrudescence de kidnapping existe à Port au Prince (une soixantaine en janvier). Les gens ont très peur parce que tout le monde est concerné : des entrepreneurs, un prêtre, des jeunes d’une église protestante (ils étaient 5 et celui qui est venu apporter une partie de la rançon a été assassiné…). Le 12 février, des étudiants ont manifesté contre cette terreur et réclamaient la suppression du carnaval prévu du 23 au 25 février en démolissant les stands en construction.

Le 14 février, les policiers ont manifesté pour réclamer un syndicat. Après être allé à la direction Générale de la Police d’Haïti, ils sont redescendus vers la place principale du Champ de Mars où les tribunes s’installaient pour les spectateurs. Ils les ont incendiées. Pour ceux qui veulent en savoir plus, voilà une sélection d’articles :  des policiers manifestent.  Les festivités du carnaval dans l’impasse . 

Franck Duval, éditorialiste au Nouvelliste a fait une analyse intéressante : ce ne sont pas des stands de carnaval qui brûlent, c’est bien plus que ça.   

Et la situation du pays provoque toujours des drames : des enfants sont morts dans l’incendie d’un orphelinat.   

Pour certains responsables de ces orphelinats, l’objectif prioritaire n’est pas le bien des enfants, mais la possibilité de trouver un revenu, d’avoir un job, tout en répondant à la demande de parents désireux d’adopter. L’institut du bien-être social et de recherches (IBSER) a donné une conférence de presse pour faire le point sur la situation des maisons d’enfants.  

Et sur le site d’AlterPresse, un retour en arrière avec l’Ile à Vache, les dégâts sociaux très réels de la corruption. 

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Le 3ème carnet de Jean-Marie Théodat

J-M T + G G-L - CopieCette fois, le carnet débute dans un autre « Peyi Lòk » la France, et en particulier Paris. C’est intéressant de lire ses impressions… Il en profite pour « reprendre souffle ». Bernard et moi avons eu la chance de le rencontrer à Paris, un peu amaigri… Il continue d’écrire les pages de ce petit carnet que j’ai pu voir  » en vrai ».

C’est une impression à deux faces : le plaisir de le rencontrer et la désolation qu’un intellectuel comme lui soit obligé de renoncer à enseigner dans son pays puisqu’on ne lui permet pas d’en vivre. Il n’est malheureusement pas le seul. En attendant de pouvoir y retourner (l’Université d’Etat d’Haïti a besoin de professeurs, les professeurs ont besoin d’être rémunérés,…) il a repris son poste d’enseignant à la Sorbonne. Tant mieux pour les étudiants français qui profiteront de son professionnalisme, dommage pour les étudiants haïtiens qui restent en attente.

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Comment ça va ?

Pour votre information, voici deux articles qui analysent la situation :

Haïti, l’écran humanitaire et Haïti ce n’est pas une lutte contre le pouvoir, c’est une lutte contre le système. Les deux ont été réalisés par Frédéric Thomas journaliste au CETRI, Centre Tricontinental basé en Belgique et qui donne l’information sur les relations Nord-Sud et Sud-Sud.

Après plus d’une année de manifestations et de violences, trois mois d’un blocage complet, la population aspire à une trêve pour souffler et penser un peu à Noël. Dans les villes, les écoles publiques n’ont pas encore ouvert leurs portes. Des écoles congréganistes ont ouvert aux élèves sans uniformes pour plus de discrétion. Mais les opposants ne désarment pas : dans la nuit du 9 au 10 décembre, des écoles du Cap-Haïtien ont été badigeonnées de matières fécales.

À cause de la crise qui a paralysé le fonctionnement de l’école dans les grandes villes, le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) est contraint de proposer un calendrier réaménagé. Initialement l’année académique 2019-2020 devrait comporter 189 jours de classe et 11 jours de congé; le calendrier réaménagé prévoit 147 jours de classe et 6 jours de congé. Cependant, les écoles qui le peuvent font tout pour rattraper les jours perdus. Le Nouvelliste (11-12-2019)

Pour une analyse plus approfondie, une interview de deux écrivains haïtiens, Gary Victor et Makenzy Orcel, parue sur le Libé du 13 décembre 2019. Vous pouvez le télécharger ici en PDF ou aller voir sur le site de Libération.  Ils font une analyse de la situation à partir de l’histoire d’Haïti.

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Le 2ème carnet de J-M T

Jean-Marie Théodat a commenté le fait que je dactylographie son carnet en disant que ça devenait un « travail à quatre mains ». Après un premier carnet, il continue un deuxième qui nous montre comment se vit la crise actuelle de l’intérieur et de Port-au-Prince, de manière très subjective. Ce sont des petites touches de la vie compliquée par la situation. Il partage ses sentiments et je pense que ça peut vous toucher comme je le suis en mettant ce carnet en pages.

10 décembre : il y a un intermède cambodgien : Jean-Marie Théodat a participé à une conférence à Phnom Penh. Ses photos sur FaceBook m’ont rappelé des souvenirs que j’ai ajouté sur le carnet. Il est maintenant rentré dans son pays bloqué…

Pour ceux qui aimeraient faire le point de la situation, vous pouvez cliquer sur cet article de Marianne : « chien mange chien » du 22 novembre 2019 : une interview d’un artiste haïtien de passage à Paris ou sur celui du Huffigton Post du 20 novembre 2019 Haïti agonise et le monde se tait.  

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Les nouvelles de Jean-Marie (un autre)

Nous le connaissons depuis longtemps et il a adopté le pays où il travaille. En ce moment, il est aux Cayes, la 3ème ville du pays dans le sud.

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Le président de la République d’Haïti : Jovenel Moïse 

Si vous voulez connaître ce président qui s’accroche au pouvoir, vous pouvez cliquer sur le titre ci-dessus. Il s’agit d’une interview du président par deux journalistes haïtiens au cours d’une émission « Le Point » sur la chaîne Radio Télé Métropole le 28 octobre 2019.

Son élection remonte au 20 novembre 2016, après un processus électoral démarré en octobre 2015. Il a été intronisé le 3 janvier 2017. Élu au premier tour avec 55,6 % des voix, mais seulement 21% des électeurs s’étaient déplacés. Si vous voulez en savoir plus, voici 2 articles intéressants : sur Le Monde et sur Libération.

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Le carnet de J-M T le premier

J’ajoute au fur et à mesure les photos des pages de carnet dans le paragraphe « la crise » ci-dessous. Si vous cliquez sur le titre, vous aurez l’ensemble de la publication. J’ai découvert un nouveau mot créole : « bandisyon ». Si j’ai bien compris, grâce à cette vidéo : Port au Prince en bandisyoncela parle de la formation « en bandes » de gens qui veulent manifester. J’ai aussi trouvé sous sa plume la même expression pour « Dessalines, empereur d’Haïti et géographe en bandisyon… qui a su trouver un bon emplacement pour implanter sa capitale. »

Il a envoyé une tribune au journal Libération : « Lettre de Port-au-Prince sur fond de guerre civile ».  

Des parlementaires français et des membres de la société civile appellent la diplomatie française à un sursaut face aux situation de crise de deux pays des Grandes Antilles, Haïti et Cuba. Je mets le lien pour que vous puissiez le lire : « La France doit soutenir les peuples haïtiens et cubain. »

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Un article de médiapart

pour ceux qui veulent comprendre ce qui se passe en Haïti en complément de ceux que Bernard avait préparés sur la page « nouvelles de là-bas ». Cliquer sur le titre.

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L’expression des écrivains haïtiens (octobre 2019)

Ils s’étonnent que la communauté internationale ne s’exprime pas plus sur la situation de leur pays en crise depuis plus d’un an. Vous pourrez découvrir leur texte sur la page d’AlterPresse,  de Rezo Nèodwès, deux sites d’information haïtiens ou en PDF ICI.  

Lyonel Trouillot, un auteur haïtien qui s’étonne que la presse internationale soit muette sur la situation de son pays. Vous pouvez lire sont texte en PDF ICI. 

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La crise

Le nom de la page à changé pour prendre un nom plus général que « le tremblement de terre ».

En ce moment, c’est la situation sociale qui est grave : sur la page des nouvelles de là-bas, vous avez pu découvrir les causes de la révolte de la population : corruption et mauvais gestion du pays, impunité, augmentation de la misère.

Un ami nous a partagé un texte sur les « bidons ». J’avais des photos de bidons qu’on peut voir partout et qui sont récupérés pour tous usages. Quand ils ont bien servi, les enfants en font des jouets… Vous pouvez voir ce texte illustré en cliquant ICI. 

Cet ami est géographe, Après des études secondaires en Haïti, il a entrepris des études de géographie à l’université Paris Sorbonne jusqu’à l’agrégation. Recruté comme maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il a assuré des cours de géographie politique, économique et culturelle de 1998 à 2010. Il vit depuis 2010 en Haïti. Il travaille comme expert technique international au ministère des Affaires étrangères français depuis 2012.

Depuis, il nous parle de sa situation : dans son quartier de Port au Prince, la violence qui règne l’empêche de sortir… Il est comme en état de siège. Il partage son carnet de bord, page après page : p. 1 (30-9-2019), p. 2 (30-9-2019), p. 3 (1-10-2019), p. 4 (1-2-2019) et sa traduction, p. 5 (6-10-2019), p. 6 (7-10-2019) la page de droite se lit avant la page de gauche…, p7 (8-10-2019), p8 1ére et 2ème partie.

Vous retrouverez l’intégralité mise à jour en cliquant sur le titre plus haut : Le carnet de J-M T. Les pages s’ajoutent au fur et à mesure de leur envoi.

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L’eau

La distribution de l’eau à Port au Prince est fortement perturbée. Le 30 septembre, la DINEPA, Direction Nationale de l’Eau et de l’Assainissement éditait une note pour la presse (en créole) pour s’excuser de ne pas pouvoir répondre à la demande d’eau potable à Port au Prince. Seuls étaient approvisionnés les secteurs servis par « gravité », parce qu’ils n’ont pas besoin de pompe pour remonter l’eau. Les groupes électrogènes utilisés pour les pompes ne peuvent être ravitaillés en carburant à cause de la pénurie et des blocages des routes.

le 3 octobre, une autre note indique que le service peut reprendre, mais les blocage de routes peuvent affecter le fonctionnement du service d’eau en province. En bas de note, une phrase évidente : « dlo se lavi », l’eau c’est la vie.

Un article du site d’information Haïti Libre donne la note en Français.

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Le tremblement de terre

Dimanche 7 octobre 2018

Je viens de téléphoner à Cledner pour avoir des nouvelles : un tremblement de terre de magnitude 5.9 a eu lieu cette nuit dans le Nord-Ouest d’Haïti. Ils ont eu très peur. Ça s’est passé à 20 h samedi soir (il était 2 h du matin chez nous). L’épicentre est au nord-ouest de Port-de-Paix, à 43 km de Saint Louis du Nord et à 53 km de l’Anse à Foleur. D’après Internet, il y a eu 11 morts et une centaine de blessés plutôt légers, mais vu l’état des routes, certains secteurs sont inaccessibles, le nombre des victimes risque d’augmenter.f239226a7a4f175b2452b1f31ff47f77-haiti-au-moins-11-morts-apres-un-seisme-de-magnitude-5-9 (1)

Pour Saint Louis du Nord, tous les gens se sont retrouvés dans la rue, sur la place de l’église pour éviter les chutes de maisons. Celle de Cledner a bien tenu et la famille à Duty ou au Cap Haïtien n’a pas eu de dégâts. Certaines constructions mal construites et fragilisées se sont fissurées ou effondrées. Il y a eu déjà des répliques, une peu de temps après la secousse et une autre à 2 h du matin.

L’épicentre étant en mer où une faille est définie comme sensible depuis longtemps, on a craint un tsunami, mais l’alerte a été retirée. Quand on connaît la côte et les constructions anarchique dans le secteur, on pense que la mer a provoqué des dégâts.

Sa voix était fatiguée, mais il garde le moral comme d’habitude. Il nous a dit tout de même qu’ils luttent à cause des problèmes climatiques qui provoquent de mauvaises récoltes pour se retrouver dans un problème plus grave encore.

Pour suivre l’information, un site intéressant : http://www.alterpresse.org/Séismes historiques

Pour en savoir plus, le site du « Bureau des Mines et de l’Energie » qui prévient les responsables depuis longtemps des risques sismiques en Haïti. Vous pourrez le constater avec ce document produit en 2002 !

http://www.bme.gouv.ht/alea%20sismique/Alea_sismique%20HAITI.pdf

A suivre …

Dimanche soir.

Ce soir, à 16 h là-bas, il y a eu une réplique de 5.2. Il y a eu encore pas mal de dégâts, parce que certains bâtiments qui avaient été lézardés suite à la première secousse ont pu tomber à la deuxième. Cledner nous a parlé de bâtiments de Saint Louis que nous connaissons bien qui sont bien dégradés. Les gens ont peur. Les voisins par exemple ont rempli leur voiture pour aller dormir loin de leur maison à étage et du risque de tsunami. Une maison qui venait d’être construite a été détruite, signe que les normes antisismiques ne sont pas respectées. Heureusement, les propriétaires n’y étaient pas encore installés.

J’ai appelé Kerline à Mahotière, mais elle a minimisé les dégâts. « Quelques maisons ont été écrasées ». Cledner m’a dit que des roches ont été déplacées.  L’essentiel, c’est que tout le monde soit sain et sauf mais très atteint par la peur des répliques et le manque de sommeil. Un proverbe haïtien dit : « pi ta, pi tris », plus tard sera plus triste. Aujourd’hui, c’est le cas, mais on s’apprête à lutter pour vivre.

Plus près de l’épicentre, il y a beaucoup de blessés et les hôpitaux n’ayant pas de moyens peine à assister la population. Ici un article de Ouest-France qui reprend les informations de l’AFP.

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Lundi 15 octobre 2018 

Le téléphone a toujours un fonctionnement aléatoire : le réseau va et vient… J’ai pu joindre Cledner à son retour de l’école. Il habite Saint Louis du Nord et il y monte régulièrement.  Il a pu me faire un bilan de la situation dans la section rurale de Bas de Sainte Anne. D’après les ASEC (Assemblée des Sections Communales) et CASEC (Conseils d’Administrations des Collectivités territoriales), il y aurait 40 maisons endommagées. Sans doute plus d’après Cledner. Pour ce qui est de l’école, elle avait été réhabilitée avant la rentrée : du ciment pour boucher les trous de la dalle, des poteaux à changer, et elle a bien résisté.

Dans l’habitation de la famille qui nous accueille, il y a 3 maisons : celle qui est construite en bois et en tôle a bien résisté, et les deux autres ont été endommagées. Il y a aussi des rochers qui ont dû bouger. Quant à la petite construction toilettes et douche, elle est à terre. Mais personne ne se plaint. Nous n’avons pas de photos pour connaître les dégâts exacts sur la maison que nous habitons au cours de nos voyages. Les difficultés vont encore augmenter : les familles devront trouver le moyens de réparer ou reconstruire leur maison.

Et aucune n’aide ne viendra de l’Etat. D’ailleurs, personne n’en attend… Devant l’ONU, le Président, Jovenel Moïse, a précisé que le séisme de 2010 qui avait détruit la capitale Port-au-Prince avait servi de leçon : des mesures ont été prises pour que les conséquences soient atténuées. Mais à Port-de-Paix, ville la plus touchée, aucun lieu prévu pour abriter les sinistrés… l’hôpital n’était pas en mesure de recevoir les blessés… et l’aide arrive sous forme de « kit de survie » ou d’eau potable. Pour Cledner, il faudrait plutôt aider les gens financièrement pour qu’ils puissent s’organiser. Leur permettre de cuisiner plutôt que de recevoir du « manje sinistre » comme ils appellent l’aide alimentaire. D’autant que le séisme ne détruit pas les récoltes.

Je vous conseille de lire un texte d’un écrivain haïtien, Jean-Euphèle Mircé, originaire de la région lui aussi « Pour l’amour du Nord-Ouest ». Il exprime mieux que je ne pourrais le faire l’inefficacité de l’aide humanitaire. Dans cette région, les exemples de dépenses inutiles ne manquent pas. Celle qui m’a le plus troublée, c’est la réalisation d’un marché couvert à Saint Louis du Nord : il a été construit pour remplacer un marché installé dans le lit d’une rivière, une bonne idée… Malheureusement, l’endroit a été choisi sans prévoir l’accès des marchands et des marchandises : il est un peu à l’écart et reste à l’abandon…