Les nouvelles de là-bas

Au téléphone

Les coups de téléphone ne sont pas toujours possible à cause de l’instabilité des réseaux. Parfois c’est avec WhatsApp, parfois avec Skype. Le dernier échange a eu lieu à l’occasion de l’envoi des résultats scolaires du 2ème trimestre de cette année 2023-2024. Vous pouvez les consulter en cliquant sur le lien.

La situation n’est pas aussi dramatique qu’à Port-au-Prince où les gangs agissent en toute impunité en volant, kidnappant, tuant, détruisant, … En province, dans le mornes, les gangs n’interviennent pas directement, mais les gens en ont peur. Les bus qui faisaient le trajet vers Port-au-Prince chaque jour ne le peuvent plus, ils se font arrêter en chemin par des bandes qui volent et demandent des rançons. L’approvisionnement ne pouvant plus se faire, les prix montent. La vie est difficile et on n’en voit pas la fin. Avec Cledner, on se dit qu’à chaque épreuve le pays ne peut descendre plus bas. Et pourtant…

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Anniversaires

En février, Geneviève et Cledner ont un an de plus ! L’occasion de s’appeler au téléphone et de se dire qu’on est là, on tient ! L’école Union des amis fonctionne, même si beaucoup d’écoles ont été fermées à Port-au-Prince à cause de la présence de gangs. Les gens s’étonnent justement que cette école fonctionne toujours après 33 ans d’existence (l’école a été créée 3 ans avant l’association). Le plus surprenant pour certains est que les liens aient pu perdurer avec des Français ! Ils ont la réputation d’être très exigeants et de se retirer plus vite. Cledner leur répond que c’est parce que l’école a de bons résultats et qu’elle est gérée avec soin. On peut ajouter une relation de confiance.

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C’est la nouvelle année

En cette période, on se souhaite une bonne année. Pour appeler l’école Union des Amis, le téléphone a été capricieux, mais la communication a eu lieu avec des coupures… L’article est donc fait à partir de la conversation avec Cledner.

Traditionnellement, les Haïtiens font de la soupe giraumon au 1er janvier. J’avais préparé un texte pour 2023 qui est toujours d’actualité. Vous pouvez le télécharger ICI. A Saint Louis du Nord, Chacha a fait une grosse marmite qui a été partagée avec ceux qui ne pouvaient pas la réaliser : 5 autres familles en ont profité.

« En Haïti, on ne peut plus supporter cette vie rendue quasiment impossible par la violence des gangs. Dans la zone de Saint Louis du Nord, l’Anse à Foleur, il n’y a pas eu de gros kidnappings et d’actes de  guerre entre gangs comme à Port au Prince ou dans quelques grandes villes du pays, mais la violence des gangs empêche les relations commerciales entre la province et la capitale, privant le « pays en dehors » de ravitaillement et de débouchés. L’inflation est donc maximum. On se dit que l’année 2024 ne pourra être pire. Alors, on se souhaite :

« Bon combat ! »

Vu de la zone de St Louis du Nord et de l’Anse à Foleur, les solutions pour sortir de la crise ne sont pas encore claires : c’est la MINUSTHA (Mission des Nations-Unies pour la stabilisation d’Haïti, « 13 ans au service de la paix et pour la stabilisation ») qui a permis le développement du kidnapping. Ils sont venus avec et on a découvert une « école du kidnapping ».

En 2010, c’est encore la MINUSTHA qui a apporté le choléra. C’est notre association Timoun Lekòl qui avions financé une aide suggérée par Cledner pour informer la population et la protéger de la contagion.

La MINIJUSTH (Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti, a terminé son mandat en 2019 après 15 ans d’opérations de maintien de la paix). En août 2020, on a assassiné le bâtonnier de Port au Prince, en juillet 2021, c’était le Président de la République, Jovenel Moïse. La justice est inexistante…

Pour 2024, la proposition de la communauté internationale, c’est une force multinationale venue du Kenya. Des contacts ont été pris entre les deux pays, Haïti et le Kenya. Beaucoup d’Haïtiens sont révoltés : chaque fois, les « aides » viennent avec des problèmes. Est-ce que les Kényans ne vont pas apporter les leurs également? Un proverbe haïtien donné par Cledner : « moun ki pa manje pwa, se pa li ka vin bay lapire? » Quelqu’un qui ne mange pas de haricots peut-il apporter la purée ?

Les policiers haïtiens seraient capables de régler la situation si on leur en donne les moyens : au lieu de dépenser des fortunes pour faire venir des Kenyans, on pourrait financer les policiers haïtiens. Il faudrait aussi que le pouvoir ne les bloque pas : quand ils sont prêts d’arrêter des chefs de gangs, ces derniers appellent les autorités … qui donnent l’ordre de les laisser.

Les gens applaudissent Poutine (vous pouvez le retrouver à la page l’actualité du pays), non pour devenir communistes, mais pour trouver une porte de sortie : ça n’a pas marché avec les Etats-Unis, ça marchera peut-être avec la Russie !

Heureusement, les petites gouttes d’eau recueillies par l’Association Timoun Lekòl nous donnent la force de continuer. »

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Les 30 ans de Timoun

Depuis l’école Union des Amis, la fête de Timoun Lekòl a été suivie. Ils nous ont envoyé des messages par WhatsApp.  Les vœux de Jean-Claude, le directeur administratif, et le message de Rosena, la directrice pédagogique. 

Pour Cledner, le fondateur de l’école Union des Amis, les liens entre l’école et l’association sont ceux d’une famille. On peut dire que c’est un vrai jumelage. L’un peut compter sur l’autre et la confiance est réciproque. Aujourd’hui, 4 des 7 professeurs sont des anciens élèves…

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Au téléphone le 4 novembre 2023

A l’école Union des Amis, les élèves sont présents : un peu plus de 200 fréquentent l’école Union des Amis, une vingtaine de plus que l’année précédente. Grâce à l’aide de l’association Partage Haïti, nous avons pu leur envoyer 1500€ pour acheter des fournitures scolaires. Les enfants auront donc de meilleures conditions de travail.

Pour vous rappeler dans quelles conditions cette association angevine nous a aidés, retrouvez ici l’article d’Ouest-France paru dans l’édition des Mauges le lundi 18 septembre : la dissolution de l’association Partage-Haïti.  

L’ambiance là-bas est morose : le secteur est isolé. C’est comme s’il y avait un embargo : les bus ne peuvent plus aller à Port au Prince (il y a quelques années, ils étaient 4 ou 5 à faire le trajet chaque jour, chargés de passagers et de marchandises. Aujourd’hui, les gangs bloquent les routes pour kidnapper, rançonner et parfois tuer. Les échanges, importants avec la République Dominicaine sont également bloqués par une fermeture de la frontière. Le marchandises devenant plus rares, les prix augmentent. Les paysans ne peuvent plus vendre leur production dans les grandes villes. Un climat de méfiance s’est établi: celui que je ne connais pas, ne fait-il pas partie d’un gang ?

A Saint Louis du Nord, pour la « fèt gede », la fête des guédés, la musique a mis un peu d’ambiance dans la rue les premiers jours de novembre. D’origine vaudou, cette fête est l’occasion de célébrer les morts partis dans « le pays sans chapeau » . En créole, pouvoir porter un chapeau c’est signe qu’on est vivant. Un proverbe dit « Toutan tèt poko koupe, li espere pote chapo ». Tant que la tête n’est pas coupée, elle a l’espoir de porter un chapeau. Tant qu’on est vivant, il faut garder l’espoir.

Si vous voulez en savoir plus sur cette coutume, vous trouverez un article assez complet ICI.

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La rentrée en Haïti

Le Ministère de l’Education Nationale l’a fixée au 11 septembre. Dans les villes, beaucoup d’écoles restent fermées à cause de la violence des gangs. Dans les campagnes, les moyens manquent pour acheter les fournitures et les uniformes. Le directeur de l’école Union des Amis et avec les enseignants seront prêts à accueillir les enfants. Ils seront présents pour préparer la rentrée et « motiver les parents  pour qu »ils envoient les enfants à l’école ». « Nou menm, nou fè tou sa nou kap fè pou nou bay ti moso enstriksyon a timoun yo. Bon kouraj, pa dekouraje.Salye asosyasyon Timoun Lekòl. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour donner un petit morceau d’instruction aux enfants. Bon courage à vous, ne vous découragez pas. Saluez l’association Timoun Lekòl.  »

Nous souhaitons à tous une bonne année scolaire. Notre soutien est important pour tous ces gens qui ne voient pas d’issue à leur situation. Merci à vous tous qui nous soutenez sans vous décourager.

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Dernières nouvelles au téléphone

Rosena, la directrice pédagogique remercie tous les membres de l’association Timoun Lekòl. Elle transmet les remerciements des parents et des enseignants. Ici, nous remercions tous ceux qui nous permettent de maintenir le soutien malgré toutes les difficultés ici et là-bas. Malgré les inquiétudes causées par la trésorerie, nous avons pu réaliser tous les envois (mille euros par mois) et nous pouvons le faire jusqu’au mois de septembre.

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La fin de l’année scolaire

Là-bas, l’année scolaire devait se prolonger à cause du retard pris à la rentrée. Les contrôles étaient prévus se passer du 17 juillet au 4 août. Les vacances ne devaient débuter que le 5 août. Dans les villes, beaucoup d’écoles sont fermées à cause de la situation générée par les gangs qui installent la terreur dans certains quartiers. Dans les mornes, c’est moins important, mais comme le pays ne peut plus fonctionner correctement, les transports sont au ralenti, les prix montent et la vie est de plus en plus difficile. Les effets de la violence arrivent comme vous aviez pu le voir dans le paragraphe « bwa kale jusqu’à Saint Louis du Nord » ci-dessous.

A l’école Union des Amis, ils tiennent bon, mais le moral est atteint. Quel avenir pour ces jeunes? Beaucoup essaient de partir à l’étranger où ils pensent que la vie sera meilleure…

Finalement, les vacances sont arrivées plus tôt que prévu. Seuls les degrés supérieurs, collèges, universités prolongeront l’année scolaire pour les examens.

A l’Union des Amis 171 élèves ont « composé » fin juin. J’ai reçu les résultats que j’ai mis sur un PDF avec ceux de mars dernier. Vous pourrez les comparer : Résultats de juillet et mars 2023. Les carnets ont été distribués le mercredi19 juillet. C’était la dernière réunion de parents de l’année scolaire. Les élèves ont commencé les vacances comme ici.

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18 mai 2023 : pas de fête du drapeau à l’école Union des Amis

Vous trouverez l’histoire du drapeau haïtien à la page l’actualité du pays. A l’école Union des Amis, chaque année on organise une fête à l’occasion de l’anniversaire de sa création. J’étais présente en 2014, vous pourrez voir l’album ici: « La fête du drapeau haïtien, 18 mai « .
En cette année 2023 , à l’école Union des Amis, la fête a été annulée pour cause de situation difficile. Dans l’état dans lequel est le pays, Cledner m’a dit : « on n’a pas le courage ».

L’école ne peut se permettre d’assurer les frais, même minimes, qu’aurait impliqué la fête : achat des papiers pour faire les drapeaux, des bonbons à distribuer aux enfants. Les parents n’auraient pas  tous pu habiller leurs enfants de rouge et bleu. Il serait plus important de donner à manger aux enfants.

Le gouvernement de facto a délocalisé la commémoration au Cap Haïtien où a eu lieu la bataille de Vertières, un haut lieu historique puisque les esclaves révoltés y ont battu les armées de Napoléon. Mais la création du drapeau a eu lieu à l’Arcahaie, une ville au nord de Port au Prince. Ce sont des lieux historiques  qui doivent être respectés. Est-ce qu’on veut abolir toutes les fêtes historiques ? En même temps, c’est beaucoup d’argent qui est dépensé et de la corruption : un député prend cette occasion pour donner de l’argent aux gens pour les endormir et se faire réélire aux prochaines élections.

Cledner m’a fait suivre une vidéo enregistrée dans le sud du pays, à Plaisance du Sud. C’est une zone rurale. Les jeunes ont fait un chant mimé qui raconte l’histoire d’Haïti et parle de sa situation actuelle. Je vous le propose, même si c’est en créole, je vous résume un peu de quoi il s’agit : Au départ, un « chef » dirige les jeunes tête en bas, à l’image du pays. Ensuite, ça parle de l’esclavage, des origines africaines et de l’indépendance. Puis, la situation d’Haïti, qui donne mal à la tête : après le choléra, c’est le corona virus, après le corona, c’est le kidnapping… Un pays qui a pris son indépendance dès 1804 et qui est aujourd’hui sous dépendance. Haïti est un pays occupé, qui n’a pas de chance. On le fait se coucher… Peuple haïtien, prend tes responsabilités, ne te décourage pas, ne lâche rien. On voit autour les spectateurs qui réagissent et qui soutiennent ces paroles. C’est un spectacle très politique et qui montre que les Haïtiens ne se résignent pas. « Le drapeau à Plaisance du Sud »  Les premières images ne sont pas dans le bon sens, mais la correction se fait après quelques secondes…

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Bwa kale jusqu’à Saint Louis du Nord

Vous trouverez l’explication de cette expression à la page : l’actualité du pays.

Les réseaux sociaux partagent une information sur Saint Louis du Nord qui n’est pas réjouissante : quelqu’un avertit que si vous n’êtes pas de la zone, il faut éviter d’aller dans les secteurs de Degranj, Nan Lakou, Fige, Chemen Degranj (des quartiers que nous connaissons). Si on vous croise, vous allez passer nan bwa kale. C’est une expression haïtienne qui signifie érection et qui est utilisée quand les gens se font justice eux-mêmes.

Cledner m’a raconté ce qui est arrivé le 2 mai 2023 à ce policier en civil qui circulait dans une voiture banalisée. Ayant eu un accident avec une autre voiture, une bagarre s’est déclenchée et le policier a tiré dans les jambes des passagers. Il n’a pas eu le temps de montrer sa carte de policier, et comme les réseaux sociaux avaient lancé une alerte pour dire que des membres de gangs avaient quitté Port au Prince pour se rendre en province, on l’a suspecté et les témoins l’ont battu à mort et ensuite ont brûlé son corps, Voilà la réponse à la violence des gangs. Un article est paru sur la question news.   

Pour confirmer cette augmentation de la violence, nous apprenons la mort d’un jeune homme à 4 h du matin ce 25 mai 2023, tué par balles. L’article de rezonodwes ici  Pour l’instant, les motifs de sa mort ne sont pas connus. Cela s’est passé sur la Rivière des Barres. 

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La rivière des Barres, c’est un endroit que nous connaissons bien, le lieu de passage obligé pour aller de St Louis du Nord à l’Anse à Foleur, là où s’organise un marché deux fois par semaine, dans le lit de la riviière. Un nouveau marché a été construit à Saint Louis du Nord, mais l’endroit étant plus difficile d’accès pour les marchands et les clients, il est resté à l’abandon.  Quand des pluies intenses s’abattent sur la zone, la rivière monte et il faut parfois attendre avant de la traverser. Un pont a été construit, mais les voies d’accès n’ont pas été prévues ! Les voitures et les motos continuent de traverser la rivière et le marché est toujours dans son lit.

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Résultats du mois d’avril

Vous pouvez les voir en cliquant ici. 170 élèves ont « composé ». Les résultats de la 2ème année sont décevants. Cledner m’en a donné l’explication. L’Etat a prévu de mettre à disposition des écoles un nouveau livret qui pourrait servir pour les deux premières années fondamentales. Malheureusement, les promesses ne sont pas toujours tenues. Les enfants ont donc été privés de manuels qui n’étaient pas arrivés jusque dans cette zone isolée. Les enfants ne semblent pas une priorité pour le pays.

Les violences du pays ne facilitent pas la sérénité nécessaire. Dans les campagnes, les gangs sont moins présents qu’à Port au Prince, mais la nervosité de la population accentue le besoin de justice. Comme celle du pays ne fonctionne pas, les gens s’en chargent. De plus en plus de « présumés bandits » sont abattus et lynchés par la foule. A Saint Louis du Nord, C’est un policier en civil qui en a été victime : pour la population, le porteur d’une arme est un bandit. Il n’a pas pu présenter sa carte pour signifier qu’il était policier. Il a été lynché sans procès. Ensuite, on brûle le corps. La violence appelle la violence.

Notre présence, ici, en France, est un soutien énorme pour ceux qui vivent dans ces conditions. A chaque coup de téléphone Cledner me redit combien c’est important pour garder la force de continuer de faire vivre cette école. Merci à tous ceux qui participent à ce soutien.

Le 13 avril, message de la directrice de l’école Union des Amis dont voici la traduction  :

Il faut que je vous dise bien ce que l’inspecteur de zone a envoyé à l’école Union des Amis. Il a fait remonter que c’est une école qui n’a jamais posé de problème depuis sa création jusqu’à maintenant.

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Le carnaval vu de St Louis du Nord (au tél. le 12-04-2023)

Cledner m’a donné sa version des événements : le mercredi 5 et le jeudi 6 avril, c’était la fête. Malgré les difficultés et le manque d’argent, les gens ont pu en profiter. Les rues étaient pleines de fêtards qui suivaient la musique des instruments traditionnels : des tambours, des vaksin (vaccines) instruments à vent faits de tubes de bambou ou de kònèt (cornettes) qui imitent la trompette. Pour Cledner, s’il n’y avait pas ces moments où les Haïtiens peuvent se défouler dans la joie et la bonne humeur, ils deviendraient fous ! Les jeunes sont découragés par leur pays. Beaucoup tentent leur chance à l’étranger, mais le succès est rarement au rendez-vous. A l’école Union des Amis, 4 instituteurs sur 7 sont des anciens élèves. En passant, Cledner me précise que depuis la fondation de l’école, une cinquantaine d’élèves ont pu aller en université.

L’ambiance était bonne, la foule était au rendez-vous : cette foule aux habits colorés dans le soleil formait un tableau qui faisait plaisir à voir. Malheureusement, quand deux bandes se croisent, certains commencent à se bagarrer. La police et la CIMO (Compagnie d’Intervention et de Maintien de l’Ordre) sont intervenues très vite avec des gaz lacrymogènes et des coups de feu tirés en l’air et ont dispersé tout le monde. Mais la bagarre avait déjà provoqué un mort. Les policiers sont très nerveux à cause de l’existence des gangs.

Le lendemain, c’était le défilé des zombies. Les participants sont barbouillés de noir. Les policiers ont voulu faire des contrôles et fouiilé les sacs. Dans l’un d’eux, ils ont trouvé une arme. Celui qui la possédait a été tué… La fête a été écourtée.

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Les résultats des « compositions » de mars

Tous les élèves n’ont pas composé puisque 186 étaient présents le 15 février dernier et 146 seulement ont composé. C’est le signe des difficultés et des craintes des parents d’envoyer leurs enfants, même si les gangs ne sont pas trop présents dans les mornes. Il y a tout de même des incursions qui font peur. Vous trouverez le résultat ici.

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L’école a enfin repris

A l’école Union des Amis, les enseignants sont prêts à accueillir les enfants, mais la situation du pays ne leur permet pas d’ouvrir les classes.

Un message de Jean-Claude m’annonce que depuis le lundi 30 janvier, 130 élèves sont présents. Ceux-là vont pouvoir retrouver une vie presque normale, mais leur année scolaire est tout de même compromise.

Le 15 février, au téléphone, Cledner m’annonce que 186 élèves sont présents. Ils sont donc bien revenus malgré les difficultés.

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Une nouvelle année commence

Cette nouvelle année ne pourra pas être pire que la précédente. Pour Cledner, l’argent que les gens gagnent par un travail formel ou informel procure un pouvoir d’achat qui s’amenuise de jour en jour. Les bus font encore le trajet vers Port-au-Prince mais ils ont de moins en moins de passagers. On ne se déplace que par nécessité et les bus mettent souvent deux jours pour faire les 250 km qui séparent St Louis du Nord de Port-au-Prince. Ils doivent trouver de nouvelles routes pour éviter les zones où se trouvent les gangs. La route normale suit la côte et l’autre passe par Mirebalais et Pont-Sondé. Vous pouvez voir « l’itinéraire bis » sur la carte en cliquant ici. La carte ne précise pas la qualité des routes… Entre Port-au-Prince et Gonaïves, la route est goudronnée, mais quand on prend la route de Port-de-Paix, l’asphalte a disparu ! Ça n’a pas changé depuis le récit du voyage fait en 2015 que vous pouvez retrouver sur ce site à la page : voyages en Haïti sous le titre : les routes de l’impossible.

Ces itinéraires augmentent encore le prix du voyage quand il faut dormir et se restaurer en chemin. Ces situations difficiles détruisent l’habitude d’entraide. Pour Cledner, il n’y a plus le respect de l’intérêt commun, même dans une famille. C’est du « chacun pour soi ». En créole, on prend l’exemple de la luciole (coucouille) qui n’éclaire que ses yeux :  » Koukouy klere pou pròp je pa l « 

Il est difficile d’y voir des notes d’espoir. Et pourtant… l’espoir est porté par les jeunes : alors que pour beaucoup la seule solution était de quitter le pays pour « vivre sa vie » dans un pays riche, ils sont de plus en plus conscientisés et discutent entre eux sur le bien-fondé de rester au pays et d’essayer de faire quelque chose pour que ça change. Ils découvrent que les promesses des eldorados ne se réalisent pas si facilement et n’apportent pas la solution espérée.

Les souhaits de Cledner pour cette nouvelle année : qu’il reste toujours une bonne compréhension de personne à personne, la même affection et le respect mutuel. Il continue de lutter pour une vie meilleure. Il remercie l’association Timoun Lekòl pour le soutien sans relâche.

Dans son message Rosena, la directrice pédagogique,  nous dit « Mwan swete nou bòn ane ansanm ak tout moun ki nan asosyasyon Timoun Lekòl ak tout moun ki sipòt lekòl Union des Amis. » Je vous souhaite une bonne année, ainsi qu’à l’association Timoun Lekòl et toux ceux qui soutiennent l’école Union des Amis.

Jean-Claude, le directeur de l’école, lui, nous dit : « Nous espérons que Haïti renaîtra de ses poussières. Union des Amis ouvrira ses portes mardi 3 janvier après 3 semaines de tentatives. Ca n’a pas marché. Nou panse ke avec ti efektif nou jwenn nan nap travay san kanpe. » Nous pensons qu’avec le petit effectif que nous avons, nous allons commencer le travail sans arrêter. Cela veut dire que les parents ont des raisons de ne pas envoyer leurs enfants à l’école : la crainte des gangs qui peuvent intervenir même dans les mornes, le manque d’argent qui ne permet pas d’assurer les frais « d’écolage ».

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Est-ce qu’on prépare Noël ?

Cette année sera plus difficile que les autres encore. La rentrée a finalement été faite fin novembre. Beaucoup d’enfants des villes ne pourront y aller par crainte des gangs qui sont toujours actif. Un site canadien propose le témoignage d’un directeur d’école : Plaidoyer pour la réouverture des écoles en Haïti (l-express.ca). D’autres se sont exprimés pour déplorer la situation des élèves haïtiens : les évêques d’Haïti, l’UNICEF, et des ONG qui se sentent impuissantes. Le gouvernement « de facto » qui n’a aucune légitimité, n’a pas non plus la volonté de faire changer les choses. Les gangs sont toujours aussi puissants.

Dans les campagnes, les gens ont peur. A Duty, les enseignants sont sur place, mais peu d’enfants sont venus. Les parents préfèrent attendre janvier pour les envoyer. Cledner me disait que le Ministère de l’Education Nationale a institué un nouveau calendrier scolaire en annonçant les dates d’examens en juillet.

Noël sera un jour comme un autre. Dans la famille de Cledner, Chacha me disait qu’elle ferait la cuisine comme tous les autres jours. Cette année, il n’y aura pas de Kremas (crémasse), la boisson préparée pour les fêtes que les Antillais appellent punch coco. Elle me disait que dans la rue, il ne se passe rien. Il n’y a pas l’ambiance de fête habituelle pour cette période de Noël.

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Et l’école ?

La rentrée avait été fixée début septembre. La situation du pays, le blocage des activités par les gangs ne l’a pas permis. Après avoir été fixée début octobre, elle n’a toujours pas repris. Certaines écoles qui préparent un examen à la fin de l’année ouvrent leurs portes en accueillant les enfants « en couleurs ». Pour une plus grande discrétion, les uniformes sont abandonnés.

L’école Union des Amis se doit de respecter les consignes de l’Education Nationale. Cledner se pose des questions sur le financement des instituteurs qui sont donc en chômage technique. Ils profitent de la situation pour apporter des améliorations à l’école : ils ont réhabilité le bâtiment, ajouté une clôture et se préparent pour la rentrée. Il nous ont envoyé le montant des frais engagés, nous essaierons de trouver une aide. Cledner se propose de réduire leur salaire de moitié si l’école ne reprend pas. J’aimerais lui dire que nous continuerons de leur envoyer le même financement, mais avec la réduction des actions, notre caisse se vide. Notre avance se réduit.

Le président du pays a fait une annonce dont il est fier : il a obtenu la retransmission des matches du mondial gratuitement ! Qui pourra en profiter ? Avec quelle source d’énergie ? D’habitude, les Haïtiens font la fête et suivent les résultats de très près, surtout quand il s’agit de leurs équipes préférées : le Brésil et l’Argentine particulièrement. Cette année, la présence des gangs, le manque de carburant, l’inflation ne leur permettra pas de se réjouir…

Les gens qui sont un peu conscientisés se sentent déconsidérés : les animaux de nos pays riches sont mieux traités et mieux défendus que le peuple haïtien. Vous pouvez voir les articles sur la page de l’actualité du pays qui vous parlent de la situation des Haïtiens en République Dominicaine et le cri du cœur de Talegrand Noël à l’occasion de la mort de son frère qui n’a pu être soigné.

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Au téléphone le 21 septembre 2022

L’inquiétude monte avec les prix : tout devient tellement cher ! La cause est principalement due à l’augmentation du prix du carburant. Les déplacements qui se font en camionnette ou en moto sont de plus en plus chers. La rentrée ne sera donc pas facile. C’est comme si l’Etat n’avait pas envie que l’école fonctionne : avec toutes les difficultés, les violences, il aurait dû provoquer un apaisement social, une avancée économique. Au lieu de ça, l’annonce de l’augmentation de carburant (cf. la page l’actualité du pays) a provoqué des pillages un peu partout. Aux GonaÏves, un dépôt de nourriture du PAM (Programme alimentaire mondial) a été pillé. Il contenait les réserves pour les cantines scolaires. A Port-de-Paix, ce sont les dépôts de la Caritas qui ont été pillés, comme la mairie de Saint Louis du Nord où tout a été saccagé. La colère est grande.

Une bonne nouvelle pour l’école : 4 classes seront réhabilitées. Des tôles et des poteaux ont été achetés pour la réparation. L’idéal aurait été d’utiliser des parpaings et commencer des classes en dur, mais ça coûte trop cher.

Dans ce pays, les gens ne voient pas l’intérêt d’un Etat : la corruption est trop grande. La seule expérience positive a eu lieu en 1991 avec l’élection du président Jean-Bertrand Aristide. Pendant 7 moi, tout a bien fonctionné : avec un gouvernement civilisé, la population était civilisée… Avec un gouvernement pas civilisé, la population n’est pas civilisée… Ces 7 mois avaient donné au peuple haïtien l’envie de vivre avec lui-même. Mais des intérêts étrangers ne l’ont pas permis.

Pour l’école Union des Amis, ce sont les contacts avec l’association Timoun Lekòl qui donnent la force…

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Rentrée 2022 pour l’école Union des Amis

Les discussions et les annonces du Ministère de l’éducation nationale à Port-au-Prince « sont de belles paroles pour flatter la Communauté internationale. Le livre unique pour les deux premières années ne sera certainement pas arrivé jusqu’à Mahotière pour la rentrée. » Les enseignants et les parents devront s’organiser pour que les enfants puissent venir à l’école. Tous ces efforts seront peut-être vains si le pays ne leur permet pas de vivre sur place… (cf. ci-dessous) Pour Cledner, c’est une double peine : des efforts pour former des jeunes qui devront laisser leur pays, un pays privé des gens qualifiés comme l’explique un article d’Ayibopost.

Cette rentrée, d’abord prévue le 5 septembre, vient d’être retardée au lundi 3 octobre 2022. La situation du pays ne permettra pas à tous les enfants d’en profiter, soit à cause du manque de moyens, soit à cause de la violence des gangs. Un groupe était arrivé jusqu’à l’école mais ils ont découvert que quelqu’un d’influent pouvait faire venir la police. Ils sont allés voir ailleurs…

Septembre, c’est la période où la diaspora est très sollicitée pour transférer des dollars : pour payer la location d’une maison (qui se fait pour l’année et souvent en dollars US), pour financer la rentrée scolaire. C’est alors que le dollar se fait rare, sa valeur monte. D’autant que les transferts se font maintenant en monnaie locale : les dollars envoyés sont reçus en gourdes selon, en principe, le taux de la BRH (Banque de la République d’Haïti).

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L’avenir du pays ?

Avec l’école Union des Amis, nous y participons en permettant aux jeunes d’être scolarisés. Mais après ? Le pays est dans une telle situation que certains ne voient pas d’autre solution que d’aller tenter leur chance à l’étranger, ce qu’ils appellent « chercher la vie ». Ils espèrent trouver des ressources qu’ils ne trouvent pas dans leur pays. D’autres y ont « trouvé la vie », pourquoi pas eux ?

Ils risquent aussi d’être confrontés à de nombreux problèmes. Tous ne partent pas dans des conditions propices à une vie meilleure. Ils peuvent être tentés par la formule « boat people », mais quand ils sont pris dans les mailles des filets des passeurs qui profitent de la situation en leur faisant payer des grosses sommes, ils n’arrivent pas toujours à débarquer à bon port, aux Bahamas ou à Miami principalement. Quand ils sont repris par les garde-côtes, ils sont au moins sauvés de la noyade.

D’autres essaient d’aller dans des pays d’Amérique latine, le Chili, le Brésil, et rejoignent les marches de migrants qui essaient de rejoindre les Etats-Unis. Certains essaient de parvenir dans un des départements français des Antilles.

Le pays le plus proche puisque voisin, la République Dominicaine, n’est pas plus accueillant… même s’il tire un bénéfice de la présence de ces Haïtiens prêt à accepter tout travail.

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Mercredi 29 juin 2022

A 17 heures, je reçois par WhatsApp les résultats des examens de fin d’année de l’école Union des Amis envoyés par Jean-Claude, le directeur de l’école Union des Amis. Vous pouvez les consulter ICI. Je les ai ajoutés aux résultats de mars pour que vous puissiez les comparer et constater que des efforts ont été faits : les résultats sont meilleurs.

J’étais en train de répondre par SMS quand j’ai eu un appel : c’était Jean-Claude qui m’appelait en vidéo depuis la réunion de parents à l’école Union des Amis. Cette réunion de parents a liieu une fois par mois depuis la création de l’école : à l’origine, c’était parce que la majorité des parents étaient analphabètes. Aujourd’hui, beaucoup sont passés par l’école et on pourrait leur faire passer des circulaires. Mais le contact est toujours intéressant et les parents peuvent partager leurs remarques ou leurs questions entre eux et avec les enseignants. La forme est restée la même : un mercredi par mois, les enfants restent à la maison et ce sont les parents qui viennent à l’école !

La communication n’était pas très bonne, et la vidéo sur téléphone est un peu limitée, mais ils m’ont dit qu’ils me voyaient… et moi, je les voyais aussi. Et si vous voulez les voir, cela ressemblait à cette réunion de parents à laquelle j’assistais en 2018. Cela fait plaisir de constater que l’école fonctionne malgré les difficultés. Les parents et les enseignants attendent notre visite ! J’espère que nous pourrons y retourner bientôt. Cela voudrait dire que le pays va mieux. Pour l’instant, les gangs sont toujours au pouvoir…

Tout le monde salue les membres de l’association Timoun Lekòl et remercient pour tout ce que nous faisons pour eux. L’occasion de rappeler que notre aide n’est pas vaine. Les financements que nous recevons sont intégralement reversés et nous n’avons jamais constaté ni gaspillage, ni corruption. L’image du jardin qui attend la pluie pour donner ses fruits est toujours valable : quand l’eau n’est pas gaspillée, les résultats sont là. Si vous voulez participer directement avec votre carte bancaire, je vous redonne l’adresse du site PayAsso qui nous permet de recevoir votre don et de générer un reçu pour votre déclaration d’impôts. Cette opération est gratuite pour vous et pour nous.

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Mardi 7 juin 2022

Surprise cet après-midi : à 15h30, une communication whatsApp avec Jean-Claude François le directeur de l’école Union des Amis. Il était sur place et a activé la caméra de son téléphone pour faire le tour des classes. La communication n’était pas très bonne, les images flottantes et la communication coupée à plusieurs reprises, mais nous avons pu saluer les élèves et leurs enseignants dans toutes les classes. Ils auraient aimé voir les enfants de l’école N-D de la Miséricorde, mais nous n’y étions pas… Cette première « rencontre » est un espoir de pouvoir en faire d’autres de meilleure qualité.

Ils attendent que nous puissions aller leur rendre visite. La dernière fois, c’était en mai 2018. Cela fait 4 années sans pouvoir y aller… Mais la situation ne s’arrange pas. Il faudrait pouvoir atterrir directement à l’école, sans passer par Port-au-Prince. Les gangs se développent et bloquent maintenant quasiment toutes les routes. Ils arrivent aussi en province et les gens ont peur. A l’école, la vie suit son cours…

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Foire agricole à Saint Louis du Nord

J’en ai été informée par Cledner au téléphone. Pour une fois, il avait une nouvelle positive : une foire agricole a été organisée à Saint Louis du Nord à l’occasion du 1er mai, fête du travail et de l’agriculture en Haïti. Beaucoup de gens sont venus y participer. Jean-Wislet, technicien agronome qui travaille avec la Caritas de Port de Paix faisait partie des organisateurs. Nous le connaissons bien parce que pendant son temps libre, il entraîne l’équipe de foot des jeunes de l’école Union des Amis. Il a aussi participé à la formation des paysans que vous avez aidé à financer. Vous pourrez retrouver l’information à la page « formation des paysans ».

Il nous a envoyé des photos que vous retrouverez sur l’album « 1er mai à Saint Louis du Nord ». Cette opération était soutenue également par une ONG allemande : Misereor. C’était l’occasion de présenter la production locale et donner des conseils pour une meilleure alimentation avec les produits locaux. La publicité pour les produits d’importation laisse croire que ce qui vient de l’étranger est meilleur… Et il est plus facile de préparer une boisson avec de la poudre qu’avec un fruit !

J’ai trouvé un article de 2019 qui suggérait qu’on devrait plutôt parler de fête de l’Importation et du Chômage !

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Au téléphone

Surprise : lundi soir, Cledner a eu envie de commenter les résultats de notre élection présidentielle. Il a suivi l’information à la radio, souvent RFI ou « La voix de l’Amérique » en créole. Il a remarqué l’abstention qui augmente dans tous les pays, signe de l’affaiblissement de la démocratie partout dans le monde. Pour ce qui est des promesses électorales, il a un proverbe: « sa kòk chante nan pyebwa, se pa sa l di lè l an ba », ce que chante le coq en haut de l’arbre, ce n’est pas ce qu’il dit quand il est en bas…

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Des nouvelles en image et au téléphone

Jean-Claude, directeur administratif de l’école Union des Amis, nous a envoyé 4 photos de l’école. Il a joué le photographe scolaire en regroupant les enfants : une photo des petits (pré-scolaire, 1ère année) une photo des moyens (2ème, 3ème et 4ème années) et une photo des grands (5ème et 6ème années). Il a rajouté une photo des enseignants. Tous tiennent les drapeaux : celui d’Haïti et celui de la France. Pour les envoyer par WhatsApp, il a dû aller en ville, le réseau près de l’école ne fonctionne pas ou n’est pas assez puissant pour envoyer les photos. Merci à lui. Vous pouvez les voir ICI (en PDF).

Il nous a également envoyé les résultats des compositions faites à la fin du mois de mars.

Nous avons aussi eu une communication téléphonique avec Cledner dont vous pourrez lire le compte-rendu ICI. 

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L’école Union des Amis

Eh bien, la vie continue… Les problèmes du pays ne sont pas résolus, mais « si on ne lutte pas, on disparaît ». Les élèves n’ont pas eu de vacances, seulement les 1er et 2 mars pour mardi-gras.  Dans les mornes, on reste loin du carnaval. Il faut descendre en ville pour y participer. C’est en principe une grande fête dans le pays, mais cette année, la fête a été réduite.

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Bonne année 2022 ?

Au moment de souhaiter une bonne année, l’inquiétude est grande : cette nouvelle année apportera-t-elle « kè sote » comme les précédentes ou « kè poze » auquel aspirent tous les Haïtiens, sur place ou à l’extérieur du pays ? Le cœur sauté, c’est la peur : les manifestations contre la corruption qui ont bloqué le pays, la montée en puissance des gangs qui kidnappent, tuent et bloquent le pays en empêchant les approvisionnement de carburants. Ceci en toute impunité, il n’y a plus de gouvernement et le président est assassiné début juillet 2021. La nature en ajoute le 14 août en provoquant un séisme dans le sud du pays.

Le Nord-Ouest du pays n’est pas à l’abri : située entre deux plaques tectoniques, une faille risque de provoquer un séisme. Elle est surveillée par le Bureau des Mines et de l’Energie à Port au Prince. Elle accumule de l’énergie et risque de provoquer un séisme important. Le dimanche 23 janvier, un séisme modéré, de magnitude 4,3 a été ressenti dans le Nord-Ouest. Ce qui montre que le risque est bien réel. Malheureusement, la priorité des Haïtiens est d’assurer le présent. Ils sont submergés par toutes sortes de difficultés. Cf l’article suivant : « Fè yon peyi, »

Il reste l’espoir pour donner le courage de vivre au mieux. L’école Union des Amis permet aux enfants de vivre leur vie d’enfant. Bonne année à eux, à leurs maîtres et à leurs familles.

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Les résultats des élèves

Jean-Claude nous a envoyé les résultats. Tous les enfants inscrits n’ont pas composé. La situation du pays fait augmenter l’absentéisme parce que les parents ont peur d’envoyer les enfants à l’école, parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter les fournitures, l’uniforme ou même les chaussures…

Il a rajouté ces mots : « Nous sommes armés de courage pour donner aux enfants le pain de l’instruction avec la bonne volonté de l’Association Timoun Lekòl. Qu’elle continue à s’engager afin de soutenir les enfants haïtiens. Bon Noël à tous. »

Cledner nous a parlé de la situation : il n’y a pas de corona parce qu’il n’y a pas d’analyses… En ce moment, il y a une grosse vague de fièvre. Les malades n’ont pas de problème respiratoires, mais ils ont du rhume, de la grippe et beaucoup de fiièvre. Et c’est très contagieux, quand la maladie rentre dans une maison, tout le monde tombe malade…

La situation est d’autant plus désespérante que le pays aurait des moyens, des ressources humaines, des gens qui sont formés… mais il y a une volonté, avec des complicités internationales, de ne pas développer le pays. La violence est arrivée avec les manifestations qui ont commencé en 2016 contre la corruption. Le gouvernement a « lâché » les gangs contre les manifestants, mais ils ont pris le pouvoir. Pour illustrer les propos de Cledner qui parle toujours de l’ingérence des étrangers, un article intéressant de Rezo Nodwes

La vie, c’est une bataille. On lutte. Les gens ont peur et avec la peur n’ont plus les mêmes moyens de lutter. Le peuple aimerait vivre…

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Noël en Haïti

 » Pour Noël, ce que nous allons fêter, c’est le mécontentement… Les cadeaux ce sont les balles. Celles qui partent des armes des gangs qui sont toujours à l’œuvre surtout dans les villes. Les gens finissent par s’habituer à la situation et ils la supportent. Le matin, on se demande si on verra la fin de la journée, et le soir, si on se réveillera le lendemain. Les membres des gangs sont des jeunes qui prennent leur chance : à partir du moment où ils ont une arme, toutes les autorités sont leurs amis. Ils gagnent de l’argent rapidement. Les gangs se retrouvent dans toutes les zones. Le pays est en principe sous embargo des armes, mais le trafic est peut-être organisé par les autorités elles-mêmes qui ont besoin de prendre le pays en otage. La situation actuelle ressemble à ce qui s’est passé avec les Etats-Unis qui ont laissé le pays se dégrader pour intervenir en occupant Haïti de 1915 jusqu’en 1934. L’objectif annoncé étant de protéger les intérêts Etats-Uniens. Si vous voulez en savoir plus, vous pourrez lire un article de « info4haïti » : le long héritage de l’occupation américaine d’Haïti. 

Les jeunes qui ne rentrent pas dans ce système ont du courage ! Pour Cledner, le désespoir n’est pas total : un peuple est toujours capable de se révolter. Mais les gens sont tellement dans la misère qu’ils peuvent être achetés facilement. Quelqu’un qui n’a pas de moyens ne peut pas faire de politique.

Les prix montent toujours plus : un galon d’huile pour la cuisine qui coûtait 350 gourdes (= 3 €) est passé à 550 gourdes (= 4,74 €). Quand on n’a pas l’électricité, les petites lampes à pétrole qu’on appelle « tèt gridap », sont indispensables. On les remplit avec du « gaz blan » qui a le plus augmenté, plus que l’essence ou le diesel pour le motos ou les voitures. C’est donc un poids supplémentaire pour les plus pauvres.

« Nous sommes dans une prison morale ».

L’école Union des Amis fonctionne . Les enfants ont « composé » mais nous n’avons pas encore les résultats. Je les ajouterai ici dès que je les aurai.

La pression faite à l’école, c’est de continuer la scolarité jusqu’en 9ème année, l’équivalent du brevet. Cela permettrait aux enfants de rester sur place et pour quelques jeunes passés par l’université de trouver un emploi et de donner des cours. La possibilité est là, il ne manque plus que les moyens…

Chaque fois que Cledner marche dans les mornes, des gens s’arrêtent pour lui dire ce que l’école a permis de faire évoluer dans la zone où quasiment tout le monde sait lire maintenant.

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Au téléphone le 19 novembre 2021 avec Cledner

La situation continue d’évoluer avec la fuite des paysans vers la ville. Dans les mornes, les gens s’organisent en brigades de vigilance avec des machettes et des coulines (deux sortes d’outils tranchants qui servent aux paysans pour cultiver, tailler, planter…) pour se protéger, mais ils ont peur. La situation n’est pas la même qu’à Port-au-Prince où les gangs continuent d’imposer leur loi et leur violence. Des brigands se sont repliés vers les mornes pour s’éloigner de la police qui a encore une influence dans les petites villes. Les habitants comptent sur les expatriés qui leur envoient de quoi vivre. Et la vie en ville est de plus en plus chère : tous les prix montent du fait de la pénurie. Les besoins augmentent et la famille à l’étranger en subit les conséquences : leurs envois doivent augmenter. Les transferts qui viennent de l’étranger servent aussi à financer les gangs.

A l’école, 230 enfants sont inscrits, mais jusque là, 190 sont venus. Les parents ont peur de les envoyer à l’école. Le 29 novembre, il y aura les examens de contrôle, ce sera l’occasion de faire le point.

Je laisse parler Cledner : « Je n’ai jamais connu une telle situation, même pendant les coups d’Etat ou la dictature. Il n’y a pas d’argent, le coût de la vie monte, les marchandises n’arrivent pas à Saint Louis ni à l’Anse à Foleur puisque il n’y a pas de carburant. Les gens n’avaient plus d’eau, plus de glace et on ne voit pas comment ça peut changer. Ce n’est pas un jeu ! Vous ne pouvez pas vivre ! 

Saint Domingue fournit la nourriture, les marchandises et même l’éducation puisque les jeunes vont à l’université à Santo Domingo. Ce pays se plaint de son voisin et expulse les Haïtiens. Mais il s’enrichit à ses dépens. Les grands pays ne donnent pas leur chance aux petits pays. Ils ne veulent pas les laisser se développer. Le « Core Group », une organisation de pays qui se définissent comme Amis d’Haïti, est plutôt un « syndicat des impérialistes ». Ils nous empêchent d’avancer. Les jeunes ne voient vraiment pas comment sortir de cette situation. »

La situation n’est vraiment pas évidente. Mais le courage est là.

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Au téléphone le 9 novembre 2021 avec Jean-Wislet

Jean-Wislet est un jeune de Mahotière avec qui nous correspondons de temps en temps grâce à WhatsApp. Je vous traduit ici les SMS et l’enregistrement qu’il m’a envoyés. Avec la Caritas, il travaille avec les paysans, développe avec eux l’agroforesterie. Si le projet sport et développement avait été accepté, c’est lui qui l’aurait supervisé avec les jeunes qu’il entraîne au foot régulièrement.

  • Bjr madame Bernard ! Comment allez-vous ?
  • Ca va. Nous suivons la situation en Haïti. Et vous-même, comment allez-vous ?
  • Pas plus mal physiquement ! Mais psychologiquement, ce n’est pas OK.
  • message audio : « nous sommes là ! nous sommes là ! nous luttons, nous suivons. Mais c’est pour la première fois dans l’histoire que le pays se trouve dans une telle situation. C’est extrêmement difficile dans le moment où nous parlons. Vraiment nous travaillons, nous travaillons . Pour la gazoline (c’est l’essence, le carburant qui est vendu par gallon de plus ou moins 4 litres)  le gallon coûtait 250 gourdes (2€). Il est monté maintenant à 2 500 (21€), 3 000 (26€) et même 3 500 gourdes (30€). Le gallon de gaz (c’est ainsi qu’on appelle le pétrole pour les lampes et les groupes électrogènes) se vend maintenant 3000, 3500 gourdes alors qu’il se vendait 205 gourdes. Et tous les prix montent, montent, montent… La vie est vraiment, vraiment, vraiment difficile ».  Le carburant est détourné par les gangs et n’est plus distribué dans les stations services, mais au marché noir avec tous les risques que ça comporte… Les transporteurs qui s’oppose au détournement sont kidnappés ou assassinés.
  • Haïti se trouve dans un chaos total.
  • Je te comprends. Et dans beaucoup d’endroits du monde il y a de gros problèmes. Ce qui me fait plus mal, c’est que Haïti aurait beaucoup de possibilités. Comment une bande de « sans aveux » peut écraser une population à leur guise. C’est comme si le pays était malade sans trouver ni médecin, ni médicament. Prend courage.
  • Merci beaucoup. Mais vraiment nous ne voyons pas d’espoir encore pour le pays. C’est le viol et le kidnapping qui sont à l’honneur. Les autorités ne peuvent jamais prendre une décision. Chaque jour les choses deviennent plus compliquées.
  • Un peuple sans espoir abandonné à lui-même. 

Quand on reçoit de tels messages, c’est troublant. On aimerait faire quelque chose… Malheureusement, on ne peut même pas aller les rejoindre (la dernière fois c’était en 2018)… On doit se contenter du téléphone quand ça fonctionne et quand il a pu être rechargé.

Jean-Wislet ne nous a pas parlé des problèmes rencontrés en ville. Cette vidéo de France 24 nous permet de constater les problèmes d’approvisionnement en eau à Port-au-Prince. La situation du pays est vraiment révoltante…

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La situation à Mahotière

Les gangs ne sont pas aussi présents qu’en ville, mais il y a eu des tirs dans la zone de Lanoix, là ou habitent des élèves de l’école, un peu plus haut dans les mornes de l’Anse à Foleur.

Le nombre d’élèves inscrits à l’école Union des Amis est en diminution. Ils sont tout de même 175. Cette diminution correspond à l’exode rural : les gens partent en ville dans l’espoir de vivre mieux et d’avoir accès à des ressources plus faciles. En fait, ce sont les membres de la famille qui ont pu s’installer aux Etats-Unis qui financent la location d’une maison en ville. En Haïti, la location se fait à l’année. En conséquence, le prix des locations augmente. Les plus pauvres auront du mal à se loger. Cledner m’a donné l’exemple d’une maison qui se louait 9 000 dollars haïtiens pour un an (45 000 gourdes, soit 390€) allait passer à 11 000 (55 000 gourdes, soit 475€) puis à 25 000 dollars haïtiens (125 000 gourdes, soit 1 077€). C’est une augmentation importante. Les propriétaires cherchent à calquer les prix sur ceux des Etats-Unis.

Pour le quotidien, la famille envoie de quoi vivre. chaque mois. Mais la situation des Haïtiens aux Etats-Unis n’est pas toujours favorable et cette aide peut représenter un gros effort et ne pas pouvoir être poursuivie.

Pour Cledner, les dirigeants de son pays les méprise et les piétine. Il se sent en prison dans son propre pays. Rosena aimerait se transformer en oiseau et pouvoir voyager. Beaucoup d’Haïtiens rêvent de quitter leur pays pour vivre mieux.

C’est difficile d’expliquer que la vie n’est pas facile non plus ni en France, ni aux Etats-Unis. Certains ont essayé la République Dominicaine, le Brésil, le Chili. Ils ne sont pas les bienvenus…

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7 octobre

Chaque année, c’est une date qui rappelle les débuts de l’école Union des Amis. Cette année, j’ai reçu un message WhatsApp de Jean-Claude, un ancien élève qui est maintenant professeur et a organisé un collège à Duty avec les moyens du bord.

Depuis, j’ai appelé Cledner qui n’est pas très en forme. Il a de la fièvre et les médicaments lui font mal à l’estomac. Je crois que la situation de son pays n’arrange rien… Il m’a confirmé que les enfants ne sont pas tous rentrés le 21 septembre. Tous les ans, c’est compliqué de les rassembler parce que l’uniforme n’est pas terminé, les parents n’ont pas pu acheter les fournitures. Tout cela est dû à la situation du pays. S’ils n’ont pas été touchés par le tremblement de terre du mois d’août dans le sud, ils sont touchés par l’augmentation du coût de la vie.

Si vous voulez nous aider à leur envoyer un supplément pour les fournitures, vous trouverez un formulaire ICI.

Vous pouvez également faire un don directement avec une carte bancaire, via le site PayAsso du Crédit Mutuel qui nous permet de le recevoir directement sur notre compte. Nous pourrons dans tous les cas vous faire un reçu pour les impôts.

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La rentrée 2021

L’école Union des Amis se préparait pour une rentrée le 6 septembre. A cause de la situation du pays, elle est reculée au mardi 21 septembre. Les enseignants sont prêts, les élèves aussi. Les parents auront davantage de temps pour préparer les uniformes et le matériel scolaire. Mais les ressources, elles resterons limitées… Ce ne sera pas plus facile le 21 septembre que le 6 septembre.

Nous allons tout de même leur souhaiter une bonne rentrée. Merci à ceux qui ont déjà envoyé leur participation pour nous permettre de leur envoyer un financement pour les fournitures scolaires.

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Le séisme vu du nord du pays

Le séisme a été ressenti dans toutes les régions du pays, mais il n’y a pas eu de dégâts. Par contre, la situation de la zone est désastreuse. L’inquiétude est grande pour savoir comment trouver le minimum pour vivre. Le cyclone n’a pas fait les mêmes dégâts, mais il a provoqué de fortes pluies et des vents forts qui font tomber les fruits avant leur maturité, qui font tomber les arbres, qui provoquent des glissements de terrain. « C’est comme si on vivait en permanence en état de crise ».

Les vacances vont se terminer. Pour la rentrée, la difficulté sera l’achat des fournitures. Nous avons l’habitude de leur envoyer un supplément. Nous avons besoin de votre aide financière. Vous trouverez un formulaire sur la page « Pour participer ». MERCI

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Le projet sport et développement

Les jeunes qui animent les équipes de foot de la zone auraient bien mérité de pouvoir financer leurs efforts avec le soutien de l’ONG Sport et Développement. Mais il a été refusé. Vous trouverez sur ce PDF l’avis du jury suivi des remarques de l’associations et celles de Jean-Marie qui nous a aidé à le présenter.

Suite à l’assassinat de leur président, j’ai demandé à Jean-Claude de me faire un petit commentaire : « Haïti est un pays dans lequel les jeunes s’effondrent par le vent balayant dans son irrésistible furie. Pas de capitaine digne, pas de passager digne. Le bateau fera naufrage. »

La situation du pays est telle qu’ils ne voient pas d’issue. Beaucoup d’entre eux tentent de fuir ce naufrage, mais la tempête est aussi destructrice ailleurs. L’école Union des Amis est comme une bouée qui tient malgré les difficultés.

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La fin de l’année

Les enfants de l’école Union des Amis sont maintenant en vacances. Ils ont bien travaillé comme le montrent les résultats envoyés par Jean-Claude, un des instituteurs. Cette année, ils étaient 205 inscrits. Cledner a considéré que les enseignants avaient mérité une prime de fin d’année. Pour les encourager, il leur a donné 2500 gourdes chacun (25€).

Pour Pâques, ils avaient fait une fête, celle qu’ils n’avaient pas pu faire à Noël. Ils avaient fait des photos avec leurs téléphones, mais comme il n’y a pas toujours de réseau, elles ont tardé à arriver jusqu’à nous. Il n’est jamais trop tard… Cela nous permet de revoir les enfants, il y a même une vidéo… Allez voir, c’est là ! Vous pouvez constater que nos efforts ne sont pas vains. L’école fonctionne malgré les difficultés.

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Au téléphone le 13 avril 2021

Cledner est bien sûr au courant des kidnappings. Il suit les informations à la radio. Il constate lui aussi que toutes les personnes peuvent être kidnappées : des riches, des pauvres, des intellectuels, des religieux, des chefs d’entreprises, des médecins, en toute impunité. La police n’intervient pas…

Il a entendu que la France avait commencé une enquête. Il espère qu’elle va pouvoir aboutir. La police haïtienne « pourrait la faire mais ne peut pas »… et le président Jovenel Moïse n’intervient pas. On lui reproche de ne jamais s’exprimer sur les kidnappings, même s’ils concernent des proches du pouvoir. Il a seulement déclaré à l’ONU qu’il avait démantelé 64 gangs, dont « 400 Mawozo », celui qui a enlevé les religieux… Il n’a jamais fait aucune déclaration en direction des familles affectées. Il se contente de s’accrocher au pouvoir et demander une constitution qu’il n’a pas le droit de changer.

Cledner m’a redit que la communauté internationale, en soutenant le président, méprise la constitution du pays et le peuple qui réclame le départ de ce président qui ne fait rien contre la corruption et la violence.

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Le 1er janvier 2021 à Saint Louis du Nord

Au milieu de toutes les difficultés, Cledner a pu vivre un moment de bonheur et de joie ! J’ai eu envie de le partager. Quand je lui ai demandé si l’année avait bien commencé, il m’a répondu que oui.

D’abord, Chacha s’est levée à 5 heures pour préparer la soupe giraumon (la recette est ICI) comme tous les ans. En 2020, je vous en avais déjà parlé (voir plus bas). Traditionnellement, elle est préparée et partagée avec tous ceux qui passent à la maison dans la journée.

Et la surprise est venue de ceux qui sont passés : la belle-sœur de Cledner, et ses enfants. Ils sont arrivés à 6 avec de quoi fêter Cledner : un gâteau, du « champage », et une plaque d’honneur. En France, nous n’avons pas l’habitude de cette forme d’expression de gratitude comme cela se fait au Canada. A l’occasion des 25 ans de l’école union des Amis, une plaque avait été réalisée pour l’association Timoun Lekòl et une autre pour Geneviève GREVÊCHE-LERAY

Et pourquoi cette fête ? Il y a une quinzaine d’années, le frère de Cledner, mari d’Aséfie, est mort brutalement en rentrant de son travail dans ses jardins. Il laissait plusieurs enfants encore scolarisés. Cledner les a soutenus et leur a permis de terminer leurs études. En cette nouvelle année, ils ont voulu manifester leur reconnaissance. Il manquait 2 nièces qui n’ont pas pu faire le déplacement.

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Après « quelle année 2019 », quelle année 2020 !

En descendant la page, vous pourrez revoir les événements passés. l’année 2019 avait été marquée par le « peyi lòk », le pays bloqué. Cette année 2020, a été marquée bien sûr par la pandémie du coronavirus, mais pour les Haïtiens la montée de la violence et de la criminalité a été plus importante encore (vous pouvez relire la page actualité du pays).

Les enfants sont en vacances comme nous, mais la rentrée n’est pas assurée le 4 janvier. Pour Cledner, les enseignants seront là, fidèles au poste, mais tous les enfants ne seront pas présents la première semaine… Les parents attendent de voir si tout se passe bien pour envoyer leurs enfants à l’école. En ville, c’est encore plus difficile à cause du climat d’insécurité. La directrice, Rosena, se désole de ce qu’une génération de petits Haïtiens soient privés d’enseignement.

Pour 2021, on ne peut que formuler des vœux pour une vie meilleure… avec la crainte qu’ils ne puissent se réaliser. Nous leur souhaitons également du courage pour continuer la lutte pour envoyer les enfants à l’école. Eux souhaitent également une bonne année 2021 aux amis de France et particulièrement aux membres de l’association Timoun Lekòl.

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Le 12 décembre 2020

J’ai eu Rosena la directrice qui se désole de la situation : beaucoup d’écoles sont fermées et cela veut dire que des enfants ne seront pas scolarisés et resteront analphabètes. Pour l’école Union des amis, elle a essayé de motiver les parents pour envoyer leurs enfants, mais beaucoup ont des difficultés financières, d’autres ont peur de la maladie et de la violence. Certaines familles ont quitté la zone dans l’espoir d’une vie meilleure en ville.

Pour Cledner, les pays soi-disant amis d’Haïti soutiennent plus le président que le peuple. Il s’agit du « Core Group » , une association de différents ambassadeurs présents en Haïti qui donnent leur avis sur les actions du gouvernement, un avis plus ou moins accepté.

Quand il parle de l’atmosphère qui règne jusque dans les petites villes de province, il trouve que c’est plus angoissant que du temps de Duvalier. Dans les rues, les gens se méfient s’ils se sentent suivis par quelqu’un qu’ils n’ont jamais vu. Les kidnapping existent partout en toute impunité.

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Le 19 novembre 2020

L’école a bien repris le 9 novembre, mais avec peu d’enfants. Les écoles tardent à ouvrir à cause de la situation du pays. Le plus grave, ce n’est pas l’épidémie de COVID19, mais la violence. Les actes répréhensibles étant impunis, les actes violents se multiplient : rapts, vols, assassinats. Saint Louis du Nord est touché. Les bandits s’attaquent à tout le monde, même les pasteurs. Les gens ont très peur et ne sortent plus le soir ou la nuit. De plus, le trafic de drogue se poursuit. La police a tout de même arrêté deux trafiquants le 14 novembre dernier.

En même temps, les prix auraient dû baisser avec l’augmentation de la valeur de la gourde. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Et quand les Haïtiens vivant aux Etats-Unis envoient des dollars, les familles reçoivent moitié moins de gourdes…

Comme on dit en Haïti : « On est là ! On tient ! »

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Au téléphone le 19 octobre 2020

Ce soir, c’est Cledner qui appelle. Il a suivi les informations internationales à propos de la recrudescence de la COVID et de l’assassinat du professeur d’histoire et s’inquiète pour nous. Il avait envie de savoir si tout se passait bien à Angers.

Là-bas, tout le monde va aussi bien que possible mais la situation du pays est très compliquée : des assassinats, de la violence, et une situation économique en crise. Début septembre, la gourde a brutalement monté face au dollar : de 125 gourdes pour 1 dollar début septembre, elle est passée à 62 gourdes (taux de change du 20-10-2020). Quand on leur envoie un financement, ils reçoivent moitié moins de gourdes. Pour l’économie du pays, il y a du positif et du négatif, mais les plus pauvres n’y trouvent pas leur avantage.

A l’école, moins d’enfants sont présents parce que les parents ont peur de la COVID. Et le Ministère a demandé que les petits des classes de préapprentissage restent chez eux. De plus, depuis le 4 août, ils étaient rentrés pour terminer l’année scolaire 2019-2020. Fin septembre, ils ont fait les examens de fin d’année. Sur 161 présents, 118 ont été eu la moyenne (73%). Pour la classe de 6ème année, celle qui correspondait au certificat, ils étaient 13. 2 ont décroché et les 11 qui restaient ont eu la moyenne.

La rentrée 2020-2021 se fera le 9 novembre prochain. Elle a déjà été préparée par une réunion de parents et de professeurs. La vie continue malgré toutes les difficultés. Comme dit Cledner, le monde marche à l’envers.

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Au téléphone le 30 août 2020

J’ai eu d’abord Rosena, la directrice de l’école Union des Amis qui est découragée par le pays. La maladie COVID19 est présente, mais les gens n’y croient pas. Ils pensent que ce sont des mensonges pour que certains gagnent plus d’argent… Les masques (qu’ils appellent logiquement des « cache-nez ») ne sont pas forcément bien utilisés. Elle se désole pour son fils qui va au collège mais les professeurs n’y sont pas…  Elle m’a dit que l’école Union des Amis est la seule école rurale qui a repris ses activités dans le secteur. Cledner m’a précisé que c’était une habitude : eux respectent la date de rentrée et les autres attendent 3 semaines avant de démarrer… Les parents d’élèves de l’école Union des Amis ont été mobilisés par une réunion pour commencer l’école le 10 août, mais les parents hésitent à envoyer leurs enfants à temps. Ils attendent de savoir s’ils seront en sécurité et si les enseignants seront là pour les accueillir. Les professeurs de l’école Union des Amis habitent dans les mêmes zones rurales que les élèves. ils font des motivations dans leur secteur particulier pour encourager les parents à envoyer leurs enfants à l’école et encourager les enfants à revenir. 

Le cyclone Laura a apporté beaucoup d’eau et du vent. Il y a de gros dégâts matériels, mais pas de blessés ni de morts comme dans le sud du pays. A chaque passage de cyclone, nous constatons que Haïti est plus touché que les pays voisins. La cause en est le manque d’entretien des villes : les déchets traînent dans la rue, les égouts ne sont pas curés et les constructions sauvages se font à flanc de colline ou sur le bord des ravines qui se transforment en torrents impétueux en cas de pluies. Les maisons sont emportées, les arbres tombent sur elles.

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Naufrage

Le 19 août 2020, nous découvrons une vidéo prise au débarcadère de Saint Louis du Nord que nous connaissons bien : un bateau de transport qui allait à l’île de la Tortue a chaviré et un badaud présent a filmé le retour des corps inanimés. Depuis que je vais en Haïti, j’entends parler de naufrages : les bateaux sont souvent surchargés, les mesures de sécurité n’existent pas… Ce genre d’événement ne sort pas de la région. C’est une fatalité à laquelle on espère échapper. Cette fois, avec les réseaux sociaux, l’événement est devenu national avec une intervention du Président de la République, le responsable du Service Maritime et de Navigation d’Haïti (SEMANAH) déplore que les passagers n’aient pas respecté les consignes de sécurité. Pour mieux comprendre la situation, je vous ai préparé un document avec des photos sur lequel vous trouverez des liens vers des sites d’informations haïtiens. Vous pouvez aussi cliquer sur ce dossier de presse.

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A propos de maladies en Haïti

A l’occasion de cette épidémie de coronavirus, un rappel de ce à quoi ont été confronté les Haïtiens depuis le séisme de 2010.

Choléra en 2010-2011, chikungunya en 2014, COVID19 en 2020. A chaque fois, la réponse de l’Etat est quasiment nulle. Pour le choléra, c’est Cledner qui a assuré l’information des familles en milieu rural avec des agents de santé (financés par l’association Timoun Lekòl) formés par les dispensaires locaux. Cela a permis de réduire le taux de contamination en expliquant aux gens comment fonctionne la maladie pour mieux s’en défendre. Pour le chikungunya, transmis à l’homme par le moustique, Cledner avait participé à une rencontre avec les autorités locales et les représentants des 3 dispensaires avec lesquels il avait travaillé à l’occasion de l’épidémie de choléra. L’état a « donné » 300 comprimés de paracétamol, (vous avez bien lu 300 comprimés et non 300 boîtes) pour chaque dispensaire qui couvre une population de 15 à 17 000 personnes ! Pour la Covid19,  c’est Jean-Renel (son texte est sur la page de la situation du pays) qui exprime sa déception : à l’occasion d’une rencontre des directeurs des écoles nationales avec les autorités, il attendait du matériel : savon, désinfectant, masques… Encore une fois, RIEN ! Les gens se débrouillent et comptent sur leur connaissance des plantes médicinales, « les médecines-feuilles » que développe Célitane dans ses vidéos (cf. ci-dessous)

Sur la page de l’actualité du pays, je vous ai mis des articles sur la gestion du choléra.

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 Jeudi 13 août 2020 : la rentrée ou la pseudo-rentrée

J’ai eu Cledner au téléphone qui m’a confirmé que l’école allait bien reprendre le 17 août. Il a organisé une journée de concertation avec les enseignants pour mettre en place les recommandations du ministère… En 50 jours de travail, ils devront terminer le programme, faire passer les contrôles, avant d’avoir un peu de congés et reprendre la nouvelle année scolaire 2020-2021 au mois de novembre. Il a aussi organisé une réunion de parents pour les informer. Ce sera sûrement très compliqué, surtout pour les écoles rurales. Vous pourrez trouver un complément d’information sur la page l’actualité du pays. 

Tout le monde aspire au « kè poze », le cœur tranquille… En Haïti, les causes de stress sont nombreuses : le manque d’argent, la violence, les problèmes climatiques, les conditions de vie sans eau courante, sans électricité, sans téléphone, sans moyen de transport … « On tient bon », c’est le leitmotiv…

Cette année les cyclones s’annoncent plus nombreux et plus forts. Vous trouverez plus de détails sur la  page de l’actualité du pays.  

A la fin de l’entretien, il tient à féliciter les Français, enfin ceux du Paris Saint Germain qui ont gagné leur match de qualification après 90 mn ! Il avait suivi le match à la radio comme beaucoup d’Haïtiens.

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Célitane – mercredi 12 août 2020

J’ai eu des nouvelles de Célitane, une amie commune qui a toujours été très engagée. Je la connais aussi depuis 1978. Elle a participé au mouvement des paysans du Nord-Ouest, a fait des animations pour les femmes, a essayé de développer des fabrications artisanales à partir des produits locaux : cacao, farine d’arbre à pain, confitures… A Saint Louis du Nord, elle participe à des émissions de radio sur l’utilisation des plantes médicinales. Elle a maintenant rejoint ses enfants à Port-au-Prince et fait des vidéos pour informer les gens sur les plantes médicinales qui peuvent être utiles contre toutes sortes de maladies et même la COVID19. Elle se base sur son expérience à partir aussi d’une formation reçue quand elle était jeune. Son émission s’appelle Kozri medsin natirèl, causerie sur les médecines naturelles. Vous pourrez mieux les apprécier si vous comprenez le créole mais vous pouvez aussi constater le sérieux de son travail.

Sélitane m’avait parlé des violences qui n’était pas contenues seulement à Port au Prince et dans les grandes villes, mais les brigands cherchent l’impunité en province. Cledner ne m’en avait pas parlé, mais la délinquance se développe effectivement à Saint Louis du Nord aussi : des hommes armés pénètrent dans les maisons, à toute heure, et sous les yeux des gens présents chez eux, ils pillent et violent… Vous pouvez voir un article sur le site de Vent Bèf Info qui « raconte » un acte de pillage.

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 2 août 2020 : COVID 19, Isaïas, rentrée…

Si c’est une préoccupation ici, là-bas, la Covid 19 est présente aussi. Les cas ne sont pas très nombreux, et si quelqu’un est au plus mal, on accuse la maladie, sans avoir de tests pour l’affirmer. Mais elle attaque surtout les gens qui étaient déjà malade. Les autres, s’ils se sentent un peu fiévreux ou fatigués se soignent comme ils en ont l’habitude, avec les plantes médicinales qu’ils connaissent bien. Et ça marche…

Isaïas, c’est le nom du cyclone qui est passé sur le nord de l’île. Il y a eu beaucoup de vent et de pluies qui ont fait des dégâts sur des maisons et surtout sur la végétation. Les récoltes ont beaucoup souffert : les bananiers sont cassés, les ignames dont les lianes poussent sur les arbres ont été arrachées, les fruits presque mûrs comme les mangues, les avocats, les fruits de l’arbre à pain sont tombés.

Pour l’école, c’est encore les vacances, même si Cledner pense à la rentrée. Nous leur avons envoyé 1500 $ pour aider au financement des fournitures.

L’année 2019-2020 a été très perturbée d’abord par le « pays bloqué » qui a reporté la rentrée jusqu’en novembre puis par la Covid 19 qui a fait fermer les écoles le 15 mars. Les écoles sont appelées à reprendre du 10 août à fin septembre pour récupérer 50 jours sur les 120 qui ont été perdus… Début octobre, les élèves passeraient les examens de fin d’année 2019-2020 et une nouvelle rentrée pourrait se faire début novembre… Ces dates ne sont pas encore fixées officiellement, mais un communiqué officiel  présente une « reprise des activités scolaires » pour terminer l’année 2019-2020, sans préciser la date de la rentrée de 2020.

La crainte de beaucoup d’enseignants, c’est que les enfants soient en échec scolaire et abandonnent l’école. Pour une analyse approfondie, vous pouvez lire un article d’AlterPresse. Le nombre de ces abandons augmentera avec la situation économique désastreuse des parents. Pour l’école Union des Amis, ce sera encore plus compliqué après le cyclone Isaïas, le premier de la saison.

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Au téléphone le 18 juin 2020

Tout d’abord, tout le monde est en forme. La maladie ne se propage pas trop dans le Nord-Ouest. Mais tous les gens ont peur : rien n’est fait par les autorités, à part les annonces et les réglementations : confinement, port du masque, lavage des mains, etc… De plus, les gens ont perdu toute confiance dans leurs dirigeants.

Le président a annoncé que chaque Haïtien recevrait par téléphone 3 000 gourdes (≈ 25 €) pour les aider dans cette période difficile. Dans le Nord-Ouest, personne n’en a vu la couleur… peut-être les sympathisants du parti du président, le PHTK, eux, ont-ils été servis. Officiellement, 75 000 personnes ont déjà reçu leur part, mais selon la Digicel, la compagnie de téléphone chargée d’assurer les transferts dont les frais avaient été judicieusement augmentés en février, ils confirment que 23 000 personnes ont eu leur transfert.

« Tout ça, c’est fait pour endormir les étrangers qui envoient des fonds qui se retrouvent dans les poches. »

Les hôpitaux du pays sont en piteux état : des organisations de l’opposition ont fait du nettoyage (au sens propre…) des médecins ont démissionné pour cause d’absence de matériel, des services d’urgence ont été fermés dans plusieurs ville, comme à Port de Paix. Cledner ne sait pas si l’hôpital de la Pointe, le plus sérieux de la région, à mi-chemin entre St Louis du Nord et Port de Paix est en état de traiter la COVID19. « Heureusement, la santé des Haïtiens est résistante… C’est la nature qui maintient la santé. »

Les dispensaires n’ont bien sûr aucune consigne, aucune aide de l’état. Parfois, des ONG apportent du matériel, des médicaments. Pour ceux de Duty et de Dupont, c’est Cledner au nom de l’école Union des Amis qui a donné 3 000 gourdes pour acheter au moins du savon.

Les écoles sont fermées. Que vont devenir les enfants ? Dans certaines écoles, les directions demandent aux parents de régler 5 ans de scolarité pour être sûr que les enfants restent dans leur école. Dans le cas où les écoles ferment, les parents seront-ils remboursés ? L’école Union des Amis ne fonctionne bien sûr pas comme ça.

Et les prix montent : la petite boîte de lait concentré sucré coûte 50 gourdes. La course à moto pour aller de St Louis à la Rivière des Barres est à 50 gourdes également. Et pour continuer jusqu’à l’Anse à Foleur, ça coûte 250 gourdes. Mais  aujourd’hui, une pénurie de carburant, réelle ou provoquée, aura pour conséquence que les chauffeurs pourront imposer leur tarif…

L’état est démissionnaire… Malgré les sommes importantes qui sont annoncées, rien ne se fait. Cledner me redit une expression créole reprise par Préval : « Nager pour sortir… ». Un proverbe haïtien dit : degaje pa peche… Se débrouiller n’est pas un péché.

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31 mai 2020

Sur Internet, je découvre qu’un tremblement de terre a eu lieu ;

Dimanche 31 mai 2020 (rezonodwes.com)– Un séisme de magnitude 4,7 a été signalé dans le nord d’Haiti à l’aube du dimanche 31 mai 2020, vers les 3 h 44. L’épicentre est situé à 19 km de la commune de l’Anse à Foleur, située dans le département du Nord’Ouest. La secousse a également été ressentie dans le département du Nord. Cependant, les autorités n’ont pas encore rapporté de dégâts ou de perte de vie humaine.séismes N-O

L’ingénieur sismologue Claude Prépetit, Directeur Général du Bureau des Mines et de l’Énergie (BME) se dit très préoccupé par le nombre de secousses sismiques enregistrées dans le grand Nord d’Haïti depuis le début de cette année affirmant « Ce département est celui qui a été le plus secoué. »  Pour le mois d’avril par exemple, nous avons, à travers le réseau de surveillance sismique, enregistré 64 secousses sismiques de magnitude allant de 1.4 à 3.4. Plus de la moitié ont été localisé dans le département du Nord-Ouest. »

Au téléphone, Cledner me dit qu’il l’a bien ressenti, et que des voisins en panique sont tout de suite allés se réfugier sur la place de St Louis du Nord. Ils se méfient aussi du tsunami qui pourrait se former après un séisme en mer. Mais il a confirmé qu’il n’y avait pas de dégâts. Les plus gros dégâts sont provoqués par l’augmentation du coût de la vie avec la dévaluation de la monnaie. Il faut maintenant plus de 100 gourdes pour un dollar, un sommet psychologique… (lors de mon premier séjour en 1977, il en fallait 5…)

Pour ce qui est de la COVID19, aucun cas n’a été signalé à St Louis du Nord, sinon des rhumes et grippes habituels. Et comme les autorités ne proposent rien, ils se débrouillent avec les moyens du bord, en gérant leurs craintes…

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Cette photo de Jean-Wislet (qui avait assuré les premières formations des paysans) et qui travaille avec la Caritas montre la fabrication d’un « poste de lavage de mains ». Pour que l’eau tombe, il suffit d’appuyer sur une « pédale » au bout de la ficelle. Elle tire le bidon et en le basculant, c’est comme un robinet ! Tout le monde n’a pas accès à un seau de 25 litres muni d’un robinet (1000 gourdes = 8,25 €) co90948232_1632856106866626_1725018763411062784_o (3)mme le propose cette publicité en précisant : vous avez besoin d’un seau comme celui-là devant votre porte.

Avant de se quitter, Cledner m’a rappelé qu’ils avaient fêté les mères le 31 mai.

A l’école Union des Amis, ils Ils souhaitent une bonne fête à toutes les mamans de l’Association Timoun Lekòl et ils ont ajouté Geneviève comme « Maman de l’école » avec Cledner comme « Papa de l’école ».

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24 avril 2020

« D’abord un grand merci à l’association Timoun Lekòl : les dispensaires qui ont reçu une aide de l’école Union des Amis sont vraiment très contents. Et si cela a pu se faire, c’est grâce à votre soutien.  Une autre action a pu être réalisée pour Pâques : 50 familles ont reçu une aide alimentaire.

Pour l’épidémie, la zone de Saint Louis n’est pas trop touchée. Les gens prennent des précautions. Les marchés ont lieu chaque jour, mais il y a moins de clients. A Port-de-Paix, il n’ a plus que 3 marchés par semaine. La vie continue, mais c’est vraiment difficile. Le pays manque d’un modèle pour se développer. Les responsables se contentent de dépenser l’aide indispensable au pays mais qui n’arrive pas là où elle devrait. »  Cledner

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Au téléphone le 16 avril 2020

A la voix, le courage est là. Mais la situation est « dérespectante » comme on le dit en créole. Un vrai manque de respect pour les populations éloignées qui doivent se débrouiller : les dispensaires de la zone n’ont reçu aucune information spéciale sur ce virus, sinon celles qui circulent sur les réseaux sociaux par les téléphones et les radios. Les gens ont perdu confiance dans leurs dirigeants qui reçoivent de l’argent dont ils ne voient pas le résultat :

en 2010 après le tremblement de terre : où sont passés les millions de dollars pour la reconstruction ?

en 2011 : l’ONU a été reconnue coupable de la propagation du choléra. Des millions ont été envoyés pour dédommager les victimes : rien n’est arrivé jusque chez eux, alors que des gens ont été malades et en sont morts.

en 2018, des manifestations s’amplifient pour réclamer les fonds PetroCaribe Cela débouche sur une année 2019 avec un pays complètement bloqué. Vous pouvez retrouver tout cela ci-dessous.

En 2020, les écoles des villes recommencent à fonctionner seulement en janvier et arrive ce virus qui les atteint aussi. Le plan du ministère de la Santé Publique détaille en 57 pages ce qu’il convient de faire pour lutter contre le COVID19 . J’en ai ressorti le budget que j’ai transcrit en euros que vous pourrez consulter pour savoir ce qui devrait être fait des 35 millions d’euros.

Encore une fois, les fonds disparaissent puisque les dispensaires de la zone de l’école n’ont rien reçu : pas de formation, pas de conseils, pas de moyen d’avoir de l’eau pour se laver les mains, pas de protection… C’est l’école Union des Amis qui s’engage avec un don de 15 000 Gourdes (150 €) pour acheter du savon et du désinfectant. Le gouvernement prône les mesures pour éviter la propagation du virus, mais ne donne aucun moyen, sinon à ceux qui sont bien placés dans le circuit de distribution de l’aide. « Dans une situation fragile, on doit s’organiser » dit Cledner. Pour les familles autour de l’école, il a également acheté du riz et de l’huile pour que les gens puissent manger.

C’est plus difficile de leur envoyer l’argent, mais avec WhatsApp, les contacts sont plus faciles. Nous envoyons par petites sommes. Jusque là, c’était plus sécurisant que les banques, mais la délinquance se propage tellement…

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Les inquiétudes pour nous

A l’annonce du COVID 19, les amis se sont inquiétés pour nous. Le téléphone a pu les rassurer. Ils suivent à la radio ou sur leur téléphone ce qui se passe en France.

24 mars : les inquiétudes sont maintenant pour tout le monde. Vous trouverez sur la page de l’actualité du pays les derniers développements de la situation là-bas. Quand on connait le pays, un virus a toutes les facilités pour se propager, malgré les déclarations du président et du ministère de la santé. Un article du Nouvelliste parle de la peur de la population.

Pour Cledner, que nous avons appelé ce vendredi 27 septembre, le confinement imposé par le gouvernement ne correspond à rien. A Saint Louis du Nord, la vie continue avec les mêmes préoccupations pour survivre : où trouver les ressources ? Il a aussi entendu parler de la chloroquine, puisque c’est un médicament qui soigne la malaria. Mais depuis quelques années, les cas de malaria ont diminué et il n’est pas sûr que le remède miracle soit disponible. Ils se sentent donc vraiment abandonnés à leur sort. L’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) à Port au Prince n’est pas en état de fonctionner…  Heureusement, des médecins et infirmiers cubains continuent de soutenir la santé en Haïti. (Ils sont présents depuis quelques années déjà. Je les ai vus dans le Nord-Ouest. J’avais été touchée par une médecin dont la grand-mère haïtienne avait fui son pays. Elle retrouvait ses origines.)

Cledner a aussi entendu parler de ce Belge de retour en Haïti. Pour lui, c’est un manque de respect. Comment respecter un pays dont les dirigeants ne respectent pas sa population ?

Avec le peyi lòk en 2019, les violences et les blocages, nous pensions que le pays était arrivé au plus bas… La descente risque de continuer… Par contre, j’ai pu envoyer l’argent du fonctionnement de l’école. Nous rattrapons notre retard au fur et à mesure. Sur place, les amis prêteurs pourront être remboursés.

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Un début d’année avec sa peine

Le dernier coup de téléphone avec Cledner, hier 14 janvier, nous a appris un événement grave qui a secoué l’école Union des Amis : un petit élève de 2ème année est mort brutalement la semaine dernière après une forte fièvre. Comme d’habitude, là-bas, on ne connaît pas les raisons exactes. Les parents l’ont emmené à l’hôpital sans succès. Nous offrons nos condoléances à la famille et toute notre affection à son frère jumeau.

Pour ceux qui voudraient savoir comment ça se passe pour les parents d’élèves de l’école Union des Amis quand ils ont un enfant malade, vous pouvez cliquer ICI.

Dimanche 23 janvier 2020 : le téléphone fonctionne à l’école. J’ai pu appeler Kerline, une institutrice à l’école Union des Amis. Elle m’a parlé de ce petit garçon de 11 ans qui a été emporté rapidement. Les parents ont constaté qu’il avait le visage enflé. Au dispensaire, on leur a dit qu’il devait s’agir d’une infection. Ils n’ont pas fait d’analyse. Comme les médicaments ne faisaient pas d’effet, ils l’ont emmené à l’hôpital de la Pointe. Là, la fièvre est montée et le médecin leur a dit que c’est une grippe qui l’a emporté. Dans cette famille, il y avait les jumeaux, puis un autre garçon, inscrit lui aussi à l’école et une petite sœur qui n’est pas encore à l’école.

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2020

Pour commencer l’année en Haïti, on prépare la « soup joumou », la soupe au giraumon, une sorte de courge, en souvenir du 1er janvier 1804, date de l’indépendance d’Haïti après la révolte des esclaves qui avaient vaincu, le 18 novembre 1803, les troupes de Bonaparte à Vertières, dans le nord du pays. La soupe, réservée aux maîtres, est devenue le symbole de la liberté. Aujourd’hui, on partage ce plat dans le pays et également dans la diaspora, P1110163en France ou ailleurs. Pour les Haïtiens qui ont dû quitter leur pays, c’est incontournable : sur les réseaux sociaux, les photos circulent qui ressemblent à celle-ci. C’est la soupe que j’ai réalisée et que nous avons partagé avec des amis.

En Haïti, la situation du pays n’a pas permis à tous d’en profiter :  au téléphone, Cledner m’a dit que « des giraumons étaient à vendre sur le marché mais que beaucoup sont restés invendus. Les familles n’ont pas eu les moyens d’en acheter cette année… Le pays est tellement dans la misère. Où trouver l’espoir ? Il y a de belles paroles mais peu d’actes. Le peuple haïtien est pris en otage par des politiciens de tous bords qui mettent en avant leurs intérêts personnels. C’est comme s’il y avait une volonté de ne pas donner sa chance au pays. L’Etat préfère employer des gens sans capacité plutôt que des gens sérieux. Les malheureux ont besoin d’organisations pour leur porter secours, ce n’est pas normal. Les puissances étrangères qui ont vendu Haïti se disent amies d’Haïti mais les relations sont basées sur leurs intérêts. Le peuple veut travailler en partenariat non pas comme des enfants, des restavèk (du nom des enfants qui restent dans une famille à qui on les confie si on n’a pas de moyens et qui sont corvéables à merci) ou même des esclaves.

 L’Union des Amis a permis à 184 élèves de « composer ». 102 ont eu leur moyenne. Les épreuves ont été préparées par les enseignants puisque le Ministère de l’Education Nationale ne les a pas envoyées. (L’année scolaire a été très perturbée, surtout dans les villes où une majorité d’écoles n’ont pas fonctionné. L’Etat a donc organisé le réaménagement de l’année scolaire .)

Nous espérons que malgré les difficultés, nous ne nous découragerons pas. Nous avancerons dans la mesure de nos capacités.

Nous souhaitons une bonne année à l’association Timoun Lekòl qui nous est fidèle. » (transcription de la conversation du 1er janvier 2020 avec Cledner)

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Quelle année 2019 !

En arrivant à la fin de cette année, on se dit qu’elle a vraiment été difficile. Pour ce début du mois de décembre, il y a une petite accalmie au plan des manifestations. Dans le Nord-Ouest, un département isolé, les écoles ont pu reprendre depuis le mois de septembre. A l’Union des Amis, 230 élèves sont assidus, ainsi que leurs maîtres, malgré le fait qu’ils ne peuvent pas récupérer l’argent qu’on leur envoie. « On se débrouille »…

Les enfants pensent à Noël, mais savent qu’ils ne seront pas gâtés. La famille qui vit à l’étranger ne pourra envoyer ni cadeaux ni argent… Les envois par Western Union qui est le principal moyen de transfert dans la zone ne peuvent pas se faire : il n’y a pas d’argent liquide. Quelqu’un qui attendait un transfert de 500 $ n’a pu l’avoir. Pour Cledner, on ne voit aucun préparatif. On ne sent pas l’approche d’une fête. Les gens pensent plutôt à s’organiser pour vivre ou survivre.

A l’école Union des Amis, les enfants font leurs « compositions ». D’habitude, l’école organise un petit goûter pour marquer Noël. Cette année, rien n’est prévu pour le moment, peut-être une petite fête en janvier.

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Au téléphone le 22-11-2019

Ce soir, l’appel a été de très mauvaise qualité… Mais Cledner avait beaucoup de choses à nous dire. Tout d’abord, il nous a parlé de son découragement : son pays n’est pas vraiment un pays. Le peuple est trop méprisé… Le comportement des dirigeants, la corruption, s’aggrave. Les « pays impérialistes »  qui se disent amis des Haïtiens, sont là pour leur propre avantage mais ne sont pas amis du peuple haïtien. Les gens sont découragés, tristes, ils se sentent dévalorisés. Le gouvernement massacre les manifestants. Dans la capitale Port au Prince, les écoles et les universités sont toujours fermées, ainsi que dans les grandes villes.

La visite, ce mercredi 20 novembre 2019, en Haïti, de l’ambassadrice américaine, Kelly Dawn Knight Craft, représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations unies (Onu) n’a pas été appréciée. C’est ressenti comme de l’ingérence, avec beaucoup d’hypocrisie. Les « puissances étrangères » soutiennent le Président Jovenel Moïse dont le peuple ne veut plus. La situation du pays, la misère du peuple, les américains y trouvent leur compte.

Pour les gens, le découragement s’accentue : le coût de la vie augmente à un niveau tel que chacun doit se débrouiller comme il peut et la vie devient de plus en plus difficile. C’est plus dur encore pour les jeunes. Cledner, lui, ne se décourage pas, grâce à son âge. Pour ce qui est de l’argent qu’il ne peut recevoir, il nous dit de ne pas nous inquiéter… Pour l’école Union des Amis, il fait « des arrangements » pour que les enseignants aient au moins 1000 gourdes par mois (9,41€). Dans certaines écoles, les parents ont peur que l’école soit fermée à cause du manque de moyen. Cledner fera tout pour que l’année scolaire ne soit pas perdue pour les 220 élèves inscrits. Il peut compter sur les enseignants. Il remercie l’association Timoun Lekòl et apprécie le soutien et l’intérêt que des Français leur porte.

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Au téléphone le 9-11-2019

Rien ne change… La situation est bloquée et bien bloquée. Pour Cledner, c’est plus dur encore que sous l’embargo qui avait été décrété en 2004. Il y avait au moins du marché noir. Cette fois, ce sont les Haïtiens eux-mêmes qui empêchent le pays de fonctionner.

A l’Union des Amis, 200 élèves sont présents. Mais ils sont sensibilisés par les inquiétudes des parents. Les jeunes quant à eux, ceux qui ne peuvent aller à l’Université, ils ne voient pas leur avenir. Comme Enock dont vous pouvez retrouver le message à la page de la formation des paysans. Certains avaient entamé une grève de la faim qu’ils ont dû abandonner. Cela montre leur découragement.

Aujourd’hui, 12 novembre, des membres de l’opposition ont réussi à se réunir pendant deux jours (le 8 et 9 novembre) pour trouver un accord et prévoir le remplacement du président actuel. En souhaitant que ce ne soit pas seulement de bonnes intentions et que cela puisse déboucher sur une reprise des activités du pays. C’est le vœu de tout le monde.

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Au téléphone le 26-10-2019

Dans les grandes villes, les écoles sont encore fermées à cause des violences de la rue : certains profitent des manifestations pour entrer dans la délinquance : attaques de véhicules, pillages de magasins, règlements de comptes entre bandes.

Les ambassades sont attaquées : un feu a été allumé devant celle du Canada. L’ambassade de France a été accusée de livrer des jeunes manifestants à la police, ce qu’elle dément. Ses locaux ont été attaqués. L’ambassade des Etats-Unis est accusée de ne rien faire pour aider le pays à trouver une solution. Pour le peuple, le gouvernement des Etats-Unis « met le feu »… en voulant imposer des rencontres entre les protagonistes qui n’y sont pas prêts.

« Les gens déplorent les injustices en apprenant que des policiers gagnent 216 USD par mois pendant que la sécurité rapprochée du Président est assuré par des gardes qui gagnent 3000 USD par jour…

Le pays est une savane où tout le monde entre pour faire ce qu’il veut. Il faudrait casser le système. Après avoir chassé le président, il faudrait en finir avec le système actuel en instaurant un gouvernement provisoire dirigé par le président de la Cour de Cassation qui serait chargé d’écrire une nouvelle constitution. Le problème c’est que chacun cherche son intérêt immédiat plutôt que l’intérêt du pays. »

Un chroniqueur du journal Le Nouvelliste, Lyonel Trouillot, rejoint ce que dit Cledner dans son éditorial du 21 octobre dernier. Vous pouvez trouver des informations sur la page « l’actualité du pays ».

A l’école Union des Amis, 180 enfants sont présents. Cledner se débrouille pour que les enseignants reçoivent au moins 1/4 de leur salaire. La crise atteint toutes les régions du pays. La ville de Port-de-Paix, capitale du Nord-Ouest, est également touchée par les manifestations et les violences.

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Dernières nouvelles (au téléphone le 12-10-2019)

Cledner nous a appelés samedi soir. Il voulait nous dire deux choses :

  • il n’arrive pas à recevoir l’argent. Le pays est complètement paralysé, non seulement par le manque de carburant, mais aussi par le manque de financements : les banques ne donnent pas plus de 5 000 Gourdes (100 USD) en monnaie locale ou 50 USD en monnaie américaine. Les conséquences sont graves parce que les gens n’ont plus accès à leurs économies. Pour un enterrement, par exemple, on ne peut sortir l’argent. Quant à la santé, l’hôpital lui-même manque de moyens : plus de pansements, de médicaments, de matériels…
  • Il voudrait bien que notre président Macron ne soutienne pas le président Jovenel Moïse qui ne représente pas le peuple haïtien puisque seulement 20% de la population était allée voter. Le départ de leur président c’est ce que réclame la majorité de la population qui manifeste contre la corruption depuis plus d’un an.

Pour l’école : contrairement aux grandes villes où elles sont fermées à cause du climat de violence, l’école Union des Amis fonctionne, mais avec un effectif limité : seulement 70 élèves sont présents. Souvent, c’est parce que les parents ne peuvent même pas acheter l’uniforme. L’espoir que la situation s’améliore est bien faible, mais chacun se débrouille comme il peut. « Il n’y a pas le choix, on doit continuer… »

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Le pays est toujours bloqué (4-10-2019)

Vous pouvez en savoir plus sur la page de l’actualité du pays. Dans les villes, c’est le chaos, il n’y a plus de carburant, les gens ont peur de sortir. Les écoles restent fermées. Eugénie, une religieuse qui était venue étudier la pédagogie à Angers me dit que son pays n’a jamais été aussi bas. Dans la zone de l’école Union des Amis, c’est moins violent que dans les grandes villes. L’école Union des Amis fonctionne, mais risque de fermer par solidarité.

La vie est très chère et les gens se sentent mal : les déplacements sont quasiment impossibles, le gallon d’essence (3,8 litres) est passée de 225 gourdes (2,18 €) à 1 000 (9,68 €) et même 2 000 gourdes (19,36 €).  Les banques sont fermées, il n’y a plus d’argent… Pour Cledner, Haïti est dans un trou ! Tout le monde est d’accord pour refuser la présidence de Jovenel Moïse qui a permis à la corruption de s’étendre en toute impunité, et amener le pays à la faillite. Les gens n’ont plus rien à perdre et quitte à mourir, plutôt mourir debout d’une balle que mourir de faim dans son lit…

Et cette situation est passée sous silence chez nous. Les « grandes puissances » ne jouent pas leur rôle parce qu’elles ne sont pas d’accord : les Etats-Unis et le Brésil soutiennent le président Jovenel Moïse, le Canada et la France demandent sa démission… Pour Cledner, tant que son pays ne sera pas en mesure de fonctionner indépendamment, ça ne marchera pas.

Et malgré tout, on continue de vivre et de lutter. La zone de l’école a permis à beaucoup de gens d’être formés et de mieux comprendre la situation. Cledner nous dit à chaque conversation téléphonique que l’éducation est ce qu’il y a de plus important pour les jeunes et qu’il ne se fatigue pas de remercier l’association Timoun Lekòl pour ce qu’elle a permis de réaliser…

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Des nouvelles pas si bonnes… (17-09-2019)

Suite à notre dernière newsletter, nous avons reçu une réaction d’un ami français installé en Haïti. Cela nous a incités à vous parler un peu plus de la situation en Haïti. Nous risquons de retrouver le pays à la une de l’actualité à cause de la violence qui s’y développe.

Bonjour. Toujours sympathique de lire vos messages mais la situation est plus grave que ce que vous décrivez dans vos news. Le pays est dans une crise qui n’augure rien de bon. Violence, barrages, jets de pierre sur les véhicules, impossible de se rendre au travail dans toutes les villes le sentiment de révolte et de volonté de faire tomber le gouvernement. Le taux de la gourde a passé le cap de 100 gourdes (HTG) pour 1 Dollar (USD) et il n’y a plus de carburant depuis 15 jours. Allez sur les sites du Nouvelliste du National ou Haïti Libre. Je crains vraiment qu’un climat d’insurrection ne se libère dans les prochains jours. En tout cas oubliez la rentrée des classes pour le moment. Bises à vous

Jean-Marie, qui nous a envoyé ce message en réponse à la dernière newsletter, connaît bien ce pays où il s’est installé depuis longtemps. Il l’a découvert dans le Nord-Ouest, au cours d’un chantier auquel je participai moi aussi en 1978.

Il sera d’accord pour dire avec moi que c’est un pays plein d’espoirs, avec de grandes ressources humaines gaspillées par des dirigeants qui servent davantage leur intérêt personnel que celui de la population. La corruption est facilitée par l’impunité d’une justice absente…

Depuis, rien n’a évolué, les magouilleurs continuent en toute impunité… Après le Président producteur de bananes, qui aurait détourné des fonds à son avantage, c’est le premier ministre qui est suspecté d’avoir vendu des chèvres au gouvernement en les surévaluant.
La crise que subit Haïti, nous vous en avons parlé au début de l’année. Bernard avait fait un résumé de ce que l’on appelle « les fonds PetroCaribe ».

En juillet, des députés ont vandalisé leur local pour marquer leur opposition au président Jovenel Moïse, certains refusant de ratifier la nomination du premier ministre Fritz William Michel. En septembre, des opposants accompagnés de sénateurs ont saccagé le matériel du sénat…

Il faut dire que le pays n’est pas géré : plus de carburant, cela veut dire plus de transports… des bagarres aux stations services ou aux lieux d’approvisionnement… Mais comme en Haïti, il n’y a pas de problèmes, il y a des solutions, on trouve le carburant au marché noir. Des motos-taxis vont faire le plein en République Dominicaine et revendent à prix fort (multiplié par 3), avec tous les risques que ça comporte : deux jeunes sont morts dans l’explosion de leur chargement, une maison a été incendiée à cause d’un bidon d’essence stocké à l’intérieur.

Les manifestations se déroulent dans tout le pays, et même à Port-de-Paix, une ville du Nord-Ouest isolée par le manque de routes, peu habituée aux violences : des pneus enflammés, des bus en travers des routes…. La répression est forte et la police aurait tué un jeune manifestant à Port-au-Prince, en réponse à des jets de pierre. Dans le Sud du pays, un journaliste a été blessé à l’arme blanche, pendant qu’il tentait de traverser une barricade avec plusieurs autres collègues journalistes. La police n’a effectué aucune arrestation, alors que les assaillants ont été identifiés, dénonce l’Association des journalistes du Sud-est, qui condamne avec la dernière rigueur cette agression.

Comme dit Jean-Marie, les écoles restent fermées : l’insécurité et la situation économique en sont les causes principales. En ville, les parents ont peur d’y envoyer leurs enfants et pour beaucoup, les revenus ne leur permettent pas d’assurer les frais de scolarité et de fournitures scolaire.

A l’école Union des Amis, les professeurs se sont réunis à partir du 9 septembre et ont accueillis 2 élèves… Hier, ils en avaient 4… La rentrée est compromise pour tous les élèves, même si dans les mornes, c’est plus calme.

Au Cap Haïtien hier (lundi 16 septembre), les professeurs des écoles d’Etat ont refusé l’ouverture des écoles privées parce qu’eux n’ont pas reçu leurs salaires depuis des mois et ils veulent faire pression sur le gouvernement pour les obtenir. Certaines écoles privées avaient ouvert aux élèves « en couleur » c’est-à-dire sans uniforme pour éviter le risque d’agression. Mais les parents ont peur et gardent leurs enfants.

Cledner nous explique que la population supporte mal que l’Etat ne paie pas les fonctionnaires, les agents de santé, les enseignants, alors qu’ils donnent des salaires ou des avantages énormes aux politiciens. Le premier ministre aurait donné des enveloppes aux sénateurs pour qu’ils ratifient son élection… Et la subvention donnée aux éditions Henri Deschamps, principal producteur de manuel scolaires, pour baisser le prix de vente, a été annoncée, mais n’a eu aucune conséquence sur le prix des livres et des cahiers.

Il nous parle de la honte qu’il ressent : toute cette méchanceté vient d’Haïtiens contre des Haïtiens. Et cela permet à des étrangers de profiter de la situation. J’ai trouvé dans la presse haïtienne l’éditorial d’un écrivain haïtien, Jean-Euphèle Milcé, que nous avons eu l’occasion de rencontrer et qui exprime ce sentiment de se sentir humilié.

Et pour la vie de tous les jours, tout se complique. Le gallon d’essence (3,78 l) est passé de 225 gourdes (2,5 €) à 1 500 (15 €). Le trajet en camionnette ou à mototaxi est passé de ce fait à 17 à 100 gourdes (1 €). Pour aller de St Louis du Nord à l’Anse à Foleur, c’est le double. Beaucoup de marchandes ne peuvent plus aller au marché ou sont obligées d’y aller à pied. L’approvisionnement se fait donc difficilement.

« Nous étions déjà arrivés très bas, mais aujourd’hui, c’est encore pire… »

Vous pouvez télécharger ce texte ICI.

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Rentrée 2019

Elle se prépare là-bas difficilement : le dérèglement climatique se fait sentir, les récoltes sont de moins en moins assurées. Les revenus des paysans diminuent et les frais augmentent : l’inflation monte toujours et la monnaie nationale, la gourde, perd de sa valeur.

Partout dans le pays, les écoles ont du mal à retrouver leurs élèves, les parents n’ayant pas les moyens de financer cette rentrée.

Malgré ça, les parents d’élèves de l’école Union des Amis s’investissent pour l’école : ils font tout leur possible pour que leurs enfants puissent être scolarisés. De plus, ils se sont mobilisés pour la maintenance du réseau d’eau pour l’école : remplacer des tuyaux, des vannes, des robinets. Cledner ne m’a pas dit combien se sont mobilisés, mais pendant 10 jours, 6 personnes se relayaient chaque jour pour assurer la main d’oeuvre. Un repas leur était servi. Un boss maçon spécialisé a reçu un « encouragement » de 500 Gourdes par jour. En février, ça représentait 5,62 € et aujourd’hui ce n’est plus que 4,75 €. Voilà un exemple de l’inflation de la monnaie.

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Bilan de fin d’année

Le dernier coup de téléphone échangé avec Cledner reste dans la ligne des précédents :

Les résultats de l’école ne se sont pas améliorés :

  • une déperdition du nombre d’élèves : sur 254 inscrits, 213 seulement ont « composé ». Cela veut dire que 41 enfants n’ont pu terminer l’année scolaire : soit parce que les parents avaient besoin d’eux pour travailler, soit parce que la situation économique était devenue trop précaire, soit parce que les enfants étaient démotivés…
  • les résultats ont été catastrophiques : sur 213 élèves qui ont fait les compositions fournis par l’état, seuls 107 ont eu leur moyenne. 50 % de réussite, c’est bien loin des 75 à 80 % habituels.

Dans tout le pays, la situation des élèves est similaire. Pour le brevet, beaucoup d’élèves ne sont pas allés chercher leur convocation : les frais sont trop élevés (payer 500 gourdes, l’équivalent de 5 euros, c’est souvent impossible), les enfants ne peuvent s’habiller correctement pour aller passer un examen.

Pour Cledner, la cause est multiple : la conjoncture politique : les enfants qui ont accès maintenant à internet avec les téléphones portables, ont des informations qui peuvent les perturber. Ils sentent les inquiétudes de leurs parents.

La situation économique : les parents passent plus de temps au marché pour essayer de trouver un petit revenu, ils passent plus de temps dans les jardins… et ont moins de temps pour s’occuper de leurs enfants. Certains enfants, tout en étant présents à l’école, ne sont pas en mesure de suivre les cours quand ils ont trop faim.

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La situation en Haïti

Nous n’avons pas beaucoup d’informations, mais le pays ne fonctionne pas comme il le devrait. Les manifestations continuent contre le président Jovenel Moïse qui n’a pas mis en place ce qu’il avait promis : une agriculture soutenue, des écoles gratuites, la santé pour tous… Les routes sont bloquées et les approvisionnement ne peuvent plus se faire, le carburant n’est plus disponible…

Les amis de l’association angevine Solèy Lakay nous ont dit que l’île de la Gonave a souffert des blocages et les bateaux ne circulaient plus. Les habitants n’avaient plus de ravitaillement. La situation est partout éprouvante.

Si vous voulez revoir les causes de tous ces problèmes, Bernard a préparé un résumé qui revient sur leur origine. C’est ICI. 

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Enock

Nous avons eu des nouvelles : il a quitté Liège pour faire des recherches sur le terrain. Il est arrivé à Cap-Haïtien où il a retrouvé la famille et le soleil. Malheureusement, le pays est noyé sous les problèmes : après le scandale des « pétro-dollars » disparus dans les poches au lieu de réaliser des actions au profit de la population, les pétroliers refusent de livrer le pétrole tant que les dettes ne seront pas réglées : l’essence se vend donc au marché noir et l’électricité ne fonctionne plus dans la deuxième ville du pays.

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28 mars 2019

Le dernier coup de téléphone de Cledner n’est pas très optimiste. Les difficultés sont présentes et on sent non pas du découragement, mais de la fatigue.

  • La gourde, la monnaie locale continue de se dévaluer : quand nous étions en Haïti il y a un an, il fallait 70 gourdes pour 1 €. Aujourd’hui (21 juin 2019), il en faut 104,67. Cela veut dire que les prix montent, mais ce que les paysans peuvent vendre au marché est bien insuffisant : j’ai souvent entendu cette réflexion : « ce qu’on achète, c’est en dollars et ce qu’on vent, c’est en gourdes ». De plus, le climat n’est pas favorable : la pluie se fait attendre et les récoltes sont faibles.
  • La situation sociale est toujours perturbée par des manifestations pour demander la démission du président Jovenel Moïse.

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Comment ça va là-bas ?

C’est la question que posent les amis quand ils nous rencontrent. Pour ceux qui ont vu rapidement quelques minutes montrant les manifestations à Port-au-Prince, je voudrais apporter un complément d’information.

Pourquoi les gens manifestent-ils ?

  • d’abord pour réclamer les « Fonds Pétrocaribe ». Les manifestations ont commencé le 17 octobre 2018, réprimées avec une violence qui a fait au mois 2 morts et des dizaines de blessés.
  • pour refuser la corruption qui ne permet pas l’utilisation  des fonds destinés à des investissements pour le bien de la nation.
  • pour exprimer le découragement d’une population en grande précarité : la vie devient de plus en plus chère, les prix montent et la monnaie nationale, la gourde, est dévaluée : quand nous étions en Haïti, elle s’échangeait à 70 gourdes pour 1 €, et aujourd’hui, elle est arrivée à 93,55 €.

Les bonnes résolutions pour 2019

Comme beaucoup, le début d’année est l’occasion de prendre des bonnes résolutions. C’est ce qui s’est passé à l’école Union des Amis.

Ceux qui ont lu le chapitre Noël, se souviennent que les résultats avaient été médiocres. Quand les enfants sont revenus à l’école après les vacances, ils ont eu droit à une surprise : les cloisons des classes avaient été enlevées et les enfants ont été regroupés pour une « activité de partage ».

Les enseignants avaient préparé des sandwichs et des boissons pour chaque élève. C’était comme une fête, mais avant, il y a eu une bonne séance de motivation pour expliquer l’importance de l’école. Il faut absolument travailler pour obtenir de meilleurs résultats.

Jean-Wislet m’a envoyé le compte-rendu et une photo. Vous les trouverez ICI. 

Maintenant, les enfants n’ont plus qu’à s’y mettre sérieusement ! Des anciens de l’école leur ont montré l’avantage de pouvoir faire des études pour suivre leur exemple…

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Bonne année 2019

A l’école Union des Amis, l’année a commencé avec une petite « fête » pour encourager tout le monde à faire des efforts et prendre de bonnes résolutions…

Tous, les élèves, les parents, les professeurs souhaitent une bonne année 2019 aux membres de l’Association Timoun Lekòl et à tous ceux qui permettent à leur école de vivre.

La grande fierté, c’est l’exemple de quelques aînés qui ont pu continuer des études avec succès. « L’école a permis de révéler ces richesses qui seraient restées cachées ».

Pour nous, le vœux le plus cher est que le pays trouve enfin une sérénité qui lui permette de révéler toutes ses richesses cachées.

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Noël

C’est Noël partout, mais pas dans les mêmes conditions… En Haïti, il y a des « opérations de Noël » avec des distributions de cadeaux, mais ça se passe dans les grandes villes. Pour la campagne, les familles sont loin de tout cela. Noël sera un jour quasiment comme un autre…

Et l’école Union des Amis ? une grande déception pour les parents, les enseignants et les élèves avec les résultats des « compositions » : sur 252 inscrits, 238 ont composé. L’examen a été préparé par les enseignants pour faire un bilan des acquisitions. 120 seulement ont obtenu leur moyenne… C’est une catastrophe d’après Cledner. Il en a été question à la réunion de parents du 21 décembre : quelles sont les raisons d’un tel échec ? Peut-être la situation du pays qui est si difficile : les prix montent, les parents n’ont pas de moyens, les effets du réchauffement climatique se font sentir avec une baisse des récoltes. Il y a aussi les jeux sur les téléphones portables qui prennent l’attention des enfants… Les enseignants ont demandé aux parents de soutenir les efforts de leurs enfants, de les aider à se concentrer sur leur travail. Ils ont aussi rappelé que si l’école fonctionnait, c’était grâce aux efforts de l’association Timoun Lekòl.

Pour marquer la fête, Cledner avait préparé quelques friandises à partager avec les parents. Une autre petite fête se fera avec les enfants à la rentrée.

Et le pays ? La lutte contre la corruption provoque des manifestations dans les villes. De l’argent du développement disparaît sans que personne ne sache ce qu’on en fait… Les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement du pays n’existent pas. C’est ainsi que Radio Kiskeya, à Port au Prince, qui est écoutée dans tout le pays parce qu’elle est relayée par des radios locales a été détruite par l’incendie de la maison voisine. Les pompiers ne sont arrivés que plus d’une heure après le début du sinistre… Cette radio, qui donnait une information sûre et vérifiée est donc réduite au silence.

C’est ainsi que c’est seulement grâce à elle que l’information sur des massacres dans un quartier populaire de Port-au-Prince a pu être diffusée. Aucune enquête n’a été menée par les autorités, seulement par le réseau national de défense des droits de l’homme (RNDDH). Le bruit court que les autorités étaient impliquées dans ce massacre…

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 Après le séisme d’octobre 2018

Dans les villes de la région, 79 écoles ont été détruites. Heureusement, la terre n’a pas tremblé  pendant les cours. Il y aurait eu beaucoup plus de morts et de blessés. Mais les cours n’ont pas encore repris parce que les enfants ont peur de rentrer dans les constructions en béton. A l’école Union des Amis, les cours ont repris. Certains enfants avaient été inscrits mais ne viennent pas parce que les finances des parents ne le permettent pas.

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La rentrée (septembre 2018)

Ce sera la 29ème ! Déjà 28 ans que cette petite école rurale dans les mornes permet à des enfants d’être scolarisés. Ceux qui ont pu continuer des études et trouver un emploi sont reconnaissants à tous ceux qui les ont aidés. Quand nous y étions en avril-mai derniers, une dame s’est précipitée pour nous dire toute sa reconnaissance : son fils aîné, qui n’avait pu commencer l’école qu’à 14 ans est professeur dans un lycée de Port de Paix, sa fille vient d’obtenir son diplôme d’infirmière et le dernier terminait le cycle primaire pour aller en secondaire.

La rentrée est fixée le même jour qu’en France. Mais comme à chaque rentrée, les difficultés ne manquent pas :

  • Les revenus des paysans dans cette région plutôt luxuriante ne sont pas importants parce qu’il n’y a toujours pas de routes, donc manque de débouchés pour les produits et une grande dépense d’énergie pour les descendre au marché, sur la tête ou avec l’aide des animaux…
  • Les récoltes sont compromises par le climat : il y a eu de la pluie en mai, mais la sécheresse a suivi en juillet-août. En septembre, c’est la saison cycloniques qui commence… C’est pourquoi les paysans attendent la formation à la conservation des sols.

La rentrée se fait donc selon les moyens des parents. A l’école Union des Amis, les maîtres seront sur place dès le 3 septembre pour s’organiser. Ils auront aussi une formation par des normaliens qui viennent donner un coup de main. Souvent, les enfants viennent aussi et la rentrée sera effective le 10.

Ils pourront faire le puzzle trouvé dans une librairie de Port-au-PriP1350035 - 2nce et que nous leur avons laissé : c’était nouveau pour eux, et les maîtres eux-mêmes n’en connaissaient pas le fonctionnement.

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L’année scolaire est terminée (juillet 2018)

Elle s’est même terminée plus tôt en Haïti pour cause de Mondial de Foot ! Même si l’équipe d’Haïti ne participe pas, les matchs sont très suivis dans le pays. Nous avons été surpris de le constater à Port au Prince : en marchant dans la rue, nous entendions des commentaires et des réactions enflammées… En nous renseignant, nous avons découvert qu’il s’agissait d’un match du Real de Madrid… A l’école Union des Amis, j’ai pu constater que les élèves connaissaient mieux les noms des équipes internationales que celles de chez eux.

Les évaluations, données par le ministère de l’éducation nationale, ont été réalisées plus tôt pour la même raison. A l’école Union des Amis, 257 élèves ont « composé », et 194 ont eu la moyenne, soit un peu plus de 75 %. Les résultats sont décevants pour les élèves de 6ème année qui terminent le cycle primaire : 26 ont eu la moyenne sur 35. Il paraît qu’avec les téléphones, les enfants sont moins assidus au travail. Un autre difficulté rencontrée, c’est le manque de matériel : les parents n’ont pas les moyens d’acheter les fournitures et les conditions climatiques ne permettent pas toujours de garder les livres et les cahiers dans de bonnes conditions.

La nature autour de l’école est luxuriante, mais le climat est difficile et le manque de débouchés ne permet pas aux paysans d’avoir des revenus suffisants. Quand nous y étions, les haricots étaient plantés dans de bonnes conditions, il pleuvait presque chaque soir et le soleil était là dans la journée, mais depuis, c’est la sécheresse. Tous les plants n’arriveront pas à maturité… La récolte est compromise.

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Les résultats scolaires (janvier 2018)

Les évaluations de fin de trimestre sont préparés par l’Etat (l’école doit participer aux frais !…) A l’école Union des Amis, sur 265 élèves qui ont « composé » , 202 ont eu la moyenne. Dans la classe de 6ème année, 22 sur 37 ont eu la moyenne. Leur professeur a la réputation de noter sévèrement, pour que les élèves soient encouragés à travailler et qu’ils n’aient pas de surprise désagréable en arrivant dans une autre école. Ils auront un on niveau. Dans l’ensemble, les élèves de l’école préfèrent les examens de l’Etat, ils les trouvent plus faciles que ceux proposés par leurs enseignants !…

Vous avez remarqué le nombre d’enfants : 265. L’année dernière, ils étaient 340. Les effectifs sont donc en baisse. Les causes en sont variables : la suppression de la subvention qui ne permet plus de financer les fournitures scolaires, l’ouverture d’autres écoles dans des zones voisines. Les enfants vont alors à l’école la plus proche. Il y a aussi la situation des parents qui n’ont pas toujours les moyens de payer les uniformes et les fournitures scolaires.

Cledner remercie tous ceux qui tiennent bon. Le pays est vraiment décourageant, parce que les dirigeants n’ont pas la volonté d’aider le pays à se développer, ni de lutter contre la corruption… Mais, comme on dit là-bas, « kenbe fèm », tenez bon !

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C’est Noël !

A cette occasion, les enfants retourneront dimanche 24 à l’école. Ils feront des décorations pour donner un air de fête. Ils chanteront des chants de Noël. Les maîtres préparent un petit goûter pour manifester la joie de Noël et pour réfléchir ensemble sur le thème :

« Noël, c’est le partage »

Kerline, la sous-directrice de l’école m’a demandé de souhaiter un bon Noël aux membres de l’Association TImoun Lekòl.

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Novembre 2017

La rentrée s’est bien passée, mais le nombre d’élèves a diminué : cette année, ils sont  246 inscrits. (Certaines années, ils étaient 350, 370 et ont même dépassé 400.) Plusieurs causes provoquent cette diminution : suppression de la subvention de l’état, récoltes diminuées suite aux cyclones, et surtout la hausse du coût de la vie et des fournitures scolaires. L’Etat promet des fournitures gratuites ou au moins subventionnées. Au lieu de ça, certains livres ou cahiers ont augmenté de 100%. Par exemple, un livre qui coûtait 250 gourdes est passé à 500 gourdes (6,80€).

L’Association leur a envoyé 1500 $US pour les frais de fournitures. Merci à ceux qui ont participé. Pour ceux qui voudraient participer financièrement, vous aurez tout les renseignements sur le document à charger ICI.

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Septembre 2017

L’actualité du jour, vous n’avez pas pu passer à côté, ce sont les cyclones : Irma, José et Katia. L’inquiétude était grande pour Haïti après avoir vu les images des dégâts dans les îles de Saint Martin et de Saint Barthélémy. Tout le monde se souvient des dégâts du cyclone Matthew l’année dernière. Nous avons suivi sur Internet des reportages qui montrent le président Jovenel Moïse informant la population que des centres d’accueil sont prévus pour que les gens qui habitent au bord de mer puissent se réfugier. Nous savons qu’à Saint Louis du Nord, une bonne partie des maisons sont en bord de mer, comme au Cap-Haïtien. En cas de débordement de la mer, il y aura des victimes… Dans les reportages, les Haïtiens comptent sur « Bon Dye bon » pour échapper au désastre !  Pour Cledner, les responsables affichent la misère du pays pour récupérer des dons, mais les plus pauvres n’en voient jamais la couleur ! Il y a plus de « patripoches » que de patriotes dans ce pays !7244313_web-fdj-soc-ouragan-irma-jose-katia-caraibes

A Duty, ils ne craignent pas les inondations puisqu’ils sont dans les mornes mais les glissements de terrain, les ruisseaux qui se transforment en torrent, la boue … et le vent.

J’ai eu Cledner au téléphone vendredi 8, à midi heure locale. Il était à Saint Louis du Nord. Lui qui habite pas loin de la mer n’a pas eu connaissance d’un abri où il pourrait se réfugier… Chacun devra se débrouiller comme il peut ! Loin de la capitale, les habitants du Nord-Ouest ont l’habitude…

Le téléphone était de nouveau opérationnel à Duty (le signal avait disparu dans les quelques jours précédant le cyclone) et il a pu avoir des nouvelles du secteur : les jardins ont beaucoup souffert : des arbres déracinés, les fruits tombés au sol, des plantes noyées. Quelques maisons ont vu des tôles arrachées de leurs toits. Je le rappellerai pour en savoir plus quand le cyclone sera plus loin. Comme vous le voyez sur la carte, l’œil du cyclone est passé au large, au nord de l’île.

Et la rentrée ? 

Elle se prépare. Les enseignants viennent de passer trois jours en formation. Chaque année, l’école invite un normalien à venir partager ses connaissances avec les professeurs. La rentrée des élèves devait se faire lundi prochain 11 septembre, mais Cledner pense que  le ministère de l’Education Nationale va devoir la décaler d’une semaine à cause du cyclone Irma.

Août 2017

L’année scolaire s’était bien terminée, avec de bons résultats pour la classe de 6ème année qui correspond à notre CM2. Pendant les vacances, les élèves ont profité de leur liberté, mais ils ont aussi aidé les parents à la maison et dans les jardins.

Les vacances vont bientôt se terminer. Cledner a déjà organisé les achats de fournitures scolaires. Malgré le manque de moyens, il tient à ce que les élèves des premières classes aient des livres et des fichiers. Il est important qu’ils aient les meilleures conditions pour travailler.

Au plan national, l’Etat est toujours défaillant à soutenir l’éducation. Le précédent président avait promis l’éducation gratuite et obligatoire pour tous, mais les financements ne suivent pas. L’école Union des Amis n’a plus de subvention. En 2016-2017, seule la classe de 6ème année a reçu un soutien. Pourtant, chaque transfert d’argent est ponctionné de 1,50$, quelle que soit la somme envoyée. Mais dans un pays corrompu, certains directeurs d’école détournent les fonds. Malgré quelques actions de la justice, c’est plus généralement l’impunité. L’exemple vient d’en haut : un article d’AlterPresse sur le projet de budget de l’état, voté par les députés le 10 août dernier : 17.6% de crédits budgétaires sont alloués à la rubrique « autres administrations (caisse occulte) ». Ce qui constitue le premier poste du projet de budget 2017 – 2018, alors que 15.7% de crédits sont réservés au Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp). Si vous voulez voir l’article en entier, vous pouvez cliquer sur ce lien ou le recopier:  http://www.alterpresse.org/spip.php?article21978#.WZxpmyhJZPY

Cledner n’attend pas l’aide de l’Etat, et il regrette que ce soit l’aide de l’Europe qui leur permettent d’instruire leurs enfants.

Je lui ai envoyé ce matin 1500$ pour aider…  Je compte sur tous les amis pour nous soutenir.

Les chèques sont à envoyer à l’école N-D M 32bis rue de la Brisepotière 49100 ANGERS

MERCI

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Avril 2017

Cette fois, je vous transmets un courriel envoyé par un ancien élève de l’école Union des Amis. Il était présent à l’anniversaire de l’école et tient à dire sa reconnaissance, lui qui n’aurait sans doute pas pu suivre une scolarité.

Bonjour à vous tous qui avez accompagné plus d’un dans la réception du pain de l’éducation.

Grâce à vos supports et le dévouement de certains d’autres, la communauté ansafoloise (qui habite la commune de l’Anse à Foleur où se situe l’école Union des Amis) connait plusieurs professionnels comme des avocats, des peintres, des environnementalistes, des ingénieurs-agronomes, des cuisinières, des éducateurs, etc…

Aujourd’hui le travail n’arrive pas à sa fin. Au contraire, nous allons continuer la lutte en nous mettant face à la réalité. Nous avons appris. Maintenant c’est l’heure de poser des actes, c’est l’heure d’appliquer les théories que nous avons apprises.

Je suis sûr que vous ne regrettez pas. Vos actes sont nobles. Le grand maître de l’univers vous les rendra.

Bonne fin de semaine ! Je vous aime beaucoup !

Enock CHARLOT
Peintre 
Ingénieur-Agronome
Environnementaliste

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Février 2017

« La vie continue petit, petit ». Il faut dire que les difficultés ne manquent pas :

  • En décembre et janvier, il a beaucoup plu. Les récoltes ont donc été compromises. Au début du mois de janvier, le choléra a redoublé avec la pluie. Une petite fille de l’école, Loudline Jeunejean, 8 ans, a été contaminée. On l’a descendue au dispensaire de Duty, mais les soins n’ont pas suffi. on l’a alors emmenée au dispensaire de l’Anse à Foleur, trop tard. C’est le problème de ces zones isolées : les soins ne sont pas facilement accessibles.
  • Le pays a trouvé un Président. Il a été élu difficilement après des complications pour fraudes (le premier tour a eu lieu début août 2015 !) et seulement 20% des électeurs sont allés voter…
  • La réunion de parents du mois de février a porté sur un problème d’éducation : « nous sommes entrés dans un système étranger sans que nous y soyons préparés » m’a dit Cledner. Cette évolution, c’est celle apportée par les téléphones modernes qui permettent des connexions Internet, même si les ordinateurs n’y ont pas encore accès. Les enfants sont rentrés dans le système et les parents s’inquiètent des conséquences sur les résultats scolaires. De plus, les moyens limités ne permettent pas de satisfaire les enfants qui en veulent toujours plus et qui passent du temps surtout sur les jeux, les musiques… Les parents ne maîtrisent pas non plus les nouveaux appareils qui sont parfois offert par des membres de la famille qui vivent aux États-Unis. Il a fallu réfléchir à une positions pour l’école : les téléphones y sont interdits et la sanction c’est la confiscation jusqu’aux prochaines vacances…

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Joyeux Noël 2016

Ici, nous ne risquons pas d’oublier l’approche de Noël avec toutes ses « obligations » de notre société de consommation.

En Haïti, certaines familles favorisées auront un Noël qui ressemble au nôtre, avec peut-être même un sapin enneigé et des guirlandes lumineuses.

A Duty, le cyclone Matthew a fait des dégâts moins importants que dans le sud du pays, mais surtout, la pluie a continué de tomber en novembre et en décembre, détruisant les récoltes. Les paysans n’ont pas eu de ressources.

J’ai eu Rosena au téléphone, la directrice de l’école, qui me dit que la vie est devenue très difficile. Pour Noël, ce sera un jour comme un autre. Les enfants n’auront pas de cadeaux. Je suis sûre qu’ils garderont tout de même le sourire… Ils continueront de jouer avec ce qu’ils auront fabriqué.

Kerline, une institutrice, m’a expliqué qu’en novembre et décembre, venir à l’école était très compliqué : il y avait tellement de boue que les chemins étaient glissants et les enfants arrivaient en retard. Dans ce cas-là, ils n’étaient pas punis pour le retard, mais au contraire encouragés et félicités pour l’effort qu’ils faisaient pour venir à l’école. Ils sont en vacances depuis le 19 décembre et reprendront le 9 janvier 2017.

Toutes les deux nous souhaitent un joyeux noël, que nous ne les oubliions pas et que nous tenions ferme. Elles pensent bien à nous. Elles nous disent merci encore et encore pour tous les efforts que nous faisons.

Bonne année 2017 à tous, que la solidarité continue à porter ses fruits dans les mornes de Duty, là où le jardin est bien entretenu.

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Les nouvelles de novembre 2016

Elles ne sont pas très bonnes, la météo continue de poser des problèmes : après le cyclone, la pluie tombe en provoquant des inondations, des pertes de jardins et de bêtes.

Voilà comment Jean-Wislet, le neveu de Cledner le raconte dans son courriel : 
« Salut Madame Bernard! comment ca va pour vous là-bas? Pour nous Haïti ça va de mal en pis car ça fait quelques semaine la pluie ne cesse jamais de tomber. Beaucoup de dégâts enregistrés suite au cyclone Matthew et maintenant une forte pluie depuis quelques semaines cela provoque des inondations à Cap Haïtien et toute la famille a subi les inondations. Du côté de Bas de Sainte Anne beaucoup de Jardins ont disparu. Dans le domaine de l’élevage beaucoup de bétails  ont disparu aussi et pas mal de maisons qui sont endommagées.Voila en gros comment évolue la situation en Haïti. »

J’ai eu Cledner au téléphone pour savoir si nous pouvions faire quelque chose, comme envoyer un financement pour des semences, des plants, des bêtes à élever… Pour lui, ce n’est pas une aide positive parce que le problème sera toujours là. Son rêve, c’est d’organiser une formation des paysans en agroécologie et agroforesterie. Des anciens élèves ayant fait des études d’agronomie sont prêts à participer. Nous allons faire une demande de subvention pour nous aider à obtenir un budget. Ils ont un projet qui pourrait donner de la formation à 280 paysans qui sont en attente.

« Ce programme d’accompagnement technique va permettre aux cultivateurs de protéger leurs parcelles contre l’érosion en dressant des rampes enherbées suivant des courbes de niveau. En utilisant du compost, des insecticides naturels, le revenu des agriculteurs peut augmenter. Bref, ce projet sera vital pour la communauté et ses environs en y revalorisant l’activité agricole. »

En attendant, l’école doit continuer à fonctionner malgré toutes ces difficultés. Merci à tous ceux qui ont déjà répondu à notre appel. N’oubliez pas que la date du 31 décembre est impérative pour que vous puissiez déduire votre don des impôts.

MERCI A TOUS

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Le cyclone Matthew  (début octobre 2016)

Vous avez vu les images de catastrophe provoquées par ce cyclone. Les modestes maisons recouvertes de tôles ne résistent pas au vent. Les plus pauvres n’ont pas les moyens de construire sur des terrains sécurisés et les maisons construites trop près de la mer ou d’une rivière sont emportées trop facilement.

Dans le Nord-Ouest, le cyclone a fait moins de ravages, surtout au niveau des inondations, mais dans la région de Duty, le vent a soufflé très fort deux jours avant le cyclone en emportant les fruits qui arrivaient à maturité et en détruisant tous les jardins. Les paysans n’ont pas perdu leur maison, mais leurs terres montagneuses ont été dévastées, dértuisant leurs récoltes. Le nombre d’enfants inscrits à l’école risque de diminuer. Nous avons déjà envoyé 1500 $ pour les fournitures scolaires, mais ce ne sera pas suffisant pour aider toutes les familles dans le besoin. Nous continuons à envoyer 1000$ par trimestre pour faire vivre cette école. Merci à tous ceux qui nous le permettent.

La rentrée a été difficile cette année à cause de la situation du pays : il n’a plus de président depuis les dernières élections qui ont été entachées de fraudes. Pour retourner voter, le gouvernement provisoire et le conseil électoral avaient programmé la date du 9 octobre dernier. Le cyclone a fait tellement de ravages : routes, ponts, écoles, mairies, services de communication, qu’il a été décidé de reporter de nouveau cette élection. Cela provoque une insécurité qui n’a pas permis à la rentrée d’avoir lieu le 5 septembre comme prévu. A l’école Union des Amis les enseignants étaient présents dès ce jour pour préparer cette nouvelle année scolaire. Les enfants sont arrivés le 12, mais pas tous. Et avec le cyclone, les difficultés vont aller grandissant.

Nous comptons sur vous pour nous aider à leur manifester notre solidarité.

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L’année scolaire est terminée

En Haïti, elle s’est terminée un peu plus tôt que prévu. La cause ? le foot !

Cledner m’a expliqué que l’absentéisme risquant d’être trop important, le Ministère de l’Education Nationale a décidé que les écoles fermeraient plus tôt. D’abord, j’ai pensé qu’il s’agissait de la « copa america » dans laquelle l’équipe nationale d’Haïti était engagée, sans être qualifiée pour les 8e de finales… Mais les télés diffusent aussi les matchs de l’Euro que les Haïtiens suivent de près ! Les Haïtiens sont surtout motivés par les joueurs mondialement connus comme Ronaldo !

Lors de mon dernier voyage, j’ai découvert qu’un des instituteurs avait investi dans une télé, un panneau solaire et un abonnement au satellite. Il organise des séances ouvertes au public (moyennant participation financière) pour les événements importants comme des coupes de foot. Je ne pense pas qu’il puisse s’enrichir vraiment de cette manière, mais c’est une façon d’animer le quartier…

Donc, les écoles ont fermé leurs portes. Les contrôles de fin d’année sont faits. Le ministère a envoyé les épreuves pour qu’elles soient les mêmes dans toutes les classes du pays. Voici les résultats pour l’école Union des Amis :

340 élèves (sur 371) ont composé : 214 ont eu la moyenne, 126 sont restés au-dessous. Pour la dernière année, ils étaient 49 et seulement 29 ont eu leur moyenne. Pour Cledner, le résultat montre  l’influence de la situation du pays sur les enfants. D’habitude, les résultats sont meilleurs.

Pour la subvention, il restait encore 3 classes : 4ème, 5ème et 6ème années, mais pour 2016-2017, il n’en restera plus que deux. Cela veut dire qu’il n’y aura plus d’aide pour les livres et les fournitures. Certains enfants n’en auront pas. Et la subvention pour 2015-2016 n’a toujours pas été versée entièrement, mais ils ont l’habitude : ils doivent attendre mais elle arrivera…

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La situation en Haïti

Les nouvelles de Cledner sont bonnes. Il se remet. D’autres n’ont pas eu cette chance. Souvent, c’est à cause du manque d’infrastructure de santé qui ne permet pas aux malades d’être traités correctement assez rapidement.

Après l’épidémie de dengue et de chikungunya, Haïti redoute une nouvelle épidémie, déjà répandue au Brésil : la fièvre ZIKA. Pour en savoir plus, je vous propose d’aller voir sur le site d’un hebdomadaire haïtien, le Nouvelliste.

Pour ce qui est de la situation politique, les élections sont toujours aussi compliquées dans ce pays. Après de nombreux cas de fraudes, la situation risque de se bloquer. Si vous voulez suivre les événements, vous pouvez consulter le site AlterPresse

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Décembre 2015

En appelant Cledner le 1er décembre dernier, une mauvais surprise m’attendait : il était à l’hôpital, atteint par l’épidémie de choléra. C’est une maladie qui n’existait pas en Haïti et qui s’est développée à partir de 2011.Si vous voulez en savoir plus sur cette maladie, vous pouvez consulter le numéro de septembre dernier de « Nouvelles Images d’Haïti » publié par le Collectif Haïti de France (Geneviève et Bernard font partie du comité de rédaction). Vous y trouverez un historique qui rappelle pourquoi Haïti avait été protégé jusque là et un descriptif de la maladie.

Cledner avait mis en place une action contre cette maladie. Il avait observé que les actions des organisations arrivaient près des routes, mais rien n’était fait pour les familles dans les mornes. Avec les dispensaires, il a donc engagé, avec notre aide financière, 3 agents de santé, formés par les infirmières du secteur, pour informer la population et leur apprendre les gestes indispensables pour éviter la maladie. Il était donc lui-même informé, mais dans un pays où les familles n’ont pas accès à l’eau courante, ni aux latrines, l’épidémie reprend à chaque épisode pluvieux. Actuellement, il y a une forte recrudescence dans le département du Nord-Ouest.

Au moment où j’écris cet article, Cledner est rentré chez lui, très fatigué mais hors de danger. J’ai pu lui parler quand il était à l’hôpital et sa voix était très faible. Aujourd’hui (6 décembre) sa voix était plus dynamique. Il m’a précisé que dans la zone de l’école, les cas se multiplient. Il faut savoir que les porteurs du germe sont contagieux pendant 7 à 14 jours avant que la maladie ne se déclare.

Un proverbe haïtien nous dit « maldi rive a chwal, li tounen apye », la maladie arrive à cheval et retourne à pied. Il lui faudra donc un peu de patience pour sa convalescence et nous lui souhaitons une bonne santé, ainsi qu’à tous le membres de l’école, professeurs, parents et élèves qui sont confrontés à cette épidémie.

Si vous voulez faire un don qui sera comptabilisé pour l’année 2015, merci de l’envoyer avant le 31 décembre au trésorier de l’association : Thierry ROUSSELET, 31 rue des Fours à Chaux, 49100 ANGERS

Pour aller plus loin, vous pouvez télécharger le formulaire

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Août 2015

La situation de l’école

L’année 2014-2015 a été marquée par la suppression du Certificat de Fin d’Études Primaires (CEP). Le ministère de l’éducation nationale envoie les sujets de contrôle dans toutes les écoles pour que tous les élèves fassent les mêmes. Pour les 40 élèves de la dernière année, 33 ont eu la moyenne. Parmi ceux qui ne l’ont pas obtenue, certains se sont plaints des corrections de leur professeur qu’ils ont jugé un peu sévères… Sur les 379 élèves de l’école Union des Amis, 364 ont composé et 244 ont eu la moyenne (67%).

La moitié de la subvention promise pour 4 classes est arrivée en juin. Dans les écoles nationales, certains enseignants reçoivent parfois des chèques sans provision…

Comment compter sur un état aussi absent ?

La situation du pays

L’année 2015 a eu son lot de difficultés :

– le choléra est toujours présent et même en augmentation en 2015 par rapport à 2014. Cledner me parle de cas qui reviennent régulièrement. Tant que la population n’a pas accès à l’eau potable, le problème ne sera pas résolu. L’école continue d’assurer la prévention au niveau des élèves et des parents.

– la sécheresse sévit sur le pays depuis des mois. Cette année, les récoltes ont été faibles. Les parents auront du mal à financer les fournitures scolaires.

– la République Dominicaine a changé le droit des étrangers en supprimant le droit du sol. De nombreux Haïtiens sans papiers sont expulsés sans même pouvoir retourner chez eux, prévenir leur famille ou prendre leurs maigres biens. Certains ne parlent pas le créole et n’ont plus de liens en Haïti. Un plan de régularisation des étrangers a été mis en place pendant un an, mais le gouvernement haïtien n’a pas été en mesure de fournir les extraits de naissance de leurs ressortissants. Les expulsés sont donc devenus apatrides, et l’État haïtien vient de préciser qu’il refuserait d’accueillir les apatrides. Pour ceux qui veulent en savoir plus, je vous ai sélectionné un article du GARR (Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés), un autre de Libération.

Pour mieux comprendre les origines du racisme anti-haïtien en République Dominicaine, un autre article paru sur AlterPresse.

– la situation politique est toujours aussi chaotique. Le pays était en attente d’élections depuis 2011 : les députés et les 2/3 des sénateurs ont terminé leur mandat. Les élus locaux ayant également terminé leur mandat, les communes sont gérées par des responsables nommés par le Président Martelly. En vue de préparer ces élections, le président a décidé par décret en avril 2014 que, pour créer un parti politique, 20 personnes suffisaient, au lieu des 500 précédemment. Le nombre de partis a donc augmenté et les candidats se sont multipliés sans avoir de vrai programme politique.

Des élections ont été enfin organisées le 9 août dernier pour élire 118 députés et les 2/3 du sénat. Avec 166 partis représentés, les électeurs ne se sont pas mobilisés : 10% seulement à Port au Prince, 18% dans l’ensemble du pays. Le 2ème tour aura lieu le 25 octobre, en même temps que l’élection présidentielle (55 candidats !…) et les élections municipales. Vous trouverez le détail dans cet article qui décrit le fonctionnement du Conseil Electoral Provisoire, responsable de l’organisation de ces élections.

Les observateurs étrangers sont satisfaits de la tenue de ces élections, mais les observateurs des organisations haïtiennes de défense des droits de l’homme sont moins optimistes dans cet article d’AlterPresse.

Avec toutes ces informations négatives, pas de découragement là-bas. Ils comptent bien fêter les 25 ans de l’existence de l’école « Union des Amis ». Allez sur la page d’accueil pour en savoir plus. Bonne rentrée à tous, ici et là-bas.

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Juin 2015

La situation en Haïti est toujours un peu compliquée. Si vous voulez suivre les difficultés du pays à organiser les prochaines élections, vous trouverez les informations intéressantes, données par le site d’une agence de presse de référence : http://www.alterpresse.org/

Pour l’école, la difficulté principale vient de la subvention promise. Nous en avons déjà parlé dans nos précédents articles. Cette subvention a été très bénéfique : cette année, 40 élèves sont présents dans la classe du certificat au lieu de la vingtaine habituelle.
Mais comme en Haïti, rien n’est assuré, l’Etat a décidé de supprimer l’examen du certificat. Son objectif est que les élèves continuent leurs études jusqu’au brevet et remplir ainsi un cycle fondamental de 9 années (ça correspond pour nous au primaire et secondaire). Pour les enfants des familles aisées, qui vivent en ville, le certificat est certes inutile. Pour ceux des campagnes, dont les parents ont peu de moyens, la fin des études étaient matérialisée par ce diplôme.

Depuis cette année scolaire, l’Etat envoie en fin de trimestre des bilans à faire passer dans toutes les classes. C’est le résultat qui pourra servir aux élèves pour rentrer en secondaire.

Depuis plusieurs années, l’inspection académique insiste auprès de la directrice pour qu’elle ouvre des classes secondaires à l’école Union des Amis. Ce serait sûrement apprécié, mais avec quels moyens ?

Pour la subvention, l’école n’a toujours rien reçu. L’Inspecteur d’Académie avait averti l’école, 2 semaines après la rentrée, que les deux premières classes n’auraient pas de subvention. Mais il n’avait pas précisé que les autres classes seraient exclues également… La suppression devait se faire année après année, classe par classe.

Cledner me dit que pour les enseignants de l’école Union des Amis, ils se débrouillent, mais pour les écoles moins bien organisées, les maîtres n’ont reçu aucun salaire depuis septembre.

Vous comprendrez que nous ne pouvons combler ce manque, mais nous avons besoin de vous tous. Notre site n’est pas « équipé » pour que vous fassiez un don en ligne, mais vous pouvez envoyer un chèque à l’association. Les renseignements sont ici.

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15 janvier 2015

Je vous transcris la conversation téléphonique avec Cledner :

« Haïti est un pays « tête chargée » ! Beaucoup de leaders travaillent pour leur profit personnel. Le gouvernement ne travaille pas pour les besoins des gens.

L’école qui est là depuis 25 ans a permis à la zone de changer : les jeunes sont à l’aise entre eux, l’école leur a permis d’être plus conscientisés et réactifs à leurs problèmes, le nombre d’adultes alphabétisés a augmenté, … Grâce à l’association Timoun Lekòl, des actions ont pu être réalisées : prévention du choléra, formation agricole après des glissements de terrain. »

Les enfants ont « composé » en fin de trimestre : sur 371 inscrits, 5 absents, 200 ont eu leur moyenne, 166 ne l’ont pas eue. Pour Cledner, les enfants sont sensibles à leur environnement : la situation politique instable, la sécheresse du mois de septembre, suivie par de grosses pluies destructrices, les difficultés des parents,… Nombreux sont ceux qui ne peuvent rembourser à l’école les frais des fournitures scolaires des enfants non subventionnés.

Pour les adultes, la crainte est la suppression progressive de la subvention : cette année, 2 classes ont été rayées des bénéficiaires et il est facile d’imaginer que ça continue année après année, jusqu’à une suppression complète. L’avantage était pourtant visible : les effectifs du certificat 2015 sont montés à 40 alors que jusque là, ils étaient autour de 20.

Le courage est là. Les vœux pour 2015, c’est que la collaboration entre nous se poursuive malgré les difficultés. Dans le jardin qui attend la pluie pour donner ses fruits, les jardiniers sont à l’ouvrage. Nous ne pouvons pas ne pas leur envoyer nos gouttes d’eau. Merci à tous ceux qui nous le permettent.

Geneviève

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La subvention de l’école Union des Amis.

L’école reçoit une subvention depuis la rentrée 2008. Chaque année, une classe est dotée d’une subvention selon le nombre d’élèves inscrits dans l’âge normal. Les redoublants perdent la subvention. Les fournitures sont financées par l’État, ainsi que le salaire du professeur.

A chaque rentrée donc, la subvention suivait les élèves à condition qu’ils ne redoublent pas et restent dans l’école. Ce qui les a bien motivés. C’est en partie l’explication du nombre d’élèves dans la classe du certificat. Les autres années, ils sont entre 15 et 20, cette année, ils seront 40 à passer l’examen.

Malheureusement, 3 semaines après la rentrée, l’école apprend que la subvention ne sera pas reconduite pour les classes de 1ère année. Cledner m’a dit au téléphone que pour cette année, ils vont s’arranger, mais les parents n’auront pas tous les moyens de payer les fournitures scolaires. Il pense que la subvention va disparaître année après année. Il espère que les enfants entrés dans le cycle pourront le poursuivre juqu’à la fin des études primaires.

Les difficultés ne manquent jamais… Et à chaque fois, les enseignants, les parents font leur possible pour que leur école continue d’accueillir des enfants qui ne pourraient pas suivre une scolarité sans l’Union des Amis.

Merci d’avance pour ce que vous pourrez faire. Vous pouvez devenir membre de l’Association pour 2014 ou faire un don (avant fin décembre pour qu’il puisse être déduit de vos impôts 2014.

Pour cela, le formulaire est ici.

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La rentrée 2014

C’est toujours grâce au téléphone sur Internet que je peux appeler Cledner.

Les vacances sont terminées

Les vacances sont terminées

D’abord, il faut dire que la date officielle de la rentrée était le 8 septembre. Quasiment aucune école n’était ouverte. Depuis le tremblement de terre, la rentrée avait été reculée début octobre pour permettre aux parents d’avoir le temps de trouver le financement pour les frais. Comme deux années de suite, la rentrée avait été reculée au dernier moment, les parents ont attendu d’être sûrs que les enseignants seraient présents pour envoyer leurs enfants.

L’Union des Amis a commencé le 15 septembre, alors que les autres écoles du secteur ont attendu le 22. Du coup, les enfants sont arrivés au compte-goutte : 55 le lundi 15, 100 le mardi, 120 le mercredi… Les parents attendent d’être sûrs que l’école soit ouverte pour envoyer leurs enfants. La semaine du 22, il y en avait 261 le lundi et 282 le mardi. Ils sont arrivés à 350 le lundi suivant. Cledner pense qu’il y aura autant d’enfant que l’année précédente : environ 380.

L’école Union des Amis ne reçoit plus les enfants après un mois de fonctionnement de l’école. Certaines écoles les acceptent tout au long de l’année.

Pour la classe du certificat, ils sont déjà 38. Ils n’ont pas attendu pour rentrer. L’enjeu de l’examen à la fin de l’année peut-être. Il y en aura peut-être 42 en tout.

Pour les 25 ans de fonctionnement de l’école, l’année prochaine, Cledner aimerait faire une évaluation de ce qu’elle a apporté à la zone. Depuis son ouverture, le pourcentage d’illettrés a diminué. Cledner pense que 70% des jeunes savent lire et écrire, le même pourcentage qu’en ville.

Je lui parle aussi des activités de l’Association ici à Angers. Il en parle avec les enseignants et assure que les efforts que nous faisons, à travers les actions comme le couscous, leur donne du courage. Parce que si  nous qui sommes loin, nous faisons des efforts pour trouver la pluie qui arrose le jardin, pour eux, c’est leur devoir de faire au mieux, sans se décourager.

Geneviève Grevêche Leray

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Les résultats du certificat (août 2014)

L’école « Union des Amis » peut encore être fière des résultats : sur 25 élèves présentés (tous les inscrits de la classe), 23 ont eu leur Certificat de Fin d’Études Primaires.

Lors de notre passage, en mai, ils avaient fait un examen blanc. Pour voir les photos de ce moment, vous pouvez cliquer ici.

Ils s’efforcent de faire au mieux pour montrer leur reconnaissance envers l’Association Timoun Lekòl, c’est ce qu’ils me disent souvent. Ils nous encouragent ainsi à continuer notre action, tout comme notre soutien les encourage à faire tout ce qu’ils peuvent.

Bravo aux enseignants qui ont amené ces élèves à ce niveau et à Madame Judith Julmiste, leur professeur de 6ème année.

Lors de notre dernier entretien avec Cledner, il nous a parlé d’une recrudescence du choléra. Il y a déjà 3 ans que les agents de santé ont été dans les familles pour faire de la prévention en expliquant les précautions à prendre. Il faudrait pouvoir reprendre cette information. Pour le chikungunya, chacun fait avec. Les effets sont différents selon les personnes.

Pour ceux qui voudraient des informations plus détaillées sur Haïti, le site AlterPresse est très intéressant. millions d

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Le courrier des enfants (juillet 2014)

A l’occasion du voyage en Haïti,les enfants de l’école Notre-Dame de la Miséricorde ont fait du courrier. Geneviève a mis les dessins et les lettres dans des albums qu’elle a présentés à l’école Union des Amis.       Voir les photos

Pour voir les photos des 10 classes et leurs effectifs, c’est ici.

A leur tour, les enfants de l’école Union des Amis ont fait du courrier pour répondre au enfants d’Angers. Les plus petits ont fait des dessins, et les plus grands ont écrit avec l’aide de leurs maîtres. Vous trouverez ici les lettres scannées

La première, de la 3ème année est en créole. Vous la trouverez transcrite et traduite ici :  Classe de 3ème année A

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L’épidémie de chikungunya (juillet 2014)

Nous avons quitté l’école Union des Amis juste avant le début de l’épidémie de chikungunya. Si vous cliquez, vous trouverez un appel que j’avais préparé pour le dernier petit-déjeuner organisé à Angers.

Depuis, j’ai eu d’autres nouvelles en appelant Cledner lundi soir, 14 juillet 2014. Il a été atteint comme beaucoup d’autres. Nous avions laissé ce que nous pensions être une bonne provision de paracétamol, mais nous n’avions pas prévu l’épidémie. Le stock a vite été épuisé pour soulager la famille et les amis.

Cledner a participé à une rencontre avec les autorités locales et les représentants des 3 dispensaires avec lesquels il avait travaillé à l’occasion de l’épidémie de choléra. Il a été déçu par la participation de l’état qui a « donné » 300 comprimés de paracétamol, (vous avez bien lu 300 comprimés et non 300 boîtes) pour chaque dispensaire qui couvre une population de 15 à 17 000 personnes ! Encore une fois, on constate que l’État n’est pas présent pour soutenir la population dans ses épreuves…

Pour l’école, les 25 élèves du certificat ont passé l’épreuve, mais les résultats ne seront donnés qu’en août. Les autres classes ont « composé » : 232 sur 343 ont eu la moyenne. 14 étaient absents.

Malgré tout, le moral est bon. Tout le monde va profiter des vacances.

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Les fêtes de fin d’année à Duty

Dans les rues des petites villes de province que sont l’Anse à Foleur et Saint Louis du Nord, rien n’a marqué la date de Noël ni du 1er Janvier. C’était comme d’habitude.

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Des petits pains vendus au marché de Duty…
Ils n’ont pas toujours la même forme.
Ils sont faits artisanalement et parfois vendus par des marchandes ambulantes.

Seules, les marchandes ambulantes de pain étaient plus nombreuses que d’habitude. La majorité des enfants n’ont rien eu, ni un gâteau, ni un petit jouet. La population, vivant avec l’aide des membres de la famille immigrés aux Etats-Unis ou aux Bahamas, ne reçoit plus d’argent, ou beaucoup moins. La crise économique atteint ceux qui ont des situations précaires comme souvent les Haïtiens à l’étranger (1).

A l’école Union des Amis, 379 élèves étaient présents en cette fin du premier trimestre pour « composer ». 237 ont eu leur moyenne. 5 étaient absents, vraiment très peu d’absentéisme… Bravo à eux !

L’esprit de l’école, c’est le partage. En cette période où beaucoup d’enfants n’auraient rien, le comité des parents et des enseignants a décidé, avec l’appui du fondateur, Cledner, d’organiser une petite fête le 26 décembre. Tous les enfants étaient présents. Ils ont pu boire des « kola », la boisson traditionnelle locale, manger des gâteaux, des biscuits et des bonbons. C’est l’école qui a financé cette fête avec l’aide des parents « pâtissiers »… Cledner n’a pas voulu y participer pour laisser la place et montrer aux enseignants et aux parents qu’ils pouvaient l’organiser sans lui. Tous étaient heureux et la fête a été belle. Ce fut l’occasion de mettre en pratique ce sens du partage, avec tout son cœur. « L’éducation, ce n’est pas seulement apprendre à lire et à écrire, mais s’ouvrir aux autres, découvrir des valeurs et les mettre en pratique », me dit souvent Cledner.

La façon dont l’école a évolué dans la commune en fait un point fort. Beaucoup viennent demander conseil en cas de difficultés. D’autres écoles aimeraient pouvoir trouver un soutien comme celui de l’école Union des Amis en s’alliant à elle par exemple. Cledner comprend très bien que nos moyens sont limités et que nous ne pouvons pas nous engager davantage. Mais il est toujours là pour donner quelques conseils.

Pour finir, Cledner tient à faire savoir que notre soutien lui donne le courage nécessaire pour continuer dans ce pays décourageant…

Le 1er janvier 2014   Geneviève GREVÊCHE LERAY

(1) Les Haïtiens de l’étranger ont un rôle non négligeable dans l’économie de leur pays. Ils forment un 11ème département qui a même un ministère pour les représenter, le MHAVE, Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger.

La diaspora haïtienne contribue à hauteur de plus de 1.5 milliard de dollars l’an au développement d’Haïti avec ses transferts d’argent, selon un récent rapport de la BID.

Cependant, le département du Nord-Ouest qui vit en grande partie du support de la diaspora, n’aurait pas été pris en compte dans ce rapport. Ce qui implique que les débours des Haïtiens de l’étranger pourraient être évalués à 3 milliards de dollars et plus.

http://www.radiobalade.com/diaspora.htm

Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici :

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/01/15/015-Diaspora.shtml

Pour ce qui est de la situation économique du pays, voilà deux articles d’AlterPresse qui pourront vous éclairer.

Haiti-Bilan 2013 : Des grands bruits aux petits riens  P-au-P, 30 déc. 2013 [AlterPresse]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article15719#.UsRHjfvHuSo

Haïti-Bilan 2013 : Gestion peu rassurante de l’économie  P-au-P, 31 déc. 2013 [AlterPresse]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article15727#.UsRGR_vHuSo

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Les nouvelles de novembre 2013

J’ai pu avoir Cledner, le fondateur de l’école au téléphone.

IMG_3614 - Copie

Pour eux, ça va petit petit, comme il a l’habitude de le dire. Le pays a des problèmes avec la démocratie. La reconstruction après le tremblement de terre n’en finit pas et la corruption se développe en même temps que la violence, surtout dans les zones urbaines.

L’école n’a recommencé que le 2 octobre, et les inscriptions atteignent 379 élèves répartis dans 11 classes. La bonne nouvelle de cette rentrée, c’est le nombre d’élève en 6ème année fondamentale, l’année du certificat de fin d’études primaires : cette année, ils sont 25.

Fait à Angers le 15 novembre 2013

Geneviève Grevêche-Leray

Pour voir des photos de Duty : cliquer ici